Après le témoignage du Dr Blachère, expert-psychiatre, ce mardi matin, l'accusé a pris la parole.Il est revenu sur le moment où il s'est retrouvé dans son Audi avec Maëlys.L'ancien maître-chien a confirmé avoir volontairement donné la mort à l'enfant.
C'est à l'invitation de la présidente de la cour d'assises, Valérie Blain, ce mardi 15 février, peu avant 14h, qu'il a pris la parole. Après avoir entendu pendant plus de 4 heures les conclusions du rapport du Dr Patrick Blachère, expert-psychiatre, Nordahl Lelandais a voulu donner sa vision des choses sur ce qu'il s'était passé dans la nuit du 26 au 27 août 2017, après qu'il a rencontré Maëlys à un mariage à Pont-de-Beauvoisin (Isère).
À la présidente qui lui demande pourquoi il avait enlevé Maëlys, l'ancien militaire répond : "Je ne l’emmène pas dans ma voiture pour la tuer. Je l’ai expliqué vendredi après-midi. Elle est montée dans ma voiture pour aller voir mes chiens. Je ne l’ai pas enlevée volontairement."
"Et vous allez la tuer", enchaîne la présidente. "C’est un moment inexplicable. Je pète un plomb. Je l’entends pleurer. Je lui mets un coup. Ce sont des coups volontaires. Je reconnais mes coups", poursuit l'accusé. Valérie Blain lui rappelle alors que vendredi dernier, à l'audience, il a "reconnu avoir tué volontairement Maëlys". "Lorsque je mets des coups à Maëlys, j’ai l’intention de la tuer, oui", confirme le trentenaire, debout dans le box.
Pourquoi, alors qu'il allait ne faisait qu'aller se réapprovisionner en cocaïne, selon lui, et montrer ses deux Malinois à la fillette, la situation a ainsi dégénéré dans son Audi A3 ? Nordahl Lelandais évoque une "pulsion" suite à une "hallucination". Il explique qu'alors que Maëlys est assise à côté de lui côté passager, il la regarde et voit "le visage de Monsieur Arthur Noyer". "Une peur surgit d’un coup. Je veux que cette peur cesse", explique-t-il.
"Vous avez ressenti quoi juste après la mort de Maëlys ?", questionne la présidente. "Je suis dans une incompréhension totale. Je ne sais même pas s’il fait jour, s’il fait nuit, qui je suis. C’est une façon de dire que je ne sais pas ce qu’il se passe à ce moment-là."
"Je fais n’importe quoi"
Valérie Blain lui rappelle que peu après avoir ôté la vie à la fillette de 8 ans, il retrouvera ses parents et les autres invités à la salle des fêtes. "Oui, je retourne au mariage. Je me rends compte de ce que j’ai pu faire", admet l'accusé.
- "Vous vous en rendez compte avant, ou c’est seulement en arrivant ?", insiste la présidente.
- "Non, c’est un peu avant. Je sais qu’il y a quelque chose de très grave qui vient de se produire. J’en suis conscient à ce moment-là. Mais quoi faire ?", sonde Nordahl Lelandais.
Que ressent-il quand il va chercher le corps de l'enfant dans la forêt ? "Y’a plein de choses qui se passent. Je ne sais pas où aller. Qu’est-ce que je ressens ? Beaucoup de choses. J’ai de la honte. De la culpabilité, j'en ai aussi. Mais je suis incapable d’appeler les secours, de prévenir quelqu’un. Je suis incapable de faire le 17".
- "Je parle d’abandonner le corps de Maëlys dans la montagne", précise la présidente.
- "Je suis incapable de faire quelque chose de correct. De rationnel. Du coup, je fais n’importe quoi."
- "Vous faites ce qui ressemble fort à ce que vous avez fait avec Arthur Noyer", relève la présidente.
S'ensuit un silence de Nordahl Lelandais. "Autre chose à dire ?", demande Valérie Blain. Un ange passe à nouveau. "Je sais que je ne suis pas cru, mais c’est la vérité. J’essaie de faire au maximum. Je sais que ça peut heurter mais... "commente l'accusé.
Après ces réponses, le médecin psychiatre Patrick Blachère, entendu toute la matinée par la cour d'assises en qualité d'expert, demande à Nordahl Lelandais comment il "se protège" pour éviter de voir à nouveau Arthur Noyer dans d'autres personnes. "Je lis l’enseignement sur le bouddhisme. Par exemple, je transforme ma colère et mon énergie en sagesse, explique l'accusé. Par exemple lorsque l’on dit : 'J’ai mal au ventre', on peut pas dire : 'mal de ventre va-t'en'. Il faut s’en occuper, donc on prend des médicaments."
Puis il ajoute : "La colère, c'est comme ça. C’est apprendre à se dire qu’elle est là. C’est de la spiritualité, je sais. Si je suis en colère, alors je vais en prendre soin. Je ne vais pas la rejeter. Je vais l’accompagner. Cette colère, il faut que je la comprenne. Que je l’apaise", conclut l'accusé. Après cet échange, l'audience a ensuite été suspendue pour la pause méridienne.