Procès Lelandais : la prison à perpétuité avec 22 ans de sûreté requise par l'avocat général

Publié le 17 février 2022 à 12h30

Source : JT 20h Semaine

L'avocat général Jacques Dallest a prononcé son réquisitoire, ce jeudi.
À l'encontre de l'ancien maître-chien, il a requis la perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans.
Le verdict est attendu vendredi 18 février.

La soirée de mariage, la fête qui vire au cauchemar, l'inquiétude des parents. Comme les avocats de la partie civile, l'avocat général Jacques Dallest a recontextualisé, au début de son réquisitoire, ce jeudi 17 février, la succession d'événements qui ont mené à ce qu'on appelle désormais "l'affaire Maëlys". Une disparition devenue "enlèvement séquestration" avant d'être requalifié en "enlèvement suivi de meurtre" quand une trace de sang de la fillette de 8 ans fut retrouvée, six mois après les faits, dans le coffre de l'Audi A3 de l'ancien maître-chien. 

À l'encontre de celui qu'il ne qualifie pas de "tueur en série" mais qu'il considère comme un  "psychopathe", le représentant du ministère public a requis une peine à la hauteur de ses crimes. "Je vous demande de déclarer Nordahl Lelandais grand criminel, prédateur et coupable des faits reprochés, à savoir l’enlèvement, la séquestration et le meurtre de Maëlys, les agressions sexuelles sur deux petites cousines, ainsi que la détention et l’enregistrement d’images pédopornographiques. Je demande donc la réclusion criminelle à perpétuité. C’est une peine juste, adaptée. Avec son extrême dangerosité, je demande d’assortir la peine d’une période de sûreté de 22 ans".

Pour Jacques Dallest, en 2017, Nordahl Lelandais "est celui qui a la belle vie". CeluiCelui qui "ne fait rien, vit des indemnités pendant que les autres travaillent". "Il avait tout : des parents, une sœur, des emplois qu’il n’a pas voulu garder, des concubines, des maîtresses, des chiens, un physique. Mais aussi un côté manipulateur, impulsif, menteur, jaloux", soutient l'avocat général.

Le maître-chien est aussi "un polysexuel, amateur de prostitués et pédophile". "Il détenait des photos de très jeunes enfants" et faisait des recherches avec des mots comme "teen" ("adolescent(e)", en français). "Il est passé du sexe virtuel au réel", poursuit Jacques Dallest, citant les agressions commises par l'accusé sur deux petites cousines, à l'été 2017, avant qu'il ne s'en prenne à Maëlys. Même en prison, son attirance pour le sexe est sans fin. Depuis sa cellule, il consulte des sites pédopornographiques avec l'aide de son téléphone. "Il est toujours dans cette recherche de sexualité impulsive, illégale."

"Il est probable que Maëlys agonise dans le véhicule"

"Les mariés parlent de 'loup dans la bergerie', rappelle l'avocat général. Pour moi, c’est plutôt le criminel à la noce". Il détaille la souffrance qu'a dû ressentir Maëlys une fois aux mains de l'ancien militaire. "Intensité des coups, violence en plein visage… et une victime qui ne peut pas s’enfuir. Alors, c’est une intention caractérisée d’homicide. Il tue une enfant à main nue. 17 km entre son domicile et la forêt. Il s’éloigne. Il reste toujours des questions sans réponses. On parle d’enlèvement et de séquestration, car elle était contrainte. On le voit sur les images de vidéosurveillance. Le meurtre ? 1,83 m, 85 kilos et 8 ans, 28 kilos. Voilà." Il poursuit : "Les coups sont d’une extrême violence. Trois, quatre. Un décès par cause neurologique possible (traumatisme crânien) ou hémorragique ou asphyxie. Trois fractures (mâchoire et nez). Il est probable que Maëlys agonise dans le véhicule, car la mort n’est pas immédiate."

Malgré cela, Nordahl Lelandais reprend une vie normale. "Les semaines d’après sont incroyables : suppressions de vidéos, photos, résiliation de sa ligne téléphonique. Il recherche toujours les mots 'teen' sur des sites pornos et lave son véhicule. Il va réclamer l’argent de la cocaïne consommée au mariage… Il reprend sa vie ordinaire. Maëlys a été l’enfant à sa merci. Évidemment que le mobile est sexuel". Et, comme il l’avait fait pour le caporal Noyer, il a "tout fait pour qu’on ne retrouve pas le corps de Maëlys". "On ne sait donc pas s’il y a eu des agressions sexuelles. L’élément matériel fait défaut. Pas d’ADN, pas de traces sur le corps", regrette l'avocat général, convaincu pour sa part que la fillette a été agressée ou violée par l'accusé.

Quelles sont les causes de cette "rage criminelle" ? "La drogue n’excuse pas. On est sur une consommation volontaire. Donc, il faut en assumer les conséquences. Rage contre l’armée. C’est un échec. Rage contre l’enfant. Il aurait pu en avoir. Ses trois concubines sont tombées enceintes avant d’avorter. Mais n’est-ce pas une rage contre les parents ? Ses amis sont devenus parents. En tuant Maëlys, c’est tuer l’enfant du bonheur."

Pour Jacques Dallest, Nordahl Lelandais est l'antithèse des parents de Maëlys. "C’est l’homme qui n’a pas d’émotion, qui peut tuer avec une froideur glaçante et répétée. L’homme à la double personnalité, avec une addiction sexuelle". C'est aussi, "un raté de la vie qui a fait parler". "Nordahl Lelandais, vous avez détruit une vie en avril 2017 et en août 2017. Vous avez agressé sexuellement deux jeunes enfants. Vous avez semé le désespoir et la souffrance durable. Vous êtes un destructeur de bonheur", a lancé l'avocat général à l'accusé avant de demander à la cour et aux jurés de l'envoyer en prison pour grand criminel.

Le verdict est attendu vendredi.


La rédaction de TF1info

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