Le procès hors normes des attentats de janvier 2015

Procès des attentats de janvier 2015 : "Je ne suis pas un criminel", clame Peter Cherif

Publié le 23 octobre 2020 à 22h50
JT Perso

Source : JT 20h WE

JUSTICE - Considéré comme le possible commanditaire des attaques de Charlie Hebdo, de Montrouge et de l'Hyper Cacher, Peter Cherif a été entendu ce vendredi par la cour. Entre une sourate en arabe et un silence par la suite pesant, il indique n'avoir rien à voir avec les attentats.

Son audition était très attendue. Elle a d'abord été reportée, puis le témoin a fait savoir qu'il refusait la visio. Ce vendredi, le détenu a été conduit de force devant la caméra qui le filme depuis la maison d'arrêt de Fresnes. C'est là que Peter Cherif, après avoir été arrêté en décembre 2018 à Djibouti avec sa femme et leurs deux enfants, y avait été placé en détention provisoire dans l'attente de son procès pour association de malfaiteurs terroristes.

Depuis cette petite pièce de la prison où il a été conduit, le détenu récite en premier lieu Al-Fatiha, la sourate d'ouverture du Coran, avant de se lancer dans une logorrhée en français. "Au nom d'Allah le miséricordieux. Que sur le prophète Muhammad soit la meilleure de bénédiction et la meilleure des prières. Au nom de Dieu, les cléments et les miséricordieux, le seul témoignage que je vous apporterai aujourd'hui, c'est celui de l'unité de Dieu, d'Abraham, de Moïse, de Jésus et du prophète Muhammad." 

Il enchaîne : "Dieu est une réalité et c'est un processus de pensée basé sur du pragmatisme, sur une réflexion scientifique de la réalité de Dieu. Tenir ce genre de discours, c'est passer pour une personne une faible d'esprit, comme on veut nous le faire croire dans les médias, mais non, c'est une pensée réfléchie."

"Je n'ai pas cette attitude dans le but de provoquer"

Assis sur sa chaise face à un micro posé sur une grande table, vêtu d'un sweat-shirt, le trentenaire présenté comme un possible commanditaire des attentats déclare ensuite : "On m’a forcé à venir ici pour une affaire pour laquelle je n’ai rien à voir." Puis il répète qu'il ne répondra "à aucune question".

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"Je n'ai pas cette attitude dans le but de provoquer, de choquer", affirme Peter Cherif. "Je ne suis pas un criminel. Je n'appelle pas au crime mais j'appelle tous les hommes à ouvrir les yeux et à réfléchir sur le message qui nous a été envoyé par l'intermédiaire du prophète Muhammad. J'appelle tous les hommes à réfléchir sur les questions essentielles de la présence de l'homme sur terre. C'est la seule chose que je dirai aujourd'hui et je ne répondrai plus aux questions." 

"Les accusés aussi attendent des réponses"

Le président Régis de Jorna tente tout de même d'obtenir des éléments de cet homme qui a sans doute eu un rôle dans les tueries. Il lui parle des frères Kouachi, notamment Peter dont il était "très proche". Il lui rappelle qu'au juge d'instruction il avait déclaré que "les choses n'auraient pas dû en arriver là". Les interrogations restent sans réponse. Peter Cherif ne regarde pas la caméra, et lit le livre ou le cahier qu'il a entre les mains. 

"Si vous ne voulez pas répondre, c'est votre droit le plus strict, néanmoins c'est aussi le droit de chacun de vous poser des questions. Les accusés aussi, auxquels on demande des comptes, attendent des réponses", rappelle le président. 

Me Casubulo Ferro, avocat de la partie civile, essaie à son tour de questionner le détenu : "Vous connaissez Dammartin-en-Goële ? C'est là que les frères Kouachi ont trouvé la mort. C'est là qu'en 2011, vous avez passé trois mois dans l'autoécole qui jouxte l'imprimerie de Michel Catalano." Aucune réaction. 

Les autres avocats, comme le parquet, renoncent finalement à interroger Peter Cherif. La cour décide de mettre fin à son audition. Quelques minutes plus tard, devant la salle d'audience, plusieurs avocats de la partie civile ont confié ne pas être étonnés par son comportement ce jour. Tous s'y attendaient...


Aurélie SARROT

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