JUSTICE - Anne-Diana Clain, sœur de Jean-Michel et Fabien Clain, a été entendue ce mercredi par la cour d'assises spéciale. Bien que radicalisée, elle a assuré n'avoir rien su des projets de ses frères.
Longue chevelure rousse, visage rond, Anne-Diana Clain, 46 ans, est apparue sur l'écran géant de la salle d'audience. La sœur de Fabien et Jean-Michel Clain a été entendue ce mercredi par la cour d'assises spéciale depuis la maison d'arrêt de Réau (Seine-et-Marne) où elle est détenue. La quadragénaire a été condamnée en 2020 en appel à neuf ans de prison pour avoir voulu se rendre en Syrie entre 2015 et 2016 avec quatre de ses enfants.
"Vous êtes donc la sœur de deux des accusés qui ne sont pas présents dans cette enceinte (Fabien et Jean-Michel Clain sont présumés morts et jugés en leur absence, ndlr.) Vous ne prêtez pas serment mais je vous incite à dire toute la vérité dans la mesure du possible", introduit le président. "Je suis déçue en fait. Je suis déçue qu'ils aient participé à cette monstruosité. J'ai du mal à réaliser qu'ils soient vraiment responsables de tels actes, déclare Anne-Diana Clain. À l'époque, j'ai cru au complot. J'ai cru que mes frères étaient juste là pour lire des revendications. Après j'ai vu des reportages et j'ai vu que c'était vraiment des terroristes. Mais ça reste mes frères. Ils sont décédés et je trouve ça dommage qu'ils ne puissent pas assister à ça (au procès)". Ce mot complot sera un leitmotiv tout au long de son audition.
"On s'est convertis les uns après les autres"
Interrogée par le président sur la radicalisation de la famille, la quadragénaire explique : "On est converti depuis 1999, on était en recherche spirituelle depuis pas mal d'années. On cherchait une réponse à pourquoi on était sur terre, un questionnement". Elle détaille : "On a rencontré une personne qui nous a parlé d'islam, qui avait des réponses à toutes nos questions. On s'est convertis les uns après les autres, c'était une recherche familiale. L'islam radical nous a été présenté dès le départ. Les salafistes, les extrémistes, pour nous, l'islam, c'était comme ça et pas autrement. Une fois le califat prononcé, il fallait émigrer là-bas, on ne pouvait pas vivre en France."
Concernant ses deux frères, elle dit qu'ils "étaient chanteurs". "Ils ont toujours chanté des anasheeds (des chants religieux musulmans, ndlr). Ça s'est aggravé (leur contenu, ndlr) quand ils étaient là-bas." "Avaient-ils déjà des propos haineux, avant de partir ?", questionne le président. "Je ne sais pas, je ne le perçois pas ça comme ça. Ils avaient le sourire, bonjour à tout le monde. Je ne voyais pas le côté haineux", affirme Anne-Diana Clain.
Elle assure aussi : "Au début, l'État islamique quand il s'est fait, on ne pensait pas du tout que c'était un état terroriste. On a mis du temps à réaliser que c'étaient des terroristes. Même Al-Qaïda au début, je ne les plaçais pas comme des terroristes. Pour moi, c'était un complot de faire croire que des musulmans faisaient ça. On était tellement radicalisés."
Jean-Louis Périès, président, n'est pas dupe. "Enfin les attentats de 2001, Ben Laden...". "Je sais mais pour moi, ce n'était pas Al-Qaïda qui l'avait fait, ce n'était pas Oussama Ben Laden, c'était un complot, commente la détenue. Pour les attentats (de 2015), j'ai pas vu l'ampleur, la gravité. J'étais dans cette démarche de partir là-bas. J'ai cru à un complot".
"Ce qu'ils disaient par rapport au Prophète, ils méritaient de mourir"
Au moment des attentats de 2015, Anne-Diana était en Bulgarie et tentait de rejoindre la Syrie. "J’ai pas vu l'ampleur de la situation car j’étais pas en France. Pareil, j’ai cru que c'était un complot, que mes frères faisaient que lire la revendication." Propagandistes de l'État islamique, Fabien et Jean-Michel Clain ont enregistré de nombreux messages ultra-violents en français dont la revendication des attentats du 13 novembre 2015 "Tuez-les où que vous les rencontriez". Elle reconnait avoir entendu les revendications de ses frères. "J’étais dans les représailles, je pensais que c’était des représailles aux bombardements qu’ils subissaient en Syrie. La France bombardait des civils et eux (les terroristes) faisaient la même chose et en même temps".
Le président lui demande alors quelle est son opinion sur les attentats de janvier 2015. "J'ai pensé que c'était bien fait pour eux. Ce qu'ils disaient par rapport au Prophète, ils méritaient de mourir, c'était légitime", explique-t-elle.
"Ils méritaient de mourir car ils avaient fait un dessin ?", reprend le président interloqué. "Oui, c'est ce que je pensais à l'époque" dit-elle très calmement. Jean-Louis Périès insiste : "Ce qu'il se passe en janvier 2015 à Paris, massacrer des dessinateurs, des journalistes, pour des caricatures..." "C'était parce que ça, attaquer le prophète… Pour nous, c'était impossible d'attaquer le prophète", rétorque la détenue.
Depuis sa mise en examen pour "association de malfaiteurs terroriste" et son placement en détention, Anne-Diana Clain dit avoir une tout autre vision des choses. "À la prison, j'ai eu un suivi, avec des psychologues, aumônier (musulman), éducateur. Tous ces gens autour ça m'a permis d'ouvrir les yeux, de me rendre compte que j'étais partie trop loin", conclut-elle.
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