Attentats du 13-Novembre : "équilibré", "à la hauteur", "contrasté"... les réactions après le verdict

Publié le 30 juin 2022 à 1h28
JT Perso
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Source : TF1 Info

La cour d'assises spéciale de Paris a prononcé mercredi des peines allant de deux ans d'emprisonnement à la réclusion criminelle à perpétuité.
Les parties civiles sont pour la plupart "satisfaites de ce verdict".
Côté défense, certains n'excluent pas de faire appel.

Le moment était très attendu par toutes les parties. Ce mercredi, avec un peu de retard sur l'heure annoncée, la cour d'assises spéciale de Paris a prononcé contre les vingt accusés du procès des attentats du 13 novembre 2015 des peines de deux ans d'emprisonnement à la perpétuité, dont une peine rarissime de perpétuité incompressible contre le principal d'entre eux, Salah Abdeslam, qui n'a pas réagi à l'énoncé du verdict.

Dans la salle, les réactions ont été rares dans le box des accusés comme sur les bancs des parties civiles. Une seule a hurlé des injures à l'égard de Mohamed Abrini, alias l'homme au chapeau. "Abrini va te faire en****r, fils de p**e", lui a-t-elle crié. Conformément aux réquisitions, la cour a condamné ce dernier à la réclusion criminelle à perpétuité avec une peine de sûreté de vingt-deux ans. Le Belge de 37 ans a "participé" aux préparatifs et ne "peut prétendre qu'il ignorait les modalités des attentats ou les cibles", a jugé la cour. Celui qui a reconnu à l'audience qu'il était "prévu" pour le 13-Novembre "a manifestement renoncé au dernier moment", a ajouté le juge Périès. 

Les trois accusés qui comparaissaient libres, et qui avaient déjà effectué de la détention provisoire sont, eux, repartis libres, très émus. Deux d'entre eux, Ali Oulkadi et Abdellah Chouaa ont versé des larmes dans les bras de parties civiles.  

Face caméra et devant la salle d'audience, plusieurs participants se sont exprimés, jugeant le verdict "équilibré", "à la hauteur" mais aussi "contrasté"

"La justice est la réponse que nous devons donner à la barbarie du terrorisme"

Aurélia, rescapée du Bataclan, estime ainsi que "la justice est passée". Celle qui se dit "très fière" de son pays rappelle que "les réquisitions étaient très lourdes" mais que "les éléments ont été différenciés". "Il y a eu vraiment une prise en compte de la personnalité des accusés et des faits qui leur étaient reprochés. Moi, mon point de vue est qu'il fallait que la justice passe, car dans un état de droit, la justice est la réponse que nous devons donner à la barbarie du terrorisme. C'est chose faite maintenant. Qu'ils appliquent leurs peines", nous confie-t-elle.

Arthur Dénouveaux, président de l'association de victimes Life For Paris, relève quant à lui que "le chemin face à cette horreur a été de se reconstruire en groupe, et pas individuellement. On avait besoin de se serrer les coudes et d'entendre ce que la justice avait à nous dire après six ans et demi (...) J'ai quand même l'impression d'un immense gâchis, on envoie des gens en prison, il y a eu plus de 130 morts et la justice vient réparer l’innommable. En réparant, on ne revient pas en arrière. Avant de penser l'après, je vais digérer le fait qu'on a fini une première boucle. J'espère conjuguer le mot victime au passé".

Olivier, blessé au Carillon se dit pour sa part "extrêmement satisfait des peines prononcées". "Je trouve qu'elles sont largement à la hauteur de ce que l'État doit faire pour se protéger de ce genre d'individus. C'est un message extrêmement clair adressé à l'ensemble des personnes qui sont tentées par l'expérience de l'islamisme radical puisque quand elles se mouillent à divers degrés, soit elles se retrouvent enfermées à vie, soit avec des peines qui correspondent à l'engagement qu'elles ont pu avoir dans ce genre d'événements."

La défense considère avoir été en partie entendue

Me Xavier Nogueras, avocat de l'accusé Mohammed Amri, condamné à huit ans d'emprisonnement, rappelle que "les peines sont quasiment toutes en dessous des réquisitions". "Sur l'argumentation juridique, on n'est pas d'accord. On a combattu notamment sur (la qualification d') association de malfaiteurs terroriste, c'est un échec. Néanmoins, on constate que ce sont des peines correctes qui font preuve d'humanité."

Me Ilyacine Maallaoui, avocat de Sofien Ayari, condamné à trente ans de réclusion, déclare : "J'ai la sensation que juridiquement nous avons été entendus. Depuis le début de ce procès, nous souhaitons mettre en exergue qu'il n'y avait pas de complicité (...) J'ai la sensation que la cour nous a écoutés".

Me Marie Violleau, avocate de Mohamed Abrini, condamné à la réclusion à perpétuité avec une peine de sûreté de vingt-deux ans, s'interroge : "Ils (la cour) sont restés à vingt-deux ans (de période de sûreté). Est-ce que c'est une satisfaction ? (...) C'est un peu compliqué de réagir après dix mois d'audience qui se terminent dans l'hystérie générale (...) La perpétuité, on s'y attendait, il s'y attendait, peut-être même plus que nous". Sur un éventuel appel ? : "D'abord on va attendre de lire attentivement la motivation (...) On va bien analyser tout ça, on ira le voir en prison pour décider ce qu'on fait."

Me Adrien Sorrentino, avocat d’Abdellah Chouaa, condamné à quatre ans dont trois avec sursis, assure de son côté que son client "n'est pas un terroriste'. Il ajoute : "Condamner M.Chouaa pour terrorisme, c’est faire de lui un dommage collatéral judiciaire". "Abdellah Chouaa est un homme qui depuis 2015 a dénoncé par deux fois le terrorisme, a condamné les attentats, s'est inscrit toujours à l'opposé de la dynamique qui est celle de la dynamique terroriste. Cette décision, la motivation que nous allons lire attentivement, nous déterminera par la suite à prendre les mesures qui s'imposent pour poursuivre cette défense et contester ce mot terroriste". L'avocat se réserve le droit de faire appel.

"Déception" ou sans commentaire

Me Raphaël Kempf, avocat de Yassine Atar, condamné à 8 ans de prison avec deux tiers de sûreté, explique avoir ressenti “de la déception de ne pas avoir réussi à convaincre la cour que Yassine Atar devait être acquitté”. Il a aussi le "sentiment que ces 10 mois d'audience n'ont pas servi à grand-chose". "Ce que nous avons pu dire à l'audience n'a pas été retenu." Il poursuit : "Les enquêteurs belges à la barre ont dit qu'il n'avait pas réussi à établir l'aide qu'aurait apporté Yassine Atar à la cellule terroriste, j'aurais cru naïvement que la cour en tirerait toutes les conséquences." 

Me Olivia Ronen et Me Martin Vettes, les avocats de Salah Abdeslam n'ont souhaité faire aucun commentaire ce soir. 


Aurélie SARROT

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