JUSTICE - Deuxième accusé du "procès Dekhar", Sébastien L., 36 ans, placé sous contrôle judiciaire depuis 2013 comparait pour "destruction de preuves" et "recel de malfaiteurs". Il a été interrogé ce jeudi matin sur les faits.
Le trentenaire sous contrôle judiciaire avait été peu été entendu jusqu’à présent . Mais ce jeudi matin, Sébastien L. 36 ans, costume sombre, chemise, cheveux grisonnants, est resté longuement à la barre.
Ce jour, celui qui est jugé "destruction de preuves" et "recel de malfaiteur", a parlé de sa relation avec Abdelhakim Dekhar, qui comparait lui pour tentatives d’assassinats, enlèvement et séquestration, et surtout, de la façon dont il s’était retrouvé "embarqué dans cette histoire".
" Mettre fin à ses jours, c’était une solution"
Sébastien L. et Abdelhakim Dekhar s’étaient rencontrés en Angleterre, quand le"troisième homme" de l’affaire Rey-Maupin était parti y vivre après sa condamnation dans cette affaire, en 1998. Sébastien L. est resté peu de temps Outre-Manche, Abdelhakim Dekhar lui a regagné la France à l’été 2013.
Jusqu’aux faits commis, trois mois plus tard dans les locaux de BFM-TV, Libération puis à La Défense, les deux hommes ont continué à se voir et à échanger. Sébastien L. est d’ailleurs le parrain d’un des fils de Dekhar.
Puis à l’automne 2013, Abdelhakim Dekhar vient voir son ami. Il lui dit que ça ne va pas, lui parle des problèmes avec son ex-femme, du fait qu’il ne voit plus ses enfants, et lui indique qu’il veut mettre fin à ses jours.
Sébastien L. devait alors partir en vacances, ce qu’il fait, laissant les clés de son appartement à cet homme de 16 ans son aîné. "Moi je ne savais pas quoi faire pour lui. Mettre fin à ses jours, c’était une solution. J’avais compris qu’il mettrait fin à ses jours quand je ne serais pas là. Quand je reviens, je vois les clés posées dans l’appartement. Je me suis dit ça y est, il l’a fait", explique le trentenaire à la cour.
Le fusil démonté dans la cuisine
Il poursuit : "Puis le 18 novembre, ça frappe à ma porte et je le vois. J’étais surpris mais content. Il n'était pas mort. Là tout de suite il me fait ‘chut’, il me dit de reculer. Il me fait comprendre qu’il faut que je m’assoie. Il a l’air agité, il prend des sacs dans le coffre des vêtements, il prend le fusil et commence à le démonter dans ma cuisine".
Abdelhakim Dekhar dit ensuite à Sébastien :" Viens on va faire un tour". "On monte tous les deux sur le scooter. Il me dit : 'Roule !’, il me demande de m’arrêter. Il jette des sacs dans les poubelles. Je ne sais pas vraiment ce qu’il y a dedans. Puis, il me raconte ce qu’il a fait : qu’il est allé à BFM, à Libé, à la Société Générale, qu’il est monté dans une voiture avec quelqu’un…".
Sébastien confie alors que la seule chose qu’il voulait ce soir-là c’est "ne plus le voir". Il lui donne de l’argent, le met dans un taxi. Dekhar disparait.
Son ami "à la télé"
"Tout ce qu’il s’est passé ce soir-là je ne sais pas quoi en penser. C’est le lendemain (le 19 novembre) en regardant la télé. Je tombe des nues, J’ai un choc en voyant sa tête, en voyant quelqu’un que je connais qui est appelé 'ennemi public numéro 1'", dit Sébastien.
"Le soir même, vers 19 heures, Dekhar revient chez moi, il n’est pas dans son état normal. Là je suis assez tendu. Il n’avait rien à faire là. Je lui demande de partir, je ne veux même pas entendre ce qu’il a à me dire", continue l’accusé. Sébastien donne de l’argent à Dekhar qui lui en a demandé. Puis Dekhar repart… avant de revenir encore une fois à 1 heure du matin chez son copain. Il lui dit qu’il veut se suicider, lui demande de l’aider.
"On se serre la main et puis voilà"
"Je ne sais pas quoi faire avec ce mec qui vient chez moi, ce mec il s’impose à moi. Pourquoi il n’arrête pas de venir chez moi je ne sais pas ? Je ne veux plus le voir", raconte l'accusé. Sébastien décide de l’emmener à un endroit où dorment des "clochards" pour qu'il se suicide. Dekhar lui dit qu’il "a de la dignité", et lui parle de la "voiture de sa sœur".
"Je ne le veux pas chez moi, je prends mon scooter, je l’emmène dans la voiture de ma sœur. J’ouvre la porte, je le mets sur la banquette arrière. On se serre la main et puis voilà", continue Sébastien qui repart avec les clés de la voiture. Il précise qu'Abdelhakim Dekhar lui a demandé de revenir le lendemain, de le déposer sur la voie publique et d’appeler le Samu.
"Le lendemain j’étais complètement paniqué, je n’ai rien fait de la journée. Je n’ai fait que ressasser. J’ai pensé avant à aller voir la police. Dekhar est un ami, quelqu’un que je connais. Moi j’ai jamais été dans un commissariat. Au bout d’un moment je me dis de toute façon il n’y a pas d’autre issue. Je suis allé voir la police, j’ai dit où il était. Puis après tout s’enchaine", poursuit-il.
"Je ne l’ai jamais vu violent"
Maintes fois à l’audience Sébastien L. a répété qu’il s’était retrouvé "embarqué " dans cette affaire. "Moi je ne suis pas un délinquant. Jamais je ne franchirais la ligne rouge ni pour lui ni pour personne et je me retrouve à chaque fois au pied du mur dans cette histoire".
Il savait que Dekhar lui avait raconté des mensonges depuis leur rencontre mais il ne connaissait pas cette facette. "Je ne l’imaginais pas pourvoir utiliser des armes. Je ne l’ai jamais vu violent. J’ai appris des choses cette semaine", reconnaît-il.
Quand le président lui demande ce qu’il a fait juste après déposer Dekhar dans la voiture où il était censé mourir, Sébastien L. répond qu’il est parti se coucher. Sébastien L. n’est pas poursuivi pour non-assistance en danger. Pour les faits qui lui sont reprochés, il encourt une peine de trois ans d’emprisonnement.
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