Procès Lelandais : "Tu as eu quoi ? Une pulsion sexuelle ?", interroge une amie de l'accusé

A.S, avec Thibault Malandrin à Grenoble
Publié le 1 février 2022 à 19h21

Source : JT 20h Semaine

Coralie puis Nazim, deux anciens amis de Nordahl Lelandais, ont témoigné ce mardi devant la cour d'assises de l'Isère.
Ils se sont directement adressés à celui qu'ils surnomment "Nono".
Ils lui ont demandé de parler et de dire la vérité.

Elle est arrivée en milieu d'après-midi, ce mardi 1er février, après le témoignage de son petit ami, Fabien, plus tôt dans la matinée, et juste après celui de Sven Lelandais, frère de Nordahl, qui avait déclaré que son cadet n'est "pas violent". 

Comme lui, Coralie assure que Nordahl, qu'elle a connu en 2009, n'était "pas quelqu'un de mauvais", de "méchant" et qu'il était "même protecteur". "Ça s'est toujours très bien passé. Je l'ai jamais vu se battre. Je l'ai jamais vu agressif," dit-elle, ne quittant pas l'accusé des yeux avant que la présidente ne lui rappelle qu'elle doit s'adresser à la cour. Nordahl Lelandais, lui, fond en larmes, visiblement émue de voir cette femme à quelques mètres de lui.

Le témoin poursuit, précise que son ancien ami "ment souvent" et confirme qu'il avait du mal à supporter ses ruptures avec ses compagnes. Selon elle, il avait des difficultés à se remettre en question après une relation. "Il était persuadé d'avoir raison". 

À elle aussi, Nordahl Lelandais avait dit avoir vu des choses choquantes et traumatisantes en mission avec l'armée. "Il parlait de gens qui se faisaient tuer".

Coralie en vient ensuite au drame survenu dans la nuit du 26 au 27 août 2017 à Pont de Beauvoisin. "Après la première garde à vue (de Nordahl Lelandais, le 31 août 2017, ndlr), on regardait la télé et y'avait un reportage sur Maëlys. J'ai vu qu'il ne regardait pas la télé... Je sais qu'il aurait sorti ses chiens pour aider la retrouver. Mais là, il l'avait pas fait", confie Coralie. "Jamais il aurait fait du mal à une petite fille. Il était câlin, protecteur. Je comprends pas ce qui s'est passé", ajoute le témoin. 

"T'as eu une pulsion sexuelle?"

Puis, à l'invitation de la présidente de la cour d'assises, Valérie Blain, elle adresse ses mots à son ancien ami : "Nono, parle ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Tu t'es dit quoi ? Pourquoi t'as fait monter la petite dans ta voiture ? T'as eu une pulsion sexuelle ?".

  

Elle continue : "Nono, tu ne peux pas dire que tu as amené une petite voir tes chiens à 3h du matin. Je sais que tu mens. Tu sais que je sais. Regarde les parents. Je suis sûr que tu te rends pas compte. T'as pas d'empathie, pas de culpabilité. Tu ne ressens pas ces choses-là. Tu ne te rends pas compte !"

Elle rappelle ensuite à l'accusé qu'elle et lui se sont vus une semaine après le meurtre. "T'avais l'air normal. On peut pas être normal après avoir fait ça. C'est pas possible, Nono. Je comprends pas. Pourquoi tu parles pas ? Pourquoi tu dis pas la vérité ? Tu le dis pas parce que t'as peur de la vérité ? Je sais que tu ne diras pas la vérité pour ton image. Mais ça ne sera pas pire, Nono. "

Intarissable, Coralie poursuit : "T'as un problème. T'en es conscient, quand même ? Pourquoi pas nous ? T'as tué des gens et pourquoi pas moi ? Je t'ai raccompagné en voiture et il s'est rien passé. Elle avait quoi cette petiote ? Elle était là, elle s'amusait. Elle était juste là au mauvais endroit au mauvais moment". 

Elle insiste, cherchant à comprendre comment son ami a pu commettre l'irréparable. "Tu as eu quoi ? C'est quoi, Nono, le problème ? Une pulsion sexuelle ? T'as pris de la cocaïne ? Je sais pas. Je comprends pas. Tu sais que tu es très intelligent. Si si si, tu es très intelligent. Ça l'énerve parce que je dis ce qu'il a pas envie d'entendre. Parle ! Tu t'es dit quoi quand t'as mis cette petite dans la voiture ?. Nordahl Lelandais réagit  finalement "Je n'ai jamais parlé." "Mais parle ! Fais comme s'il y avait personne et parle", ordonne le témoin. "Je m'expliquerai plus tard. Bien-sûr que je m'excuse auprès des amis", lâche l'accusé. 

L'avocat de la défense, Me Alain Jakubowicz intervient ensuite pour mettre fin à cette séquence forte en émotion, arguant d'un "problème de méthode". Car l'audience, a-t-il rappelé, est consacrée à la personnalité de l'accusé et non à l'examen des faits.

Après Coralie, c'est au tour de Nazim, autre ami de Nordahl Lelandais, de témoigner. "Comment mon pote a pu faire ça ? C'était quelqu'un de super sympa, que j'aimais recevoir, en qui j'avais confiance, bienveillant", se souvient-il. "La petite Maëlys, je la connaissais pas mais je pense à elle tous les jours. Y'a pas un jour de ma vie où je ne pense pas à elle. J'arrive même pas à ne pas être triste pour Nordahl. Je peux pas oublier que c'est mon pote. Et je peux pas m'empêcher d'être triste"

"Je reste persuadé qu'il s'est passé quelque chose. Je sais qu'il parle pas, mais il doit prendre conscience qu'il a une seule chance : pouvoir être condamné en ayant compris. Tout le monde doit pouvoir comprendre pourquoi notre pote a basculé. Et cette chance, il faut la saisir maintenant, continue le témoin. Nordahl, c'était aussi quelqu'un de bien. C'est pour ça qu'on était ses potes. C'était aussi quelqu'un de bien. Je sais que mon ancien pote m'entend. Je te le redis : t'as une seule chance. Maintenant. Jugé et condamné, tu le seras".

 "Je sais que le procès va durer trois semaines et que beaucoup de gens sont attendus pour parler. Mais la seule parole qui a de la valeur, c'est la sienne. Tu as un temps de parole précieux. Tout le monde essaie de comprendre l'incompréhensible, d'expliquer l'inexplicable. Il faut parler, par respect pour les victimes et leurs proches mais aussi par respect pour toi-même. Sois compris, c'est tout ce que je te souhaite", conclut le témoin. 


A.S, avec Thibault Malandrin à Grenoble

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