JUSTICE – Le procès d’Abdelhakim Dekhar, poursuivi pour tentatives d’assassinat pour des faits commis en 2013 dans les locaux de BFMTV et de "Libération", à Paris, puis devant la Société Générale à La Défense, s’est ouvert ce vendredi devant la cour d’assises de Paris. L’accusé, aujourd’hui âgé de 52 ans, a dit avoir agi par "désespoir" après une succession de malheurs et précise avoir voulu "scénariser sa mort".
A l’époque de l’appel à témoins, diffusé le 18 novembre 2013, le tireur parisien alors recherché avait été comparé physiquement à un animateur télé disparu un an plus tôt. Ce vendredi, en le voyant dans le box de la cour d’assises de Paris, c’est avec Léo Ferré, le professeur Tournesol ou encore Laurent Voulzy que le public a vu des ressemblances.
Lunettes rondes sur le nez, cheveux ondulés poivre et sel, crâne dégarni, gilet torsadé gris clair épais et chemise blanche, Abdelhakim Dekhar fait très sérieux. Déjà condamné en 1998 dans l’affaire Audry Maupin – Florence Rey, il n’avait plus fait parler de lui jusqu’à l’automne 2013.
Agé aujourd’hui de 52 ans, Abdelhakim Dekhar est poursuivi pour tentatives d’assassinat commises en novembre 2013. Il lui est reproché d‘avoir menacé, le 15 novembre 2013, des journalistes et un agent de sécurité de BFMTV avec un fusil à pompe, blessé grièvement le 18 novembre un photographe dans les locaux de Libération et tiré le même jour devant la tour de la Société Générale à La Défense.
Ce vendredi, au premier jour de son procès et alors qu’il encourt la réclusion criminelle à perpétuité, Abdelhakim Dekhar est revenu sur son "combat politique" et la succession de malheurs qui l’auraient poussé à commettre les faits qui lui sont aujourd’hui reprochés.
"Origine familiale" et "répression coloniale"
Pas avare en mots, l'accusé s’exprime souvent avec les mains, fixant le sol comme pour recentrer parfois des idées confuses. II explique d'abord que son nom a été donné à ses aînés "par l'administration coloniale en 1870" en Algérie, que sa famille a été “spoliée”, et “prolétarisée” par la colonisation française.
Lui est né en Lorraine en 1965 et a grandi aux côtés de parents "très marqués à gauche et engagés politiquement", au milieu de la crise sidérurgique. "J’ai essayé d'échapper au déterminisme social et historique qui nous été imposé", dit Abdelhakim Dekhar.
Du "combat politique" au "désespoir"
Puis l'accusé est interrogé sur les mobiles qui l’ont poussé à commettre les faits en 2013. Après son interpellation et après avoir refusé dans un premier temps de parler, Abdelhakim Dekhar avait finalement évoqué un "combat politique". Ce vendredi, devant la cour, il dit avoir tenu à l’époque ces propos parce qu'il était affaibli par une grève de la faim pour protester contre ses conditions de détention.
Les avocats de la partie civile rappellent alors à Abdelkader Dekhar cette lettre de 2008 où il appelait à "combattre les ‘journalopes’ où qu'ils soient". "J'ai été formé avec Libération, journal de gauche, qui défendait la cause du peuple. En voyant Libération se faire le chantre du néo-libéralisme, (...) j'étais choqué, perturbé".
Puis l'accusé ajoute : "Il faut dissocier la personne que je suis, 35 ans de militantisme, et les faits qui me sont reprochés”. "J'ai confondu mon désespoir avec ma pensée politique". Il évoque ensuite la succession de malheurs qui l'auraient poussé à bout : la séparation d’avec sa femme, le fait de ne plus voir ses enfants, la crise immobilière et le décès de son frère qu’il a vu "agoniser à l’hôpital"...
"J’ai voulu scénariser ma mort"
“Je nai voulu à aucun moment m'en prendre à la personne humaine, assure ensuite l'accusé. Je voulais m‘en prendre à la structure. Mon but à moi, c’était le suicide, je ne voulais pas mourir incognito. A l’époque, les gens s’immolaient devant Pôle Emploi. J'ai voulu scénariser ma mort".
Abdelhakim Dekhar affirme qu’il voulait être abattu par la police. Aujourd’hui il n’est pas mort, il est dans le box des accusés. César S., le photographe de Libération qui a été blessé au thorax a, lui, failli mourir.
"Et César S. vous considérez qu’il a subi une injustice ?", demande Me Soussen, avocat du photographe à l’accusé. "Une tragédie a eu lieu. Je ne l'ai pas souhaitée. César S. a subi une grave injustice", répond Abdelhakim Dekhar. "J'ai commis quelque chose d’irréparable", reconnait l’accusé.
Le procès d'Abdelhakim Dekhar se poursuit jusqu'au 24 novembre. Sébastien L., qui avait hébergé Dekhar en 2013 avant de le dénoncer à la police, est jugé à ses côtés pour recel de malfaiteur et destruction de preuves. Aujourd'hui sous contrôle judiciaire et employé comme contrôleur de gestion, cet homme de 36 ans comparaît libre. Il encourt trois ans de réclusion.
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