Procès du 13-Novembre : "J'ai pardonné à ces pauvres âmes qui ont commis ces actes", lance Jesse Hughes à la barre

Publié le 17 mai 2022 à 16h13, mis à jour le 17 mai 2022 à 16h21

Source : JT 20h WE

Eden Galindo et Jesse Hughes, respectivement ex-guitariste et chanteur du groupe Eagles of death Metal, ont témoigné à la barre ce mardi.
Très émus, les deux musiciens sont revenus sur ce funeste 13 novembre 2015, date à laquelle ils jouaient au Bataclan.

Ils étaient particulièrement attendus le 13 novembre 2015 dans la salle du Bataclan. Ils l'étaient à nouveau, six ans et demi plus tard, dans l'une des salles d'audience du palais de justice sur l'île de la Cité. 

Costumes noirs, Jesse Hughes et Eden Galindo, respectivement chanteur et ancien guitariste des Eagles Of Death Metal, ont témoigné ce mardi, devant la cour d'assises spéciale. Si les deux hommes ont eu du mal à se remettre de ces terribles attentats, Jesse Hughes, l'assure à la barre : "Le mal n'a pas vaincu" ce soir-là.

"Nous pensions que ça allait s'arrêter, mais ça continuait"

Eden Galindo a été le premier à se remémorer ses souvenirs."Nous étions en tournée à Paris, c'était un super concert, tout se passait bien, tout le monde dansait. c’était 'a great show", dit-il. 

Il explique ensuite, ému, qu'après quelques chansons et alors qu'il était sur le côté de la scène, il a commencé à entendre "le bruit sourd de tirs". Il pense d'abord à un problème de son, puis vois Jesse Hughes courir vers lui. "Là, je dis : Putain qu'est ce qu'il se passe ? Il me dit que des gens tirent.On a couru, on s'est tous mis les uns sur les autres. Nous pensions que ça allait s'arrêter, mais ça continuait", poursuit-il.

Les membres du groupe quittent peu à peu la scène. Eden Galindo et Jesse Hughes partent chercher la petite amie de Jesse et finissent par sortir de la salle. "On est sorti, on a couru dans la rue. On était très suspicieux des gens autour de nous. Un jeune homme qui est devenu un ami, Arthur Dénouveaux (aujourd'hui président de Life for Paris Ndlr), nous a dit de monter dans un taxi et d'aller voir la police." Au commissariat, ils voient des dizaines de blessés couverts de sang, et apprennent qu'ils ont perdu un des leurs, Nick Alexander, qui s'occupait du merchandising. 

"Ensuite, je suis rentré mais c'était très difficile de faire les choses normalement après tout ça. Je me sentais comme brisé. Je ne serai plus jamais le même après cette nuit-là", confie le guitariste tête baissée. S'adressant enfin aux familles, il conclut par ces mots : "Je pense à elles tous les jours et je prie pour eux."

"90 de mes amis ont été tués de manière haineuse devant nous"

Jesse Hughes qui lui succède à la barre commence lui par une série de  remerciements, "particulièrement le peuple français toujours bienveillant envers" lui et son "groupe". "J’ai été très impatient de ce jour devant la cour mais au fur et à mesure qu’il approchait, j’étais de plus en plus réticent à l’idée de venir", explique-t-il d'abord très ému. "J’ai commencé ressentir cette nervosité familière qui a pris tout mon être, que je porte en moi depuis les attaques. J’ai recommencé à sentir des choses que j’avais enfoui depuis ce jour". 

Puis il revient sur le soir du 13 novembre. "Mon groupe  était particulièrement content de jouer à Paris. Nous adorons Paris. Le concert était complet." Au milieu du show, il entend le bruit des tirs.  "Venant d'une région désertique en Californie, le son des coups de feu m'est très familier. Je savais ce qu'il se passait. Je sentais la mort se rapprocher", dit-il.  Après s'être enfui avec sa petite amie et Eden Galindo, il apprend la mort de Nick Alexander. "Mais je savais déjà que nous avions perdu des amis car je considère tous les spectateurs comme des amis.  90 de mes amis ont été tués de manière haineuse devant nous". 

Le chanteur indique  qu'il a hésité longtemps à remonter sur scène. "Je ne savais pas si j’aurais la force de revenir, parce que je pensais que j’étais comme le fromage qui allait attirer les souris".  Finalement Jesse Hughes et son groupe reprendront très vite les concerts, notamment à Paris en 2016.

"Cette tragédie a pu être transformée en un flambeau de lumière"

" Les accusés aujourd'hui et ceux (les terroristes) qui sont morts au Bataclan ont voulu laisser un héritage de terreur. Mais le mal n'a pas vaincu. Ce qu'ils ont essayé de faire ce soir-là, c’est de faire taire la joie liée à la musique, ils ont échoué", assure le leader du groupe américain.  

"Après les attaques, je me suis posé beaucoup de questions, j’étais un peu perdu, je me suis appuyé sur des amis, notamment en France pour continuer à aller de l’avant. Cette tragédie a pu être transformée en un flambeau de lumière, et c’est pour cela que j’ai pardonné à ces pauvres âmes qui ont commis ces actes et je prie pour eux et pour leur âme que la lumière de notre Seigneur jaillisse sur eux." 

Le chanteur achèvera son témoignage par une citation d'Ozzy Osbourne "You can't kill rock and roll". Peu après, au cours de la suspension, il prendra plusieurs parties civiles dans ses bras, très ému de revoir ceux et celles qui étaient venus l'applaudir avec son groupe il y a six ans et demi. 


Aurélie SARROT

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