Procès du 13-Novembre : comment Abdelhamid Abaaoud a "convaincu" Salah Abdeslam de "frapper la France"

A.S.
Publié le 15 avril 2022 à 21h19
Salah Abdeslam a été testé positif au Covid-19.
Salah Abdeslam a été testé positif au Covid-19. - Source : Benoit PEYRUCQ / AFP

Ce vendredi, au troisième et dernier jour de son interrogatoire, Salah Abdeslam a expliqué comment il était devenu futur kamikaze.
Selon l'accusé aujourd'hui âgé de 32 ans, c'est Abdelhamid Abaaoud puis son frère Brahim qui l'ont convaincu, 24 heures avant les attaques.

L'accusation ne croit pas du tout à cette version mais, lui, la soutient. Au procès des attentats du 13-Novembre, Salah Abdeslam répète depuis le début de son ultime interrogatoire il y a trois jours qu'il n'était pas prévu qu'il participe au projet des attentats et qu'il s'est retrouvé dans le commando in extremis. 

"Vous avez dit que vous aviez prêté allégeance à l'État islamique 48 heures avant les attentats et que l'on pouvait faire un kamikaze en 24 heures, vous confirmez ?", interroge Me Martin Vettes, l'un de ses avocats à l'audience. 

L'accusé répond par l'affirmative. "On peut faire un kamikaze en 24 heures. On peut demander à quelqu'un s'il veut faire martyr et le lendemain il est martyr", assure le seul survivant du commando djihadiste du 13-Novembre. 

"C'est le Paradis qui m'attend si je le fais"

Le principal accusé qui affirme qu'il ne faisait qu'aider son frère à la fin de l'été 2015 et au début de l'automne en ramenant des personnes dans le cadre d'une "aide humanitaire", a donc expliqué comment il s'était retrouvé dans cette "histoire du 13-Novembre". Selon lui, c'est Abdelhamid Abaaoud, coordinateur des attaques, qui l'aurait convaincu, 48 heures avant les attentats.

"Comment ?" interroge Me Olivia Ronen, autre avocate du trentenaire. "Il me dit que ce sera quelque chose de grand de frapper la France en son centre, que beaucoup de femmes et d'enfants innocents sont morts (en Syrie, ndlr). Il me dit que la France ne cesse de combattre les musulmans, de les insulter, d'insulter le Prophète, de les rabaisser. Que nos frères et nos sœurs sont en train de souffrir. Il m'explique que c'est le Paradis qui m'attend si je le fais", raconte Salah Abdeslam. 

Il poursuit : "Mon frère Abdeslam Brahim va me dire : 'Ouais tu es capable de le faire' et je vous avoue qu'à ce moment-là, je ne parle pas beaucoup, que c'est plus le silence. J'essaie de trouver des prétextes et des excuses et au final, à force d'entendre ça je me dis : 'Salah c'est bon'Je vais y aller'". 

"Vous avez déposé des bombes humaines au Stade de France"

La suite serait la suivante selon sa derrière version des faits. Il pose les trois kamikazes au stade de France, prend la direction du 18e arrondissement, pénètre dans un café repéré la veille, puis renonce à se faire exploser "par humanité" en voyant "tous ces jeunes danser et rigoler devant lui", selon ses dires.

S'il reconnaît être "impliqué" dans le macabre projet, Salah Abdeslam répète qu'il n'a "tué personne". Me Bahu, avocat de parties civiles, lui rappelle quand même qu'il a déposé "trois bombes humaines" au Stade de France. "Vous comprenez que ça puisse choquer des victimes quand vous dites que vous n'avez tué personne", lance-t-elle à l'homme debout dans le box en face d'elle.  

"J'ai déposé les trois au Stade de France. C'est vrai, ils ont fait des victimes mais pas autant de morts que les autres au Bataclan et sur les terrasses et je pense que c'est une différence", répond l'accusé. 

L'audience doit reprendre mercredi, avec les experts psychiatres qui ont recontré les accusés.


A.S.

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