Procès Heaulme : "Francis a un cœur, pas une pierre", assure sa soeur

Maud Vallereau, à Metz
Publié le 27 avril 2017 à 21h41
Procès Heaulme : "Francis a un cœur, pas une pierre", assure sa soeur

JUSTICE – Le tueur en série Francis Heaulme est jugé depuis mardi devant la cour d’assises de Metz pour les meurtres de deux enfants de 8 ans, à Montigny-les-Metz, en 1986. Ce jeudi, les proches de l’accusé étaient entendus. A la barre, sa sœur est venue prendre sa défense.

Une grande silhouette frêle s’agite à la barre. Le tueur en série ne la lâche pas des yeux. Il pose sur elle un regard tendre que le public de la cour d’assises de Moselle ne lui connaissait pas. Christine Heaulme ne dépeint pas un monstre, juste un frère qu’elle aime viscéralement, en dépit de l’horreur. Ce bout de femme qui lui ressemble tant pourrait-elle à elle seule expliquer l’énigme Heaulme ? Le témoin balaie d’emblée les accusations de l’ancien codétenu qui assurait que si le « routard du crime » n’avouait pas  le meurtre à coups de pierres des deux enfants de Montigny, c’était par peur qu’elle ne vienne plus le voir en prison.  « C’est faux, archi faux ! Quoi qu’il ait fait, je resterai près de lui. Je serai toujours là pour toi Francis », jure-t-elle en se tournant vers son frère. « Est-ce que c’est toi qui as tué ? » - « Non c’est pas moi », lance l’accusé en larmes. Le président les interrompt. 

A sa demande, Christine Heaulme revient sur l’enfance bercée par la violence d’un père bien plus intéressé par l’alcool et le tiercé. « Mais on ne peut pas dire qu’on a été des enfants battus ,» ajoute celle qui semble s’être construit une carapace pour mieux se protéger de cette famille qui ne l’a pas épargnée. A propos de l’agression sexuelle qu’elle aurait subie de son père un soir où il était ivre, elle élude : « Non, il ne m’a pas violée. Il venait de perdre sa femme. Il m’a demandé de venir me coucher à côté de lui. Il a cru voir ma mère, il m’a fait des attouchements mais il n’y a pas eu pénétration. Et puis j’avais 18 ans ». 

"Il l’a giflée, elle est morte"

Vient le décès de leur mère, évènement cataclysmique dans la vie de Francis Heaulme qui a voulu se jeter  dans la tombe le jour de l’enterrement. C’est Christine Heaulme qui s’est chargée de lui annoncer sa mort : « Il regardait un dessin animé. Je lui ai dit : ‘On va aller choisir une robe pour maman’ - ‘ Ah, elle va sortir (de l’hôpital) ?’ - Non, maman est partie ». Encore aujourd’hui, elle s’en veut beaucoup. Parce qu’un an après, elle est tombée amoureuse de celui qui allait devenir son mari. Et a eu le sentiment « d’avoir abandonné son frère pour un homme ». « J’avais des œillères, j’ai oublié Francis, il est devenu vagabond, soupire-t-elle. Francis c’est une personne compliquée, qui tombe toujours dans de mauvaises situations. Il a son caractère mais il a un cœur, pas une pierre ». 

Christine Heaulme n’aime pas trop parler des crimes. Il ne lui en a raconté qu’un seul, celui de Sylvie Rossi. « Une femme blonde  qui l’a pris en stop. Elle était saoule, elle lui a fait des attouchements, il l’a giflée, elle est morte », résume le témoin. « Il l’a tellement giflée qu’on ne reconnaissait plus son visage », précise le président. "Il faut qu'on comprenne le mécanisme de votre frère », insiste-t-il. Christine Heaulme, aujourd’hui mère de quatre enfants, dit avoir souvent « bassiné » son frère avec « Montigny-lès-Metz ». Cette histoire, elle ne l’a «  pas trop appréciée parce que c’était des enfants. Ils ont dû souffrir ». Mais le tueur en série a répété qu’il n’y était pour rien. Alors elle l’a cru. 


Maud Vallereau, à Metz

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