Procès du 13-Novembre : Salah Abdeslam interrogé, qu'en attendent les parties civiles ?

Publié le 9 février 2022 à 6h30, mis à jour le 9 février 2022 à 8h15
Procès du 13-Novembre : Salah Abdeslam interrogé, qu'en attendent les parties civiles ?

L'interrogatoire de Salah Abdeslam a lieu mercredi et jeudi devant la cour d'assises spéciale.
Les parties civiles espèrent que le seul survivant du commando des attaques s'exprimera.
Il portera sur une période allant jusqu'au 6 août 2015.

Après son mutisme pendant l'instruction, il s'est montré plutôt prolixe depuis le début de ce procès, le 8 septembre dernier. À  l'ouverture des débats, Salah Abdeslam s'était revendiqué "combattant de l'Etat islamique", justifiant à maintes reprises les attaques à Paris et Saint-Denis en réplique aux bombardements français en Syrie. 

Ce mercredi et ce jeudi, il doit être interrogé par la cour sur la période allant jusqu'au 6 août 2015. Il sera notamment question de l'aide qu'il a pu apporter à son frère Brahim pour son départ et son retour de Syrie, du café de ce dernier, Les Béguines, à Molenbeek, où étaient visionnées des vidéos djihadistes en lien avec l'État islamique et du séjour de Salah Abdeslam en Grèce début août 2015. 

Donnera-t-il des explications ? Fournira-t-il de nouveaux éléments ? Tout le monde l'ignore pour le moment. Mais les parties civiles et leurs avocats comptent sur lui pour obtenir des réponses à leurs nombreuses questions. 

Qu'il parle, "même si c'est de la provocation"

Ainsi, Me Samia Maktouf, avocate de parties civiles, explique à LCI qu'elle préfère que l'accusé parle plutôt qu'il fasse usage à son droit au silence comme l'ont déjà fait deux accusés : Osama Krayem, et Mohamed Bakkali. "Nous attendons beaucoup de Salah Abdeslam. Même si c'est dans la provocation, parce que c'est son style. Nous avons besoin à ce stade du procès de comprendre son rôle, son implication, ses relations avec les autres protagonistes qui ont organisé et préparé ces attentats. L'important, c'est qu'il parle, qu'il prenne part à ce procès".

Me Chemla, autre avocat de parties civiles, pense que l'accusé va "comme il l'a fait depuis le début de ce procès, être dans la provocation sur la dimension idéologique". "Il va expliquer à quel point il s'agit d'une légitime défense, à quel point il est le défenseur nécessaire de l'islam opprimé. Et dès qu'on va basculer sur les faits, il va soit minimiser sa participation, soit ne pas rentrer dans les détails et essayer de maintenir le mystère", détaille l'avocat.

Et de poursuivre : "Notre travail d'audience est de le confronter aux éléments à charge dans le but que tout soit dit, qu'il réponde. Ses réponses seront ses réponses. Elles permettront ensuite à la cour d'avoir les moyens de le juger."

"Qu'il puisse donner des détails sur l'organisation"

"Abdeslam, on l'attend parce que c'est lui qui est médiatisé, pointe Thierry, rescapé du Bataclan. Je ne pense pas qu'il va parler beaucoup. Il va juste dire comme toujours que c'est un combattant, et patati et patata. On attend tous quelque chose, qu'il raconte ce qu'il a fait après, quand il a déposé tout le monde, et pourquoi ce renoncement à se faire exploser. Pourquoi on a retrouvé son gilet d'explosifs dans une ruelle.  (...) Abdeslam, c'est un maillon-clé dans l'attaque du Bataclan."

Georges Salines, père de Lola Salines, assassinée au Bataclan, indique à LCI-TF1 qu'il attend de Salah Abdeslam "qu'il parle déjà". "Nous avons maintenant deux accusés qui ont fait valoir leur droit au silence et j'espère que ce ne sera pas le cas pour lui". Il ajoute : "Salah Abdeslam a déjà fait des déclarations sur ses motivations donc je crains qu'il ne fasse que répéter cette ligne : 'On est venu se venger, etc., rien de personnel'. Tout ça n'a pas beaucoup d'intérêt."

M. Salines aimerait que le seul survivant du commando "puisse donner des détails sur l'organisation de la cellule terroriste puisqu'il la connaît très bien. Ça malheureusement, je dis 'j'aimerais' mais je ne l'attends pas vraiment. On l'a vu avec Mohamed Abrini par exemple, dès que l'on aborde ce terrain-là, il se réfugie dans le silence ou dans les mensonges...", rappelle la partie civile, qui ne perd toutefois pas espoir d'obtenir des réponses.


Aurélie SARROT

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