Propos racistes lors d'une arrestation à L'Île-Saint-Denis : une plainte déposée pour violences policières

Publié le 9 mai 2020 à 23h35
JT Perso

Source : JT 20h Semaine

JUSTICE - L'homme qui avait essuyé des propos racistes de la part de policiers qui l'interpellaient à L'Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) fin avril, a porté plainte pour violences contre ces derniers, samedi 9 mai.

Samir, 28 ans, ouvrier dans le bâtiment de nationalité égyptienne, actuellement sans emploi et sans papiers, dénonce des "violences volontaires ayant entraîné une ITT non déterminée à ce jour, en réunion, avec usage ou menace d'une arme, par personnes dépositaires de l'autorité publique" et à caractère raciste. Il a déposé plainte contre X, ce samedi 9 mai. Vivant depuis dix ans en France, il porte aussi plainte pour "violation de liberté individuelle" et "destruction de bien privé", son téléphone portable ayant été détruit par un policier cette nuit-là...

On parle de la nuit du 25 au 26 avril derniers. Etant en "irrégularité administrative" sur le territoire français, Samir se trouvait de surcroît, selon son avocat, Arié Halimi, dans le véhicule d'un ami conduisant en état d'ébriété. Une version qui diffèrent de celle des policiers qui affirment, eux, avoir poursuivi deux hommes soupçonnés de vol sur un chantier d'Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), commune limitrophe de L'Ile-Saint-Denis. Mais l'enquête a été classée sans suite.

"Il va passer un mauvais moment"

Menotté dès son arrivée sur la rive opposée de la Seine, après s'être jeté dedans, le jeune homme aurait reçu "de nombreux coups de pied, poing et matraque, de sept ou huit" fonctionnaires, incriminant "en premier lieu" le commissaire divisionnaire d'Asnières, un officier déjà condamné pour "non-empêchement de délit" dans une autre affaire de violences policières. Les coups auraient continué de pleuvoir tandis que Samir était conduit dans un fourgon, sous les insultes des policiers, puis dans le fourgon lui-même, de la part de trois policiers hommes et d'une femme qui lui auraient "écrasé la tête au sol"...

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Une vidéo, captée par des habitants des lieux environnants et publiée sur les réseaux sociaux, permet d'entendre distinctement les propos racistes des policiers, dont deux ont depuis été suspendus, puis des cris de douleur, présentés comme ceux de l'interpellé, accompagnés de rires semblant émaner des fonctionnaires. L'un de ces propos ("Il va passer un mauvais moment"), audible dans la vidéo, "confirme en tous points la violence exercée", selon Me Alimi.

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La question de l'OQTF

Arrêté peu avant 2h du matin, cette nuit-là, le jeune homme a finalement été libéré le lendemain, vers 17h20, sans avoir été assisté d'un avocat, et sans interprète, alors qu'"il ne parle pratiquement pas le français" et "hors de tout cadre légal", insiste son avocat. Ce que dément le parquet de Nanterre, qui a chargé l'IGPN d'enquêter sur les propos racistes tenus par les policiers, et selon lequel "il était bien en garde à vue pour vol par effraction dans un lieu destiné à l'entrepôt de marchandises".

Sauf que l'enquête pour vol a été classée le jour-même. Et les autorités préfectorales ont finalement "pris une décision d'OQTF"(obligation de quitter le territoire français), a pris soin de préciser le parquet de Nanterre, pointant désormais  la seule "irrégularité administrative"... Pour mémoire, l'un des policiers filmés après avoir repêché Samir, l'un des deux suspendus, avait alors déclaré : "Un bicot comme ça, ça ne nage pas."


La rédaction de TF1info

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