Procès des attentats de janvier 2015 : "Je ne peux pas demander pardon pour une chose que je n'ai pas faite"

Publié le 14 décembre 2020 à 22h51
Procès des attentats de janvier 2015 : "Je ne peux pas demander pardon pour une chose que je n'ai pas faite"

Source : Benoit PEYRUCQ / AFP

JUSTICE – Les accusés ont pris la parole une dernière fois ce lundi avant que la cour ne se retire pour délibérer.

Après près de trois mois d'audience, après des incidents, des coups de gueule, des insultes, et même une expulsion, il a répété inlassablement les mêmes mots, avec la même colère dans la voix : "J'ai rien à voir avec cette histoire-là."

Alors que les accusés avaient une dernière fois la parole ce lundi au procès des attentats de janvier 2015, Ali Riza Polat contre qui le parquet a requis la réclusion criminelle a perpétuité pour "complicité" des crimes commis par les frères Saïd et Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly, a clamé une dernière fois son innocence. 

"J'ai pas donné une arme, j'ai pas donné une balle. On m'a reproché de me défendre mieux qu'un avocat. C'est normal c'est ma vie.  Je ne peux pas demander pardon pour une chose que je n'ai pas faite. J'ai vraiment pas fait tout ce que vous dites. Ces armes là si je les avais eues, je les aurais gardées pour moi. Je l'ai dit", a lancé le Franco-Turc âgé de 35 ans debout dans le box.  

"J'ai jamais eu aussi peur"

Nezar Mickaël Pastor Alwatik, ancien codétenu d'Amedy Coulibaly a affirmé pour sa part n'avoir "jamais eu aussi peur de ma vie dans la justice de mon pays". "Il faut me croire quand je vous dis que je n'ai rien à voir avec ça, j'ai vraiment rien à voir avec ça" a dit cet homme de 35 ans contre qui le parquet a requis vingt ans de réclusion criminelle.  

Saluant une partie civile, dont il a tu le nom, qui ne s'est "pas trompée sur (lui)", Miguel Martinez, à l'encontre duquel le parquet a requis 15 ans de réclusion a déclaré à la cour: "Je ne vous cache pas que je suis inquiet, car aujourd'hui c'est vous qui avez le reste de ma vie entre vos mains. je vous ai demandé de ne pas juger le mauvais homme. Je ne suis pas terroriste. J'ai jamais été un sympathisant et j'ai jamais été informé de quoi que ce soit."

"Moi ça fait six ans que je suis incarcéré, six ans qu'il y a que des hypothèses. J'ai confiance en la justice française. Mais j'ai peur que ce soit le côté politique qui l'emporte. Et ça, ça me fait vraiment, vraiment peur", a insisté Saïd Maklhouf. À l'encontre de cet ex-ambulancier, mis en cause pour la recherche d'armes, 13 ans de réclusion ont été demandés, sans période de sûreté, "au vu de son ancrage professionnel" et du fait qu'il n'avait jamais été incarcéré avant les attentats.

"Je regrette infiniment d'être dans ce dossier"

"Depuis que le procès a commencé, j'ai vu des images choquantes et des témoignages bouleversants. Je regrette infiniment d'être dans ce dossier, j'ai vraiment honte, a déclaré Christophe Raumel, seul accusé à comparaitre libre et pour qui la qualification terroriste a été abandonnée. Je pense souvent aux victimes et mon dernier mot c'est pour les familles des défunts."

 "J'ai commis des délits, je les ai reconnus mais j'étais loin de supposer que ça allait m'amener ici", a admis Michel Catino, le plus âgé des accusés. Je suis ici dans une histoire que j'ai rien à voir. Je vous demande que vous me condamniez pour les délits que j'ai fait et pas pour ceux que j'ai pas fait"

Les autres accusés présents à l'audience soupçonnés de soutien logistique à Amedy Coulibaly et pour certains aux frères Kouachi, ont également redit leur "innocence", se défendant d'être des "terroristes", et adressé comme derniers mots des messages de "compassion" et de "tristesse" aux proches des victimes. 

La cour s'est retirée en fin d'après-midi pour délibérer. Le verdict est attendu mercredi après-midi à 16h.


La rédaction de TF1info

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