TRAUMATISME – Une psychologue et un psychiatre ont évoqué samedi les différents traumatismes et séquelles parmi les survivants des attentats de janvier, civils ou policiers.
"Etat d'alerte", "Hyper vigilance, "cauchemars", "flash-back", "peur de prendre les transports en commun" les mots se suivent dans la bouche des deux professionnels entendus par la cour d'assises spéciale ce samedi matin. Deux experts, un psychologue et un psychiatre, ont décrit les traumatismes qu'ils sont diagnostiqués chez plusieurs victimes des attentats de janvier 2015.
L'un de ses mots revient, comme un leitmotiv, celui de "culpabilité" , une culpabilité ressentie encore aujourd'hui par de nombreuses victimes. "Culpabilité du survivant" pour les civils, "culpabilité de l'échec" pour certains fonctionnaires qui ne se remettent pas de n'être pas parvenus à neutraliser les terroristes.
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Des "images qui reviennent en boucle"
Parmi les personnes avec lesquelles elle a échangé, la psychologue a vu ainsi des proches d'Ahmed Merabet, policier assassiné par Peter Kouachi sur le boulevard Richard Lenoir. Elle décrit une famille "extrêmement soudée", qui, dix ans avant les attentats, avaient vécu un décès. "Ils m'ont dit que le décès du père avait bien sûr été douloureux pour tout le monde mais qu'il n'était pas traumatisant, mais qu'ils avaient pu faire le deuil. Par contre, ils n'ont pu surmonter le décès d'Ahmed Merabet, explique-telle. Le plus traumatisant pour cette famille a été le relais par les médias de la vidéo de l'assassinat de leur proche. C'était vécu pour eux comme une atteinte extrêmement douloureuse, avec des images qui reviennent en boucle."
Selon la psychologue, c'est pour la maman du policier que cela a été le plus dur. "Ils avaient une relation fusionnelle, il vivait sous son toit en attendant de finir sa maison. Après le décès de son fils, elle dormait avec son t-shirt. Elle ne veut pas s'autoriser à aller bien car elle a l'impression d'abandonner son enfant. Elle reste figée dans le traumatisme".
L'experte a vu aussi des survivants de l'Hyper Cacher et leurs proches. Parmi ceux-ci, une jeune fille qui a "vécu l'attentat du début à la fin" et qui était amie avec Yohan Cohen, 20, ans, assassiné dans l'épicerie par Amedy Coulibaly. "En réaction à l'attentat, elle a développé un état post-traumatique très sévère, une hypervigilance qui fait qu'on se sent en insécurité partout, le seuil de peur est déréglé, détaille la psychologue.
A son sujet elle ajoute : "Il y a une culpabilité du survivant chez elle, dévastatrice. Elle a assisté à l'agonie de l'un de ses amis à l'Hyper Cacher, ils avaient été à l'école ensemble. Elle se refait l'attentat en se disant ce qu'elle aurait pu faire, comment elle aurait pu sauver son ami".
"Si j'avais mieux visé, mon collègue serait vivant"
Le psychiatre qui témoigne après elle a vu, en 2018, onze des quinze policiers qui sont intervenus aux abords de la rue Nicolas Appert quelques minutes après les coups de feu tirés par les frères Kouachi. "Quand ces policiers sont arrivés sur les lieux le 7 janvier 2015, aucun ne savait qu'il y avait un attentat ou que les locaux de Charlie Hebdo se trouvaient là", précise le spécialiste.
Certains sont arrivés là en vélo, d'autres en voiture, et se sont retrouvés face aux terroriste. A l'exception d'un des fonctionnaires, tous ont eu des "séquelles très importantes" au niveau psychologique. Plusieurs déclarent ainsi au médecin qu'"il ne se passe pas un jour sans qu'il ne pense à ce 7 janvier 2015". Beaucoup, après leurs arrêts maladie, n'ont jamais pu retourner exercer sur la voie publique. Certains ont choisi l'administration dans des bureaux, d'autres ont demandé leur mutation en province.
Le psychiatre relève aussi chez certains des policiers cette terrible "culpabilité de l'échec" . "Tous les policiers que j'ai vus et qui ont fait usage de leur arme ce 7 janvier 2015 m'ont dit la même chose :" Si j'avais mieux visé, mon collègue (Ahmed Merabet ndlr) serait vivant". Sur les onze fonctionnaires, une majorité a également fait état au médecin de ce "fort ressentiment vis-à-vis de leur employeur". " La plupart des policiers qui sont intervenus le jour de l'attaque de Charlie Hebdo ont trouvé que la police nationale n'avait pas été suffisamment soutenante". Le psychiatre rappelle qu"Il y a cinq ans, les policiers n'avaient pas droit au fonds de garantie, comme s'ils n'avaient pas été victimes" avant de préciser que depuis, "les choses ont changé".
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