L’interrogatoire de Rédoine Faïd sur son évasion de la prison de Réau (Seine-et-Marne) s’est poursuivi ce mardi.À cette occasion, le braqueur multirécidiviste et roi de la belle a révélé qu’il avait eu un téléphone dans sa cellule et des plans de la prison remis à son "gars sûr".
"Mon gars sûr", "un expert aérien", "des amis". Quand il s’agit de parler du commando qui lui a permis de s’évader de la prison de Réau, le 1er juillet 2018, Rédoine Faïd est peu prolixe.
Sur les "sept personnes" qui l’ont aidé dans ce projet dont l’idée a émergé début 2018 avant de se concrétiser six mois plus tard, l’accusé de 51 ans ne donne qu’un seul nom devant la cour d'assises, celui de son voisin de box, son frère Rachid Faïd, dont la présence n’a jamais été contestée.
Rédoine Faïd est, en revanche, bien plus disert ce mardi devant la cour d'assises de Paris sur certains accessoires qu’il a eus en sa possession avant l’évasion. Il évoque un téléphone portable dont il s’est largement servi pour mener à bien son projet et les plans de la prison de Réau.
"Échanges de bons procédés"
L'irruption de ce portable à l'audience est arrivé alors que la présidente interrogeait Rédoine Faïd sur les préparatifs de cette évasion. L'accusé lui répète qu'il peut compter sur ce "gars sûr", "ami de longue date", son "clone", le même que lui "dehors" et avec qui il "débat" souvent avec lui des modalités de son départ.
"Comment arriviez-vous à échanger avec votre gars sûr?", demande la magistrate intriguée alors que Rédoine Faïd est à l'isolement et que sa cellule est fouillée. "Bah j'avais un téléphone" répond le quinquagénaire, une pointe d'ironie dans la voix. "Comment l'avez-vous eu ?", poursuit la présidente. "Bah je l'ai eu. Et même s'il y a des brouilleurs à l'isolement, il y a toujours un endroit où, avec mon gars, on pouvait parler", livre-t-il simplement, soulignant qu'une évasion sans téléphone, ça n'était "pas possible".
"Mais vous ne croisiez personne. C'est donc quelqu'un de l'administration pénitentiaire qui vous a donné ce portable...", insiste la présidente qui veut à tout prix savoir comment ce mobile, que Rédoine Faïd a changé à plusieurs reprises selon lui, est entré dans la prison. L'accusé ne répond pas mais assure qu'il n'a jamais eu recours à ces drones que l'on a pu voir au-dessus de Réau notamment en février 2018, avant l'évasion. "J'imagine que vous rémunérez la personne pour ce portable", tente la présidente. "Échange de bons procédés", répond l'accusé sans vouloir en dire plus à ce sujet.
"Une personne du personnel pénitentiaire ?"
Si l'un des détenus les plus surveillés de France - après son évasion à l'explosif et prise d'otages en 2013 notamment - est parvenu à avoir un portable malgré son isolement, les fouilles, et les surveillances, a-t-il pu avoir d'autres accessoires dans sa cellule ? "Oui", révèle-t-il, et pas des moindres. Ainsi, quand l'assesseure lui demande s'il a eu des plans de la prison en amont, l'accusé répond par l'affirmative. "Le tuyau qu'on a sur la porte de service met à disposition de mon gars tout le plan de la prison de Réau", développe-t-il évoquant cette personne qui lui a donné des indications sur l'accès au parloir depuis l'extérieur.
"On comprend que c'est une personne du personnel pénitentiaire", déduit l'assesseure. "Je ne peux rien vous dire. Vous comprenez ce que vous voulez", conclut l'accusé.
Cette personne, qui a remis à l'un des détenus les plus surveillés de France son téléphone, le "tuyau" et les plans de la prison est-elle la même ? Fait-elle partie de l'administration pénitentiaire ? La cour n'aura probablement pas de réponse à cette question.
À l'audience lundi, Rédoine Faïd avait déclaré : "Les gars sûrs, ils ne sont pas dans le box aujourd'hui. C'est pour ça que je prends toujours le tarif le plus cher. Moi, je ne balance pas".