Procès des attentats de janvier 2015 : le principal accusé toujours malade, pas d'audience avant le 23 novembre

Publié le 16 novembre 2020 à 12h30

Source : JT 13h Semaine

JUSTICE – Suspendu depuis le vendredi 30 octobre après que plusieurs cas de Covid-19 ont été enregistrés parmi les accusés, le procès des attentats de janvier 2015 n'a repris que quelques minutes ce lundi. Le principal accusé, Ali Riza Polat est en effet toujours malade.

L'information était connue dès dimanche soir par certains avocats de Martinique qui ont été avertis à temps pour ne pas prendre l'avion jusqu'à la métropole mais devait rester confidentielle jusqu'à ce lundi matin. Le procès des attentats de janvier 2015, suspendu depuis le vendredi 30 octobre suite à trois cas de Covid-19 parmi les accusés et qui devait reprendre ce lundi matin, a été de nouveau suspendu pour au moins une semaine. 

"Le principal accusé, Ali Riza Polat, est absent à l'audience ce lundi. Son état de santé n'a pas permis sa venue dans le box", a indiqué le président de la cour d'assises spéciale Régis de Jorna, à la reprise à 9h30. Une nouvelle expertise médicale sera réalisée dans la semaine pour voir si ce dernier pourra comparaître lundi prochain. 

"Troubles digestifs" et "examen médical"

Ali Riza Polat, jugé pour "complicité" de crimes terroristes, avait été testé une première fois négatif au Covid-19 le mercredi  28 octobre après s'être senti mal à l'audience. Trois jours plus tard,  le samedi 31 octobre, son test s'était révélé positif, entraînant une première suspension de l'audience, suspension prolongée à plusieurs reprises. Le 12 novembre, Ali Riza Polat avait refusé de se soumettre à une première expertise médicale, et le président de la cour d'assises avait annoncé vendredi la reprise de l'audience, "aucune contre-indication médicale ou sanitaire ne s'y opposant plus désormais". 

Toujours placé à l'isolement sanitaire à la maison d'arrêt de la Santé, Ali Riza Polat a finalement fait l'objet d'une expertise médicale samedi dernier, 14 novembre. "L'expert a estimé que les troubles digestifs qu'il présente actuellement ne sont pas compatibles avec sa présence à l'audience, a détaillé Régis de Jorna ce lundi matin. En raison des conclusions de cette expertise, il a été décidé de ne pas extraire Ali Riza Polat".  

Deux autres accusés, Saïd Makhlouf et Metin Karasular, avaient eux-aussi été testés positifs au Covid-19 le week-end du 31er 1er novembre mais ne présentent plus aucun symptôme aujourd'hui. Les autres accusés étaient eux négatifs. 

Les avocats de la défense agacés et inquiets

Au-delà de l'état de santé du principal accusé, pour les avocats de la défense, les conditions de ce procès sont devenues insupportables pour leur clients, exténués par les horaires et affaiblis pour certains par la maladie. 

Me Christian Saint-Palais, avocat de la défense, a ainsi indiqué que son client, Amar Ramdani, avait été malade ce jour lors de son transfert vers le tribunal. "Il a vomi trois fois dans le fourgon et je demande qu'une expertise médicale soit faite" a-t-il dit au président. 

Me David Apelbaum, avocat d'Abdelaziz Abbad a lui aussi dénoncé la situation subie par les accusés depuis plus de deux mois, avec des extractions très tôt le matin et des retours parfois très tard en cellule. "Le traitement d'angoisse auxquels sont soumis les accusés devient insupportable" a-t-il insisté se disant étonné que ces derniers gardent leur calme face à de telles conditions. 

Me Safya Akorri, qui défend Mohamed Fares, a elle demandé à ce que tous les accusés soient testés avant une éventuelle reprise de l'audience. "Ma seule et unique préoccupation c'est la santé de mon client et du reste des accusés ici présents. Les accusés ont été contaminés sous main de justice. C'est dans le cadre de ce procès que leur santé a été mise en danger. Les escortes sont mises en danger également. La moindre des choses, c'est de s'assurer que tout le monde soit testé".

"Si les vrais responsables étaient dans le box..."

Me Isabelle Coutant-Peyre, l'avocate d'Ali Riza Polat, interrogée après l'audience a fait savoir que le procès ne reprendrait pas si son client ne va pas mieux. "Mon client subit des conséquences terribles de cette infection prévisible pour les prisonniers compte tenu du régime inhumain que ce procès d'une durée anormale leur a fait subir et d'une spécificité génétiques le mettant en danger de mort avec le Covid19", a-t-elle déclaré. Et d'ajouter : "Si les vrais responsables étaient dans le box, la santé de mon client n'aurait pas été mise en péril aujourd'hui".

"Nous sommes dans un fonctionnement chaotique depuis plusieurs jours. Nous sommes soumis à cette nouvelle suspension. Nous espérons que lundi prochain nous pourrons être ici dans la salle d'audience pour poursuivre nos plaidoiries. Nous espérons que l'état de santé des accusés nous permettront de reprendre le cours normal de ce procès et le terminer", a réagi pour sa part Me Elie Korchia, avocat de la partie civile. 

"Il faut qu'on arrive à terminer ce procès", a déclaré Me Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo qui devait plaider ce lundi.

Quatorze personnes, dont trois par défaut, sont jugées depuis le 2 septembre pour leur soutien logistique présumé aux auteurs des attentats contre Charlie Hebdo, une policière municipale à Montrouge et le magasin Hyper Cacher de Vincennes. Ces attaques avaient fait 17 morts et provoqué une onde de choc internationale.

Le délibéré devait être rendu le 13 novembre, puis le 27 novembre. La date du délibéré est désormais inconnue. 


Aurélie SARROT

Tout
TF1 Info