Procès des attentats de janvier 2015 : "Ici, rue Nicolas Appert, on n'oubliera jamais"

Publié le 2 septembre 2020 à 11h28, mis à jour le 2 septembre 2020 à 11h34
Procès des attentats de janvier 2015 : "Ici, rue Nicolas Appert, on n'oubliera jamais"

REPORTAGE – Alors que doit débuter ce mercredi 2 septembre le procès des attentats de janvier 2015, LCI s'est rendu rue Nicolas Appert, dans le 11e arrondissement de Paris, où se trouvaient à l'époque les locaux de Charlie Hebdo. Ici, les habitants sont marqués à jamais.

"Ah bon, le procès Charlie c'est mercredi prochain ? Je ne le savais même pas. J'ai rien vu à la télé". A quelques jours de l'ouverture du procès des attentats de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l'Hyper Cacher au tribunal judiciaire de Paris, Josiane, 65 ans, comme beaucoup d'habitants domiciliés près de la rue Nicolas Appert, ignore tout de l'événement. 

Pourtant, elle comme la plupart des personnes croisées aux abords du numéro 10 de cette rue du 11e arrondissement de Paris, où travaillait la rédaction du journal satirique quand les frères Chérif et Saïd Kouachi sont venus "venger le prophète", sont loin d'avoir oublié ce qu'il s'est passé ce 7 janvier 2015, peu après 11h30. "J'ai entendu les coups de feu de chez moi, j'ai cru à un règlement de compte, une affaire de stupéfiants, quelque chose comme ça, mais je n'avais jamais pensé à des attentats, avec des morts, en pleine journée, confie Thomas, quadragénaire qui vit à quelques mètres des lieux du drame. Ce bruit-là m'a marqué à vie". 

"Déménager ? Jamais !"

Christine, 50 ans, a emménagé dans le quartier juste avant les attentats. Elle était elle aussi chez elle quand les terroristes ont tiré à la Kalachnikov dans la rue et dans les locaux du journal. "Ici, rue Nicolas Appert, allée Verte, et dans toutes les rues avoisinantes, on n'oubliera jamais. Au début, je me suis dit que je pouvais pas rester habiter là, que c'était trop horrible. Puis finalement, j'ai décidé que déménager, jamais ! Je me suis remise, avec le temps. Je ne voulais pas donner raison aux terroristes". 

Bruno, lui, a vu un post sur Facebook évoquant la tenue du procès historique des attentats. "Je vais suivre l'audience autant que je peux, à distance, si les médias couvrent. Les Kouachi, Coulibaly ne sont plus là, mais leurs complices vont être jugés. Il faut que ces personnes soient punies pour leurs actes. Elles ont fait trop de mal". 

Des fresques à l'épreuve du temps

Certains participent chaque année à l'hommage rendu aux victimes. "Nous leur devons au moins ça. On ne peut pas faire grand chose de plus, c'est trop tard", soupire Hervé, riverain. 

Emilie, elle, passe tous les jours devant les fresques et devant la plaque en hommage aux victimes. "C'est sûr, en janvier 2015, il y a avait beaucoup plus de choses : des mots, des fleurs, des objets comme des stylos, en hommage aux dessinateurs et journalistes. Maintenant, aux murs, il ne reste pas grand chose. Mais certains dessins ont résisté à l'épreuve du temps, c'est important. Voir la tête de Wolinski ou Cabu, ça me fait du bien". La jeune femme suivra elle aussi le procès autant qu'elle le pourra. "Si je peux, j'irai au tribunal, au moins une journée", glisse-t-elle. 


Aurélie SARROT

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