Après la mort d'une professeure d'espagnol à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), "la responsabilité pénale" de l'élève de 16 ans qui l'a poignardée a été retenue par le procureur.Quelle est la personnalité de cet adolescent, suivi par un psychiatre mais ne présentant aucune maladie mentale ?
L'élève de 16 ans, placé en garde à vue mercredi 22 février après avoir poignardé à mort une professeure d'espagnol à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), est "accessible à une responsabilité pénale sous réserve des expertises futures", a annoncé ce jeudi le procureur de la République de Bayonne. "Au vu de l'articulation des faits, de leur évidente préparation, mon parquet ouvrira une information judiciaire sous la qualification de meurtre avec préméditation", a par ailleurs précisé Jérôme Bourrier, lors d'une conférence de presse à Bayonne. Plusieurs éléments ont poussé le procureur à aller dans le sens d'un meurtre prémédité et donc d'un assassinat.
Le mis en cause a mis en avant une petite voix qui lui parle, un être qu'il décrit comme égoïste, manipulateur (...), qui l'incite à faire le mal.
Jérome Bourrier, procureur de la République de Bayonne
"Durant sa garde à vue, le mis en cause a mis en avant une petite voix qui lui parle, un être qu'il décrit comme égoïste, manipulateur (...), qui l'incite à faire le mal et qui lui aurait suggéré la veille de commettre un assassinat", a déclaré Jérôme Bourrier. De plus, le lycéen a indiqué avoir placé le couteau de cuisine qui a servi à tuer l'enseignante dans son sac, la veille des faits. "On sait aussi qu'il avait été affecté par une dispute qu'il avait eue la veille avec un camarade et sur ce plan, il a eu des propos un peu fluctuants avec le médecin requis pour l'examiner dans un cadre psychiatrique. Il aurait mis en avant qu'il aurait voulu commettre les faits en la présence de ce garçon avec lequel il s'est disputé, comme pour le punir d'une certaine manière", a-t-il souligné.
"Il admet aussi une forme d'animosité à l'égard de sa professeure d'espagnol dans une matière où ses résultats n'étaient pas bons, contrairement aux autres enseignements", a poursuivi le magistrat qui a expliqué que l'adolescent était suivi par un médecin psychiatre. "Cet adolescent a été soumis, à la demande de mon parquet, à un examen psychiatrique. Il a été réalisé dans le temps et les conditions de la garde à vue et appellera nécessairement des expertises complémentaires approfondies ultérieures. Cet examen révèle des traits de personnalité anxieuse, une forme d'anxiété réactionnelle, pouvant perturber son discernement", a commenté le procureur de la République de Bayonne.
"Néanmoins, l'expert note l'absence de désorganisation en lien avec le déroulement des faits. En l'état, il ne retrouve aucune maladie mentale de type schizophrénie, ni aucune décompensation psychiatrique aiguë", tempère-t-il, parlant simplement "d'éléments de dépression évoluant depuis une année".
De fait, ce lycéen était un "très bon élève" de l'avis de ses camarades et avait obtenu son brevet avec mention très bien l'an dernier, selon le rectorat de Bordeaux. Une camarade de classe de son ancien collège l'a décrit comme "un garçon timide", qui avait "deux ou trois amis, mais pas beaucoup plus". "Parfois arrogant" ou "colérique", il n'aimait "pas trop se faire reprendre par les professeurs en classe", selon elle. "Depuis l'enfance, il présentait des troubles dysgraphiques et dysorthographiques", a détaillé de son côté Jérôme Bourrier.
Le procureur a par ailleurs précisé que "cet élève était jusqu'à ce jour inconnu de l'autorité judiciaire, non seulement sur le plan pénal, mais en matière d'assistance éducative, inconnu des services de l'Aide sociale à l'enfance". "Il a fait état également de faits de harcèlement dont il aurait été victime dans son précédent établissement et qui l'auraient beaucoup affecté (...) Il avait réalisé au mois d'octobre 2022 une tentative de suicide médicamenteuse" et faisait depuis "l'objet d’une prescription d'antidépresseurs", a-t-il encore indiqué.
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