Jawad Bendaoud : le "logeur de Daech" jugé en appel pour avoir hébergé des terroristes

Publié le 19 novembre 2018 à 19h32
Jawad Bendaoud : le "logeur de Daech" jugé en appel pour avoir hébergé des terroristes

JUSTICE – Le procès en appel de Jawad Bendaoud débutera ce mercredi à Paris. Jusqu’au 21 décembre, celui qui fut surnommé le "logeur de Daech" comparaît pour "recel de malfaiteurs terroristes" pour avoir fourni l'appartement où Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh s'étaient cachés, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Les deux djihadistes y étaient morts le 18 novembre dans l'assaut du Raid.

Un mois de procès, trois salles (une salle d’audience et deux pour retransmettre les débats), 780 parties civiles, des dizaines d’avocats, trois prévenus. Le procès en appel de Jawad Bendaoud débutera ce mercredi dans l’enceinte du palais de justice de Paris. 

Surnommé le "logeur de Daech" pour avoir fourni un appartement à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) à Abdelhamid Abaaoud, considéré comme un des cerveaux des attentats de Paris, et Chakib Akrouh, Jawad Bendaoud est poursuivi pour "recel de malfaiteurs terroristes". C’est lui qui avait fourni la planque aux terroristes. Il avait été relaxé le 14 février dernier pour ces faits. Le tribunal correctionnel a jugé qu'il n'était "pas prouvé" que Jawad Bendaoud avait "fourni un hébergement à deux individus qu'il savait être des terroristes du 13 novembre, afin de les soustraire aux recherches et éviter ainsi leur arrestation". Le trentenaire était sorti de prison le jour même après avoir été détenu vingt-sept mois à l'isolement. Le procureur de la République de Paris avait interjeté appel le jour même. Suivi, un peu plus tard,  par 681 parties civiles. 

Il comparaît libre

C’est donc libre que comparaîtra Jawad Bendaoud, 32 ans. Contacté par LCI deux jours avant son procès, ce dernier n’a pas répondu à nos sollicitations. Un de ses avocats, Xavier Nogueras, nous indique qu’"aucune déclaration" ne sera faite avant le procès. "Il garde sans doute ses déclarations et son show pour le tribunal. Il prépare son spectacle", estime une partie civile, en référence au comportement du prévenu au cours du premier procès, en janvier et février dernier. 

Des dizaines d’entre elles avaient été à cette occasion très choquées par le comportement du prévenu, comme Patrick, dont la fille Nathalie qui travaillait au Bataclan est décédée le soir du 13 novembre 2015. "J’ai été outré, lors des débats, par les rires qu’ont suscités à certains moments les déclarations des prévenus. Moi cela ne me fait pas rire du tout. Je suis ici pour suivre les débats dans un procès des complices de l’assassinat de ma fille et je ne suis pas ici ni en représentation ni au spectacle... Bendaoud a réussi à transformer le tribunal en comédie de boulevard en faisant son show, le 'Jawad comedy club' comme j'ai pu le lire dans la presse... Moi il ne me fait pas rire du tout, bien au contraire", avait dit le père de famille ému et en colère. 

"Nous espérons que Jawad Bendaoud aura cette fois pris conscience qu’il faut arrêter de faire le pitre. Mais comme ça lui a servi au premier procès, puisqu’il a été relaxé, il va peut-être continuer, déclare Me Mehana Mouhou, qui représente, avocats de 62 des parties civiles dont une cinquantaine du 48 avenue de la République. Il faut que ce procès se passe, cette fois, dans la sérénité et le respect. Il ne faut pas que ce soit encore un théâtre du rire et des mauvaises blagues. Car si ce procès n’est pas celui des attentats, il y a des victimes, des personnes sinistrées et qui continuent de souffrir aujourd’hui de tout ce qu’ils ont vécu. Les personnes que je représente n’ont pas envie de rire du tout. Elles sont bouleversées". 

Plusieurs condamnations depuis

"Si je sors de prison, je fais plus rien d'illégal", avait juré Jawad Bendaoud devant le tribunal en février dernier. "Il ne veut plus jamais, jamais, avoir affaire à la justice", avait renchéri son avocat Xavier Nogueras. Mais ce délinquant multirécidiviste, notamment condamné en 2008 à huit ans de prison pour une rixe dans laquelle son meilleur ami a été tué et pour détention de stupéfiants, a rapidement refait parler de lui.

A sa sortie, il aurait déclaré à son ex-compagne : "Je les ai niqués une fois, je les aurai une deuxième fois". La phrase, selon les informations d'Europe 1,  avait été rapportée aux gendarmes par celle-ci lorsqu'elle a porté plainte contre lui en mars pour menace de mort. Une plainte retirée quelques semaines plus tard. Jawad Bendaoud avait écopé de six mois avec sursis en comparution immédiate dans cette affaire en avril dernier.

En juillet, il a été condamné à huit mois de prison pour avoir injurié des policiers à Saint-Denis, une peine qu'il effectue avec un bracelet électronique. Enfin, début novembre, il a été condamné en appel à un an de prison avec sursis assorti d'une mise à l'épreuve pour avoir violenté et menacé de mort son ex-compagne. 

Deux autres prévenus jugés

Deux autres prévenus comparaîtront du 21 novembre au 21 décembre. Comme Jawad Bendaoud, Mohamed Soumah, 29 ans, sera jugé pour "recel de malfaiteurs terroristes". Il avait été condamné à cinq ans d'emprisonnement le 14 février dernier. Il avait eu le rôle d'intermédiaire, en mettant en contact Hasna Aït Boulahcen, chargée de trouver une planque aux deux djihadistes en fuite, et Jawad Bendaoud. 

Youssef Aït Boulahcen, troisième prévenu dans ce dossier, est jugé pour "non-dénonciation de crime terroriste". Agé de 26 ans aujourd’hui, il a lui été condamné à quatre ans de prison, dont un an avec sursis. Il s'agit du frère d'Hasna Aït Boulahcen et du cousin d'Abdelhamid Abaaoud. Cet homme qui n'a pas été placé en détention après sa condamnation comparaîtra libre en appel. Il a changé son nom de famille depuis les faits. 

L’infraction de recel de terroriste ou de criminel est punie de trois ans d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende. La peine encourue est portée au double lorsque la récidive légale est visée. L’infraction de non-dénonciation de crime terroriste est punie de cinq ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende. S'il est condamné en appel, Jawad Bendaoud pourrait retourner en prison dès le 21 décembre si le tribunal délivre un mandat de dépôt.  


La rédaction de TF1info

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