Procès Fouquet : les meurtriers de la policière désignés

par Maud VALLEREAU
Publié le 14 avril 2016 à 6h07
Procès Fouquet : les meurtriers de la policière désignés

VERDICT - Huit hommes comparaissaient depuis le 1er mars devant la cour d'assises de Paris pour un braquage avorté qui s'était soldé le 20 mai 2010 par une fusillade dans laquelle la policière Aurélie Fouquet avait été tuée. Après sept semaines d'audience, les jurés ont mercredi soir distribué les rôles et désigné deux meurtriers.

Elisabeth Fouquet demandait "les noms de ceux qui lui avaient pris sa fille". Après sept semaines d'audience et treize heures de délibéré, les jurés lui en ont livré deux : Daouda Baba et Olivier Tracoulat (jugé en son absence). Dans la nuit de mercredi à jeudi, les deux hommes ont été condamnés devant les Assises de Paris à 20 et 30 ans de prison pour le meurtre de la policière Aurélie Fouquet, le 20 mai 2010, à Villiers-sur-Marne. Poursuivi également, Rabia Hideur a été déclaré "non coupable du meurtre" mais condamné à dix ans de prison pour "association de malfaiteurs".

"Vous n'avez pas lu le dossier !"

La cour a également vu en Redoine Faïd le cerveau du braquage avorté contre lequel elle a prononcé 18 ans de réclusion, soit quatre de moins que les réquisitions de l'avocate générale. Malek Khider, qui était le seul à avoir reconnu faire partie du commando projetant d'attaquer un fourgon blindé le jour des faits, a écopé de 15 ans de prison. Pour leur soutien logistique, William Mosheh et Olivier Garnier ont pris 5 ans. Le doyen des accusés, Jean-Claude Bisel, jugé pour avoir veillé le soir de la fusillade Olivier Tracoulat, blessé, et que la rumeur dit aujourd'hui mort, a pour sa part été condamné à un an de prison pour "recel de malfaiteurs". Georges Mosheh a lui été acquitté. "Vous me tuez là ! Vous n'avez pas lu le dossier", s'emporte Daouda Baba, sonné, à l'énoncé du verdict. Le braqueur médiatique Redoine Faïd secoue de son côté la tête, comme s'il n'en revenait pas. Son avocat, Christian Saint-Palais, a annoncé son intention de faire appel.

Tour à tour dans la matinée du mercredi 13 avril, les huit hommes, invités à prendre une dernière fois la parole, avaient répété les mêmes mots : "Je n'ai rien fait", "je suis innocent"... Seul le sang d'Olivier Tracoulat avait été retrouvé sur la scène de crime. Il y avait bien un faisceau d'indices : ces traces ADN d'accusés découvertes sur certaines armes, ces portables étrangement éteints le jour des faits, ces plannings difficilement vérifiables... Mais les preuves matérielles, celles qui accablent, manquaient dans ce dossier qui avait fait l'objet de plus de quatre années d'instruction. L'avocate générale avait alors demandé aux jurés de "dépasser les silences" des accusés, en appelant à leur "bon sens". "Regardez chaque élément l'un à côté de l'autre pour avoir une cohérence. Quand vous aurez aligné tous ces hasards, vous ne direz plus que c'est un hasard", avait soutenu Maryvonne Caillibotte. 

Fisal Faïd, frère de et grand absent

A la barre, les accusés, gouvernés par la loi du silence, s'étaient empêtrés dans des explications rocambolesques : certains étant tombés de manière fortuite sur une fourgonnette remplie d’armes et d’argent lors d'une sortie VTT dans les bois, un autre se retrouvant sur des images de vidéosurveillance compromettantes parce qu’il avait suivi contre son gré un gamin malade qu’il ne connaissait pas. "On nous prend pour des cons", avait lâché Me Lienard. La vérité, tant espérée par la famille d'Aurélie Fouquet au début du procès, n'aura finalement jamais éclaté au grand jour. A défaut, la cour s'est chargée ce mercredi soir de "dépasser les silences" et de distribuer les rôles.

En sortant du Palais de justice, Elisabeth Fouquet, submergée par l'émotion, a simplement promis de "poursuivre le combat". "Il en manque un et c'est notre prochaine bataille", a développé pour elle son avocat Me Lienard. La famille espère désormais voir juger Fisal Faïd. Ce mercredi, il aurait dû se retrouver aux côtés de son frère Redoine Faïd. Mais au lendemain de la fusillade mortelle, Fisal s'était envolé vers l'Algérie.

EN SAVOIR + 
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Maud VALLEREAU

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