ENFER CONJUGAL - Battue, violée et forcée à se prostituer par son mari, Valérie Bacot l'a tué en 2016, après 24 ans de calvaire. Alors que son procès se déroule en ce moment devant la Cour d'assises de Saône-et-Loire, Valérie Bacot accuse sa mère d'être "complice de viol par omission". Elle était à la barre mercredi.
Vêtue d'une veste noire et d'une écharpe ocre, Valérie Bacot est arrivée entourée de ses proches mercredi à la Cour d'assises de Saône-et-Loire pour le troisième jour de son procès. Accusée d'avoir assassiné d'une balle dans la nuque, son mari Daniel Polette, le 13 mars 2016, elle risque la perpétuité.
Si elle est la seule accusée dans ce procès, ses proches étaient entendus aujourd'hui pour tenter de déterminer leur part de responsabilité dans l'enfer qu'a vécu Valérie Bacot pendant 24 ans. Notamment sa mère, Joëlle Aubague, ancienne compagne de Daniel Polette, dont le témoignage était très attendu.
- Vous en vouliez à Daniel Polette? - Oui, et je lui en veux toujours . - Alors comment accepter qu'elle puisse le voir en détention. C'est VOUS qui l'emmenez, madame. Elle avait quel âge? Et vous, vous aviez quel âge? Comment avez vous pu emmener cette enfant chez son bourreau? — Thibault Malandrin (@tibomalandrin) June 23, 2021
Vous étiez sa mère !
Maitre Tomasini
En 1995, Daniel Polette, amant de Joëlle Aubague, est condamné pour avoir agressé sexuellement Valérie Bacot, qui avait alors 12-13 ans. Mais Joëlle Aubague ne coupe pas les ponts et va le voir régulièrement au parloir, parfois même accompagnée de sa fille. Un point soulevé par l'avocat de Valérie Bacot, Maître Tomasini, lors de l'audience de mercredi.
"En vouliez-vous à Daniel Polette ?", demande l'avocate à Joëlle Aubague. "Oui et je lui en veux toujours", dit-elle. "Alors comment accepter qu'elle puisse le voir en détention ? C'est vous qui l'emmenez madame, comment avez-vous pu emmener cette enfant chez son bourreau, même en prison ?" Ce à quoi la mère répond que sa fille "faisait ses kilomètres de conduite accompagnée pour [l']emmener le voir."
Elle est interrogée sur le fait que Valérie venait avec elle au parloir voir Daniel Polette en prison. - elle faisait ses kilomètres de conduite accompagnée pour m'emmener le voir. Et elle faisait ses devoirs à côté. - Reconnaissez que c'est quand même particulier, Madame. - Oui — Thibault Malandrin (@tibomalandrin) June 23, 2021
Autre point mis en avant par Maître Tomasini, le retour de Daniel Polette au domicile familial après avoir purgé sa peine en décembre 1997. "J'ai été naïve. On donne une deuxième chance. Oui, ce n'était peut-être pas normal", tente de se justifier la mère à la barre, assurant avoir "découvert" le viol de sa fille par son compagnon "quand les gendarmes ont débarqué un matin". "J'étais atterrée".
Mais "vous étiez sa mère !", répond vivement, l'avocate de Valérie Bacot. Joëlle Aubague reste sans mot quand l'avocate lui annoncera que sa fille vient de déposer plainte contre elle pour "complicité de viol par omission". De son côté, les avocates de Valérie Bacot, qui sont également celles qui avaient défendu Jacqueline Sauvage, ont assigné l'État en justice pour faute lourde, accusant notamment les autorités de n'avoir pas pris en compte des signalements de violences et d'avoir laissé Daniel Polette rejoindre le domicile conjugal.
Sur le retour au domicile familial de Daniel Polette, une fois purgée la peine de prison: - On voulait lui donner une deuxième chance. #Bacot — Thibault Malandrin (@tibomalandrin) June 23, 2021
"C'était un monstre"
"Je voudrais bien pouvoir faire marche arrière", lâche la mère, concédant ne pas avoir été "parfaite" mais assurant n'avoir jamais chassé sa fille du domicile familial quand elle est tombée enceinte, peu de temps après le retour de Daniel Polette.
Elle affirme aussi à la présidente de la cour, Céline Therme, qui lui demande comment on pourrait qualifier la relation entre Valérie Bacot et son violeur, qu'elle pense qu'elle était "amoureuse" de son bourreau.
Au cours de l'après-midi, les jurés ont entendu de nombreux témoignages de proches de Daniel Polette, le dépeignant comme un être ignoble. "Il faut que les gens comprennent ce qu'il était, un fou. Je vous assure, c'est pas à moi qu'il manque, d'ailleurs je crois qu'il ne manque à personne", assène sa sœur Mireille Polette devant les caméras de TF1.
Son frère Alain le décrit lui comme "un monstre", "c'était un monstre, c'était quelqu'un d'inhumain, un détraqué, c'est quelqu'un que je ne souhaite jamais d'avoir dans sa famille", avant d'ajouter, "ce n'est pas lui la victime, c'est elle. Elle ne mérite que la liberté", ajoute Alain Polette. Le jury devra se prononcer ce vendredi.
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