JUSTICE - Une enquêtrice de la sous-direction antiterroriste (SDAT) est venue à la barre ce vendredi matin pour évoquer notamment la garde à vue d'Ali Riza Polat, principal accusé du procès des attentats de janvier 2015. Ce dernier, ne supportant pas certaines de ses déclarations, l'a menacée à l'audience.
L'incident est arrivé alors qu'elle déposait depuis près de deux heures. Ce vendredi matin, une enquêtrice de la sous-direction antiterroriste (SDAT), matricule "963517", a détaillé longuement la garde à vue d'Ali Riza Polat, considéré comme le principal accusé au procès des attentats de janvier 2015.
D'une voix posée, la policière a évoqué les liens entre Amedy Coulibaly et Ali Riza Polat, répétant que les deux étaient "très proches", qu'il avaient eu plus de 500 contacts fin 2014 début 2015, et qu'ils disposaient de "lignes dédiées". Elle est aussi, notamment, revenue sur leur "déplacement en Belgique" début janvier, avant les attentats, pour "vendre la mini Cooper" d'Amedy Coulibaly à un autre accusé, Metin Karasular.
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A mesure que l'enquêtrice parle, Ali Riza Polat, poursuivi pour "complicité de crimes terroristes" et qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, s'agite nerveusement dans le box. Il mime un coup de poing en direction du témoin, et fait des commentaires à voix haute : "C'est faux", "Menteuse", "Tu mens". A plusieurs reprises, le président lui demande de se calmer. Mais vers 11h20, Ali Riza Polat sort de ses gonds lorsque le matricule "963517" relate le contenu d'une conversation entre la mère de l'accusé, alors sur écoute, et l'une de ses amies. Dans cette discussion, la mère d'Ali Riza Polat racontait à son interlocutrice avoir été insultée par son fils qui l'avait qualifiée de "mécréante" et de "perverse" parce qu'elle écoutait de la musique notamment, et que lui priait dans sa chambre dans le pavillon familial de Viry-Châtillon. "Tu vas le payer", hurle l'accusé à l'enquêtrice, debout à 3 mètres de lui.
"Il y a des limites à ne pas dépasser"
Plusieurs avocats de la partie civile témoignent alors de leur indignation. L'audience se poursuit pourtant, sans même une suspension. Face à ce manque de réaction du président de la cour d'assises spéciale Régis de Jorna, des avocats de la partie civile décident de revenir sur l'événement quelques minutes plus tard. "Plusieurs parties civiles vous demandent que leur soit donné acte des propos de Mr Polat devant l'enquêteur de la SDAT qui a dit :" Tu vas le payer" quand celle-ci évoquait sa mère, la religion et la radicalisation. Nous demandons, suite à l'absence de réaction, que ce soit acté", indique Me Nathalie Senyk au président.
Impulsif, Ali Riza Polat s'énerve à nouveau, disant qu'il ne supportait pas que soient tenus certains propos à l'égard de ses proches. C'en est trop, cette fois, pour l'avocat général. "Vous insistez, vous continuez. C'est scandaleux, il y a des limites à ne pas dépasser ! Vous savez ce que je vais faire, je vais ouvrir une procédure pour 'menaces sur personnes dépositaires de l'autorité publique. Vous serez renvoyé devant le tribunal correctionnel et vous devrez répondre de cela. Voilà", fait savoir Jean-Michel Bourlès.
Le président relève demande à ce que soit donné acte des menaces. "Les réactions de mon client sont celles de quelqu'un qui se considère comme injustement accusé. Il manque de sommeil, il perd parfois le contrôle de lui-même", justifiera un peu plus tard, Me Coutant-Peyre précisant que ce dernier n'avait pas apprécié les déclarations de l'enquêtrice relatives à sa pratique religieuse et à son comportement face à sa mère. Pas de quoi dissuader visiblement l'avocat général ouvrir une procédure.
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