JUSTICE - Au terme de trois jours de procès en appel, l’avocat général a requis au cours d’un réquisitoire puissant, dix ans de réclusion à l’encontre de Jacqueline Sauvage, accusée d’avoir tué son mari violent. Le verdict est attendu tard dans la soirée, ce jeudi 3 décembre.
À quelques heures du verdict, Jacqueline Sauvage se défend comme elle le peut d’un crime, dont beaucoup semblent penser qu’il aurait pu être évité. Les mots sortent, froids, et le visage est fermé. Ce sont les mains de Jacqueline Sauvage qui parlent pour elle, quand elles s’entortillent, s’agrippent à ses joues et se croisent sur sa poitrine. "J’ai pris peur", répète-t-elle, afin d’expliquer pourquoi, en ce jour de septembre 2012, elle a tiré trois fois sur son mari violent. "J’ai tout fait pour l’aider, j’ai toujours été là pour lui. Ce que j’aurais dû faire… c’est de ne jamais le connaître".
Des explications parfois confuses, qui aboutissent à ce constat cruel : oui, Jacqueline Sauvage était au courant, un an au moins avant de tuer Norbert Marot, des viols qu’il avait perpétrés sur ses filles. "Je les ai pas crues. C’était pas possible. J’ai toujours su que Norbert était un coureur, mais pénétrer ses propres filles ! Non, c’est pas possible", crie-t-elle presque, pliée en deux dans le box. Une brèche dans laquelle s’engouffre Cécile Henry-Weissgerber l’avocate de la partie civile, qui, au cours de sa plaidoirie, présente une accusée obnubilée par le "qu'en dira-t-on ?". Qui "voulait maintenir l’illusion d’une petite famille", "tenir à tout prix, comme un bon petit soldat". Et gardait ses enfants sous "l’emprise de ce silence".
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10 ans de prison pour Jacqueline Sauvage
Dix ans d'emprisonnement requis
Mais ce silence tant décrié, l’avocat général Frédéric Chevallier n’en est pas dupe. Dans un réquisitoire brillant, il rappelle le cercle impitoyable des violences conjugales : la crise, puis la fuite qu’on essaie de prendre et les excuses enfin, systématiques, qui donnent l’espoir qu’à présent, tout est terminé. Et à cette fausse question posée en boucle à Jacqueline Sauvage depuis trois jours - pourquoi diable n’avez-vous pas porté plainte ? - il répond, formulant ainsi la meilleure des défenses : "Moi, je vous comprends de ne pas avoir su réagir. Je ne vous dis pas que vous auriez dû vous précipiter au commissariat du coin pour y trouver Hercule Poirot."
Alors, il se tourne vers les bancs du public, où sont restés assis tous ces témoins venus clamer haut et fort que "bien sûr, ils savaient à quel point Norbert Marot était un monstre" et "qu’il "fallait bien s’attendre à un drame". Et face à eux, il assène, implacable : "Vous qui saviez, vous auriez dû faire quelque chose, nom de Dieu!"
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"Il attendait que maman parte pour se frotter à nous"
"Je ne peux pas vous donner une médaille, madame"
Car à présent, c’est Jacqueline Sauvage, victime toute sa vie d’un homme présenté unanimement comme "fou", "ordurier" et "violent", qui est aujourd’hui dans le box des accusés. Et l’avocat général s’adresse à elle, qui sanglote : "Je ne suis pas là pour ajouter du malheur au malheur, mais je ne peux pas vous donner une médaille, madame." Il ajoute : "Oui, Norbert Marot était un sale bonhomme et on a envie de dire ‘mort aux cons !’. Mais Norbert Marot, quoiqu’on en dise, est victime d’un crime aggravé."
Alors quelle sanction proposer à l’encontre de cette femme, "fracassée pendant quarante années" selon les mots de ses avocates, et pourtant auteure d’un crime ? Contrairement à la défense, incarnée par maîtres Janine Bonaggunta et Nathalie Tomasini , qui évoquent "un geste de survie" et demandent l'acquittement, l’avocat général n’a pas souhaité retenir la légitime défense. Selon lui, le coup de poing reçu ce jour-là n’est en rien proportionnel au meurtre sans sommation, commis ensuite par l’accusée. Il requiert donc dix ans de réclusion à l’encontre de Jacqueline Sauvage, sans retenir la préméditation. Et prend soin d’expliquer qu’entre remises de peine et système de liberté conditionnelle, elle pourra être libérable au 28 janvier 2017. Verdict prévu tard dans la soirée, ce jeudi.
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Procès de Jacqueline Sauvage, à Blois : "J'ai tiré, tiré, tiré"
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Selon une des filles, les gendarmes étaient (presque) au courant
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