Mercredi, les condamnations prononcées dans le procès des attentats du 13-Novembre ont marqué la fin d'une procédure inédite et historique.Pour les victimes, c'est une "aventure" qui s'achève, une délivrance pour beaucoup, mais aussi une "rupture" brutale, décrit la directrice de l'association Paris Aide aux Victimes.
Au terme d'un marathon de dix longs mois de procédure judiciaire, le verdict dans le procès des attentats du 13-Novembre est finalement tombé mercredi : perpétuité incompressible pour le principal accusé Salah Abdeslam et des peines de deux ans d'emprisonnement à la perpétuité pour les 19 autres accusés. Bien que le dossier puisse encore être renvoyé en appel, pour les victimes, c'est un chapitre qui se referme.
Après plusieurs mois passés au tribunal, des dizaines d'auditions, de témoignages, de confrontations, suivies sur place ou en présentiel, l'arrêt du procès du jour au lendemain peut représenter un cap difficile à franchir pour les survivants et proches de victimes. Même si de manière générale, c'est le soulagement de voir cette étape cruciale franchie qui l'emporte, selon Carole Damiani, psychologue clinicienne et directrice de l'association Paris Aide aux Victimes, qui apporte une aide juridique et un soutien psychologique aux victimes d'infractions pénales, et a accompagné les parties civiles lors du procès.
À l'annonce du verdict, qui clôt une procédure longue d'une année pratiquement, comment ont réagi les victimes ?
Hier soir, on a eu un peu de tout. Ce qui était assez notable, c'est qu'elles se sont beaucoup prises dans les bras. Certaines pleuraient, mais sans trop savoir pourquoi en réalité. D'autres avaient le sentiment de ne pas comprendre ce qui s'était dit, d'être abasourdies, ou encore que le verdict ne correspondait pas à ce qu'elles attendaient, sans savoir pour autant ce qu'elles attendaient vraiment. C'était donc une espèce de choc violent d'émotions.
Beaucoup disaient avoir besoin de temps pour comprendre ce qui s'était passé. En tant que psychologue, on a un rôle à jouer, pour les écouter et les aider à mettre des mots sur ce qu'ils ressentent vaguement sans forcément réussir à l'identifier. Il y avait aussi la tristesse de se séparer, mais les cafés en face du tribunal étaient complètement pleins jusque tard dans la soirée. Ils ne pouvaient pas se quitter. Certains parlaient du verdict, d'autres de leurs futures vacances, comme s'ils avaient déjà un pied dehors.
Il y a définitivement un avant et un après. Ensuite, c'est en face-à-face avec soi-même, ou avec l'aide d'un psychologue, qu'il faut essayer de tourner cette page.
Carole Damiani, directrice de l'association Paris Aide aux Victimes
Ont-ils eu le sentiment qu'un poids leur avait été retiré ?
La plupart des victimes ont été en tout cas soulagées, car ces dix mois ont été longs. Ceux qui étaient très souvent présents ont eu le sentiment qu'enfin, ils pourraient passer à autre chose, même si ce n'est peut-être que temporaire, en cas d'appel. Ça referme quelque chose, enfin. Le but de ce procès était quand même que des personnes reconnues comme victimes être en quelque sorte de "simples citoyens", et non plus uniquement des victimes. Ce procès a eu lieu, il a été reconnu, il a apporté des réponses. Il y a définitivement un avant et un après pour elles, comme pour les accusés.
Ensuite, c'est en face-à-face avec soi-même, ou avec l'aide d'un psychologue, qu'il faut essayer de tourner cette page. Ce qui ne veut pas dire oublier mais mieux vivre avec, que ce soit moins douloureux. Et puis pour de nombreuses victimes, c'était une aventure, une expérience très riche : elles ont appris beaucoup de choses, sur elles et les autres, et elles vont repartir avec cela en plus. L'idée n'est pas de retrouver la vie d'avant, mais de construire quelque chose de nouveau avec cet apport-là. Certains présidents d'associations pensent même à dissoudre leur organisation d'ici à quelques années. Il ne s'agit pas de dire : victime un jour, victime toujours. Il faut aussi renoncer à un moment donné à cette aventure.
Plusieurs parties civiles ont toutefois témoigné que le vide que laissera le procès derrière lui représentait une source d'angoisse. Comment l'expliquer, alors même que cette procédure a été très éprouvante ?
Ce qui est particulièrement difficile à appréhender, c'est la rupture : ce procès a tellement été violent, intense, qu'elles se sont beaucoup appuyées les unes sur les autres. Il y a eu des beaux mouvements de solidarité, des moments de soutien. Donc, on ne perd pas un tel groupe comme ça, c'est une vraie séparation. Parfois même, les victimes ont échangé avec des accusés, jusqu'hier soir.
C'est pour cela que l'on va prolonger pendant tout l'été la ligne d'assistance psychologique mise en place durant le procès, avec au bout du fil des accompagnants présents lors du procès, que les victimes connaissent. Nous prévoyons aussi, aux côtés de l'association des victimes 13onze15 et de toutes les parties civiles qui le souhaiteront, des groupes de parole et réunions d'information. Pour ceux qui auraient des difficultés à voir tout cela s'arrêter, il y aura donc une sorte de "service après-vente". Cela ne veut pas dire que nous aurons beaucoup de sollicitations, mais savoir qu'ils pourront se revoir, qu'il y a un après, c'est rassurant.
Comment les parties civiles appréhendent-elles la perspective du renvoi du procès en appel, si les condamnés en font la demande ?
Certaines victimes m'ont dit : "Ne m'en parlez pas, laissez-moi profiter de ce moment !". Mais quelques autres attendent un appel de pied ferme, car ils ne se sentent pas satisfaits du verdict, même si ce n'est pas la majorité. Ils semblent ne pas avoir le sentiment d'avoir eu la réponse à toutes leurs questions et ils estiment que tout n'a pas été dit. Un autre procès s'est déjà ouvert à Bruxelles, peut-être qu'il lèvera le voile sur les quelques dernières zones d'ombre. Mais certaines victimes se sont résolues à ce qu'on n'obtienne jamais certaines réponses, comme c'est souvent le cas dans les affaires judiciaires.
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