Procès des attentats du 13-Novembre : qui est Olivia Ronen, l'avocate qui va défendre Salah Abdeslam ?

Publié le 1 septembre 2021 à 15h48
Procès des attentats du 13-Novembre : qui est Olivia Ronen, l'avocate qui va défendre Salah Abdeslam ?

Source : AFP

JUSTICE - Olivia Ronen, 31 ans, avocate au barreau de Paris, défendra Salah Abdeslam, principal accusé des attentats du 13 novembre 2015, au cours du procès qui doit débuter le 8 septembre. Portrait.

Il y a quelques années, elle ne pensait sans doute pas se retrouver à cette place. Pendant plus de huit mois, à compter du mercredi 8 septembre, Me Olivia Ronen va défendre celui que beaucoup qualifient "d'indéfendable". C'est elle en effet, du haut de ses 31 ans, qui sera l'avocate de Salah Abdeslam, seul terroriste du commando des attentats du 13-Novembre toujours en vie aujourd'hui.  

C'est lui qui l'a contactée, il y a trois ans, depuis la prison de Fleury-Mérogis où il est détenu sous très haute sécurité. Il l'aurait repérée dans une émission consacrée au retour des djihadistes français dans laquelle elle intervenait. Avant, Salah Abdeslam  avait pour conseil Me Franck Berton, ténor du barreau lillois, et Me Sven Mary, du barreau de Bruxelles. Cela n'aura duré que quelques mois. Le  12 octobre 2016, les avocats annonçaient en effet à la presse qu’ils renonçaient à le défendre, précisant que Salah Abesdlam avait écrit au juge d’instruction pour l’informer qu’il ne souhaitait plus être représenté. "Pour assurer la défense d'un homme, il faut être deux. Salah Abdeslam a choisi de se murer dans le silence", déclaraient-ils à L'Obs en 2016. "Mon rôle cesse, il n'a plus de sens", avait insisté Me Berton. 

Salah Abdeslam a visiblement changé d'avis par la suite et c'est Me Olivia Ronen qui a pris la relève après l'avoir rencontré en prison. Qui est cette avocate pénaliste qui sera sous les feux des projecteurs du monde entier ?

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Danse, théâtre, puis droit

Née en 1990 d'un chef d'entreprise et d'une mère fonctionnaire au ministère des Finances, Olivia Ronen est la cadette de quatre filles.  Elle fait dix ans de danse classique puis du théâtre "jusqu'à huit heures par semaine", s'oriente vers des études littéraires avant de bifurquer vers la fac de droit et l'école du barreau. Pour elle, le pénal est une "évidence" et elle se bat "comme une dingue" pour obtenir un stage chez le célèbre pénaliste Thierry Lévy, décédé en 2017. L'avocate a récemment confié au Point que c'était ce dernier qu'il lui avait appris qu'il fallait "défendre à fond, sans réticence morale, avec la seule crainte de ne pas réussir". 

Elle prête serment en 2016 et est élue secrétaire de la conférence - ces jeunes avocats du barreau de Paris élus pour un an à l'issue d'un concours d'éloquence pour, notamment, être commis d'office dans les dossiers d'assises. 

Premiers pas dans les dossiers de terrorisme

Très vite, l'avocate discrète et souriante hérite ainsi d'affaires de petits attentats déjoués. En 2018, elle défend Erwan Guillard, un ex-militaire parti faire le jihad en Syrie.

L'avocate confie à l'AFP avoir aussi été marquée par un "sentiment d'impuissance" quand un de ses clients, impliqué dans le dossier des attentats de Nice, s'est suicidé en prison en 2018. Délinquant avec des attaches en France et en Italie, Aleksander Hasalla était soupçonné d'avoir joué un rôle périphérique dans l'attaque, au cours de laquelle le Tunisien Mohamed Lahouaiej Bouhlel a tué 86 personnes et en a blessé 450 autres au volant d'un camion, le 14 juillet 2016. "Ça a été un gros coup de massue pour moi”, confie-t-elle à France Inter, ajoutant qu'elle était sortie de cette affaire “un peu traumatisée, mais aussi plus déterminée encore à se battre pour la défense de ses clients". 

"La pression monte..."

C'est donc bec et ongles que l'avocate défendra Salah Abdeslam. "C'est pour être dans des procès comme celui-ci que j'ai choisi ce métier", a assuré récemment Me Olivia Ronen au Point

Elle qui aime travailler seule a fait appel, pour ce dossier, à un confrère de sa génération pour l'aider à assurer la défense de Salah Abdeslam : Martin Vettes, 32 ans, avec qui elle a déjà travaillé sur plusieurs dossiers d'assises. Avec nos "cinq ans de barreau" chacun, dit Me Vettes de son côté, "on aborde ce procès avec humilité". "Comment ce procès 'hors-normes' va se passer, personne ne le sait. On y va, pas bardés de certitudes, mais avec détermination". 

"On s'approche de l'échéance... la pression monte", a déclaré pour sa part Me Olivia Ronen il y a quelques jours à l'AFP. "Je sais que ce ne sera pas simple."


Aurélie SARROT

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