Procès Balkany : "Quand un homme politique arrête, il meurt"

Alexandra Guillet
Publié le 12 juin 2019 à 10h52
JT Perso
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Source : 24H PUJADAS, L'info en questions

PROCÈS - Après quatre longues semaines d’audience, pour sa dernière prise de parole, deux jours avant le réquisitoire très attendu, Patrick Balkany a dit ce mardi regretter "sa manie d’avoir toujours voulu faire plaisir" et clamé une nouvelle fois tout son amour pour sa ville.

Debout face au président, campé dans son costume bleu marine, mains appuyées sur la barre, Patrick Balkany a été le dernier des cinq prévenus présents à s’exprimer ce mardi après-midi. Avec au programme, non plus les comptes en banque ou les montages financiers mais l’humain, l’homme. Sa vie, le maire de Levallois-Perret la résume ainsi : "Pendant 35 ans, j’ai aidé les autres." 

Devant une salle d’audience pleine à craquer, il retrace avec entrain ses débuts au RPR, sa première campagne électorale à Auxerre, "là où il a peut-être le plus appris". Puis sa conquête de la ville de Levallois-Perret en 1983. Une campagne violente, émaillée de coups de hache et de tirs contre sa permanence. "La conquête des villes communistes, c’était sportif à l’époque", lâche-t-il. Et d’expliquer, le débit rapide, comment il a, à son arrivée, mis fin à certaines pratiques, avec ces "20 voitures récupérées place du Colonel Fabien [où se trouve le siège du PCF, ndlr]", la radiation de 5000 électeurs qui habitaient dans des rues qui n’existaient plus, ou encore comment il a découvert que sa ville était le fournisseur officiel de boissons à la fête de l’Humanité.

"C’est 45 ans de grand bonheur de s’occuper d’une ville"

Interrogé par le président sur la longévité de sa carrière politique, l’édile ne réfléchit pas longtemps. Sa réponse fuse : "Quand un homme politique arrête, il meurt." D’après lui, "le seul élu qui soit aimé c’est le maire". "C’est 45 ans de grand bonheur de s’occuper d’une ville, des jeunes, des moins jeunes, des femmes seules... ça a été mon lot. Pendant 35 ans j’ai aidé les autres, aidé les enfants, quel que soit leur milieu social. J’ai quatre petits-enfants mais j’ai l’impression d’en avoir 5000 dans ma ville qui, quand ils me voient, me sautent au cou." 

Intarissable, le maire, qui encourt jusqu’à 10 ans de prison et une peine d’inéligibilité détaille alors, volubile, tout ce qu’il a fait pour sa ville. "Il y a avait tout à faire, les écoles, les équipements sportifs, culturels, même le lycée il a fallu le faire tout seul." Et de citer ces "70% d’immeubles qui n’avaient pas de WC", les problèmes d’éviers qu’il a fallu régler, mais aussi les "10.000 places de parking" qui ont été construites. Même les trottinettes y passent. 

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"Je suis solide mais je ne suis pas insensible"

Mais que pense-t-il de cette image d’homme d’argent ? "C’est vrai qu’elle me colle à la peau depuis très longtemps", reconnaît Patrick Balkany, concédant "aimer les gros cigares" et avoir quelques stars pour amis. "Ma femme et moi sommes nés dans des familles aisées. Ma femme vous l’a dit, on a été beaucoup plus cigale que fourmi." "Les coffres-forts ne suivent pas les cercueils. L'argent, il faut s’en servir pour faire plaisir à la famille, aux amis…", ajoute-t-il. Non sans avoir rappelé que "le fisc s’est déjà occupé de faire en sorte que nous n’ayons plus rien pour vivre", le prévenu lâche : "Avec ce procès, ce que je regrette le plus, c’est ma manie de toujours vouloir faire plaisir. Par exemple, d’avoir demandé à Jean-Pierre [Aubry] et Arnaud [Claude] d’aider ce monsieur [il désigne alors le milliardaire saoudien Al-Jaber, lui aussi sur le banc des accusés]. Si j’avais pas cette fâcheuse manie, on n'en serait pas là."

Prenant une dernière fois la parole, le maire de Levallois-Perret tente de jouer la carte de la sensibilité : "C’est très dur monsieur le président d’avoir passé sa vie à servir les autres et aujourd’hui de servir de pâture, de bouc émissaire sur les réseaux sociaux. Mon épouse s’en est pas remise. Je suis solide mais je ne suis pas insensible." Avant d’ajouter : "Heureusement que j’ai les Levalloisiens derrière moi…"

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Avec Patrick, "ce fut le coup de foudre immédiat"

Avant lui, c’est son épouse, Isabelle qui avait pris la parole, par l’intermédiaire de son avocat, Maître Pierre-Olivier Sur. Ce dernier, avant de lire la longue lettre de sa cliente, a une nouvelle fois expliqué "qu’elle aurait aimé être là, mais que les problèmes de santé se succèdent". Dans ce courrier, elle reconnait avoir commis "une faute", en plaçant de l’argent hérité et caché dans la villa Pamplemousse, sur l’île de Saint-Martin, sans en avoir averti le fisc. Revenant sur son parcours, la première adjointe à la mairie de Levallois évoque son enfance dorée, avec un père ayant fait fortune dans le caoutchouc, ses études de droit à Nanterre, son stage au journal Combat, et sa rencontre en 1975 avec celui qui deviendra son époux. "Ce fut le coup de foudre immédiat, pour la vie." "J’ai tout abandonné pour suivre mon mari dans la voie politique", souligne-t-elle, avant de parler de son propre engagement, notamment dans les collèges. "Je suis fière de ce que j’ai accompli." 

N’omettant rien, elle revient aussi sur cette année 1995 quand, battu aux municipales, son mari "part avec une femme plus jeune". "J’ai été fragilisée psychologiquement", affirme-t-elle, expliquant l'avoir "accepté immédiatement" lorsqu'il est revenu. 

"Nous avons sans doute été plus cigales que fourmis", reprend-elle. "Mais nous avions largement de quoi avoir notre train de vie, je ne souhaite pas m’ériger en victime." "J’ai commis une faute mais j’ai déjà largement payé." Et d’insister : "Je n’ai jamais été corrompue. Je n’ai jamais eu d’emploi fictif."

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"Ce n’est pas simple de porter le nom Balkany"

Juste avant la lecture de cette lettre, c’est son fils, Alexandre, lui aussi prévenu, qui s’était avancé à la barre. A 38 ans, il vit depuis plusieurs années en Angleterre avec ses deux enfants. Il dirige une entreprise de production audiovisuelle, mais assure, qu'il lui est "difficile" d’obtenir des contrats. Avec une mise en examen qui a bloqué sa carrière, le paiement de la caution d’un million d'euros de sa mère qui l’a mis sur la paille, ses cinq jours passés à Fleury-Merogis dont il garde "un très mauvais souvenir", le divorce demandé par sa femme... "Aujourd’hui, j’essaie de remonter la pente, mais ce n’est pas simple de porter le nom de Balkany. Y compris en Angleterre." A la barre, il ne s’épanche pas sur son enfance "aisée" avec sa sœur, évoque plutôt des parents "pas beaucoup vus à la maison". 

"C’est pas simple d’être un enfant de politique. On a beaucoup souffert moi et ma sœur de la publicité de mes parents. Je suis fier de tout ce qu’ils ont fait, mais moi je n’ai jamais voulu être politique, je n’ai pas voulu ça pour mes enfants." L’audience reprendra ce jeudi, avec le réquisitoire. 


Alexandra Guillet

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