COMPTE-RENDU - Au troisième jour du procès de l’affaire Alexandre Junca, les experts scientifiques et psychiatriques ont défilé à la barre afin de mieux cerner les quatre accusés. La personnalité du chasseur de Cabidos, qui est soupçonné d’avoir découpé le corps de l’enfant, a été passée au crible. La veille, il avait nié en bloc les faits qui lui sont reprochés.
"Millimètre par millimètre" C’est ainsi que les experts scientifiques ont évolué dans la cave de l’appartement où aurait été caché le corps d’Alexandre Junca, retrouvé démembré dans le Gave des mois plus tard. Les hommes en blouse blanche y ont passé deux jours. Un travail minutieux, quasi chirurgical, qu’ils ont répété sur les couettes de Fatima Ennajah, le marteau de Mickaël Baehrel, le domicile de Claude Ducos, ses congélateurs, sa scie à boucher, celle à métaux, ses 15 couteaux… Ce jeudi matin, le biologiste Christian Doutremepuich, venu dérouler ses analyses projetées sur les écrans de la salle d’audience de la cour d’assises de Pau, est formel : aucune trace de l’ADN de l’enfant de 13 ans.
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C’est là toute la difficulté du dossier : les preuves matérielles pouvant incriminer formellement Claude Ducos manquent. Il n’y en a pas beaucoup plus pour les co-accusés Christophe Camy et Mickaël Baehrel, à l’exception près que ceux-là ont avoué. Le premier a reconnu avoir volé le portable d’Alexandre Junca, le 4 juin 2011 au soir, dans le centre-ville de Pau. Le deuxième, raconté, sans vraiment pouvoir l’expliquer, avoir frappé à coups de marteau, de pied et de poing le collégien. Puis avoir transporté son corps, enroulé dans une couette, dans la cave de sa compagne Fatima Ennajah. Selon le récit de Baehrel, Claude Ducos, 76 ans, lui a ensuite rendu service en emportant le corps dans sa 605.
"Le déni protège"
Avant de revenir quelques jours plus tard en 4x4. "Les sièges arrières étaient pliés, il y avait des sacs, et une odeur que jamais j'oublierai. On est allés au bord du Gave pour les enterrer", avait raconté le principal accusé mercredi. Le chasseur de Cabidos a lui toujours nié en bloc les accusations portées contre lui par son ancien "amant" et pour lesquelles il risque 3 ans de prison. "On voit souvent aux assises des faits plus graves en termes de condamnation avoués et des actes moins graves tus", explique le psychiatre Thierry Della. En ce début d’après-midi, le président interroge l’expert sur le mécanisme du déni, "indépendamment" de l’affaire jugée. Mais tous les regards sont tournés vers le doyen des accusés. "Découper un gosse, c’est pas pensable. C’est affreux !", a-t-il répété la veille devant le commissaire divisionnaire qui déroulait l’examen troublant de sa téléphonie avec Baehrel la nuit et le lendemain du crime.
"Il y a des degrés de facilité dans les aveux. Tuer sans raison un enfant, c’est déjà inavouable. Quand on parle de démembrement, ça devient extrêmement difficile, on est loin dans l’horreur. Les barrières morales sont puissantes", poursuit M. Della. "Reconnaître quelque chose qu’on a commis, c’est porter sur soi-même un regard critique. Le déni protège du sentiment de culpabilité, un sentiment pénible. C’est un processus de protection, on n’est pas confronté à la réalité de ce qu’on a fait.", renchérit le psychologue Alain Dumez. L’expert estime que Claude Ducos a toujours "compartimenté" sa vie. D’un côté, celle connue de sa famille et des chasseurs du Béarn, qui brossent le portrait d’un homme "dévoué", "doté d’une autorité naturelle". "C’est un meneur d’hommes, un meneur de chiens, un chef de battue", dira une enquêtrice de personnalité un peu plus tôt. De l’autre, celle avec les jeunes marginaux à qui il file "la pièce" contre des fellations. "Il n’a pas une double vie, il cloisonne les choses. Il peut ressentir des émotions, mais il les met à distance. C’est très efficace, ainsi, on n’a pas besoin de s’expliquer", analyse le docteur Dumez, qui conclut à une question de la cour : "Oui, il n’y a pas d’incompatibilité entre sa personnalité et les faits qui lui sont reprochés".
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