Procès des attentats du 13-Novembre : la venue de François Hollande et Bernard Cazeneuve fait débat

Publié le 10 septembre 2021 à 19h07
François Hollande et Bernard Cazeneuve en 2016.

François Hollande et Bernard Cazeneuve en 2016.

Source : PATRICK KOVARIK / AFP

JUSTICE – La cour d'assises spéciale a procédé ce vendredi en début d'après-midi à l'appel des témoins et des experts attendus au procès. Parmi eux, plusieurs personnalités politiques que la défense ne souhaite pas voir à la barre.

Au troisième jour du procès des attentats de Paris, la cour a procédé peu après la reprise de d'audience à l'appel des témoins et des experts et plusieurs noms bien connus ne sont pas passés inaperçus du côté des avocats, assis devant le box des accusés au procès des attentats du 13 novembre 2015.

Ainsi, quand le président de la cour d'assises spéciale, Jean-Louis Périès a prononcé les nom et prénom de "M. Hollande, François", la défense n'a pas tardé à réagir, laissant toutefois le temps à la greffière de faire son travail. "Il est censé être entendu il a été cité, la citation a été remise à sa personne, il est censé être entendu le 10 novembre à 12h30", fait savoir l'officier de justice.

"On ne comprend pas très bien ce que ce témoin pourrait apporter à la manifestation de la vérité (...) Peut-être que la partie civile pourrait nous éclairer pour qu'on puisse préparer l'audition de cet individu", intervient alors Me Kempf, avocat de l'accusé Yassine Attar, jugé pour participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle et qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité. 

"C'est vrai que c'est un homme comme tout le monde mais peut-être que l'on peut utiliser un autre qualificatif qu''individu' pour le désigner", relève alors Jean-Louis Périès. 

"Le temps va nous être compté"

Un avocat de la partie civile s'empresse de répondre aux interrogations de la défense et indique que l'ancien président de la République "a été cité par l'association Life for Paris". "Il était au moins sur l'un des lieux des attentats, le Stade de France, il pourra donner des éléments sur un certain nombre de thématiques, comme le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve (qui doit témoigner le 17 novembre ndlr)", rappelle-t-il. Pas de quoi convaincre Christian Saint-Palais, autre avocat de Yassine Atar. "Le temps va nous être compté, de nouvelles parties civiles se sont constituées hier. Notre question est de savoir ce que ces témoins apportent pour éclairer la cour."

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"Y a-t-il d'autres observations sur M. François Hollande ?", enchaîne le président après avoir entendu plusieurs avocats de la défense sur la question. Non. Mais l'appel du témoin suivant, Georges Fenech, ancien président de la commission parlementaires sur les attentats du 13-Novembre et qui vient de publier un livre sur le sujet, suscite à son tour des réactions. "Il faut que nous comprenions sur quel sujet nous allons interroger certains témoins qui occuperont du temps, empiétant sur le temps des parties civiles et celui de la défense. On ne peut pas recevoir tous ceux qui publient des livres au moment du procès", ironise Me Saint-Palais. 

Valls et Le Drian absents?

Outre ces trois témoins, d'autres ont fait parler d'eux aussi ce vendredi. L'ancien Premier ministre Manuel Valls et l'ancien ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian qui étaient annoncés au planning du procès pour fin mars 2022 ne viendraient finalement plus. Tous deux ont été cités comme témoins... mais pas correctement. 

L'avocat de Patrick Jardin, père de Nathalie, décédée au Bataclan, demande par conséquent à ce qu'ils soient entendus dans le cadre du pouvoir discrétionnaire du président. Jean-Louis Périès précise qu'il verra si, "à la fin de l'audience", il restera du temps pour les entendre. "Nous ne voyons pas très bien ce que Manuel Valls pourrait apporter s'agissant la manifestation de la vérité dans ce dossier", pointe une nouvelle fois Me Kempf lors d'une suspension d'audience. 

Lors du procès des attentats de janvier 2015, la venue d'Anne Hidalgo, maire de Paris avait été vivement critiquée par les avocats de la défense. "Mme  Hidalgo n'a rien à apporter à la manifestation de la vérité", avait déclaré Me Saint-Palais à la presse. "Son propos, ne peut pas éclairer la justice et n'a donc pas sa place dans un procès comme celui-ci."

Lors de son témoignage, plusieurs avocats de la défense avaient quitté la salle. La réaction des avocats des 20 accusés du procès du 13-Novembre sera-t-elle la même au moment d'entendre l'ancien chef de l'État et celui qui fut son ministre de l'Intérieur ? Rien n'est moins sûr.


Aurélie SARROT

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