Prostitution : un vaste réseau démantelé entre la France, l'Espagne et la Colombie

S.M avec AFP
Publié le 2 décembre 2022 à 10h39

Source : Sujet TF1 Info

Un réseau transatlantique de proxénétisme a été démantelé dans l'Hexagone, mais aussi en Espagne et en Colombie.
Une cinquantaine de femmes sud-américaines étaient exploitées en France.
Recrutées en leur faisant miroiter un avenir meilleur, elles se prostituaient à un rythme "industriel".

Un coup de filet exceptionnel. Un réseau transatlantique de proxénétisme, qui exploitait au moins une cinquantaine de femmes en France pour des gains estimés jusqu'à 30 millions d'euros par an, a été démantelé mardi dans l'Hexagone, mais aussi en Espagne et en Colombie, a-t-on appris ce vendredi 2 décembre, de source policière française. 

Douze personnes ont été interpellées : un couple, à la tête du réseau, a été incarcéré en Colombie, quatre hommes et deux femmes ont été arrêtés en Espagne et seront bientôt remis à la France. Deux hommes et deux femmes doivent enfin être présentés à la justice française vendredi, a précisé cette même source à l'AFP, confirmant des informations du Parisien et de France Inter. L'enquête, confiée depuis septembre 2021 à la Juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée (Junalco), a été ouverte pour proxénétisme, traite d'êtres humains aggravée, blanchiment en bande organisée et association de malfaiteurs.

Exploitation "industrielle", dans toute la France

Les victimes âgées de 20 à 40 ans étaient "principalement des Colombiennes et des Vénézuéliennes, mais aussi du Pérou et du Paraguay", explique à l'AFP la commissaire Elvire Arrighi, cheffe de l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains (Ocrteh), qui a piloté le dossier. "Elles étaient exploitées de manière absolument industrielle dans toute la France", jusqu'à une dizaine de passes par jour, a-t-elle ajouté.

Le réseau était géré depuis la Colombie par un couple formé d'une Vénézuélienne et d'un Colombien qui faisaient miroiter aux victimes recrutées un avenir meilleur en Europe et récoltaient les gains. Deux "centres d'appels" en Espagne, à Malaga et Madrid, et un autre en France, étaient chargés de mettre en relation les clients français et les victimes. Celles-ci "n'avaient aucune maîtrise de leur emploi du temps et devaient rendre compte par message après chaque prestation", souligne Elvire Arrighi. En bout de chaîne, des "petites mains" s'occupaient de la logistique (repas, transports, sécurité, etc.) "au plus près des victimes", pour qu'elles "se dédient entièrement aux passes", ajoute la commissaire. 

Au total, le réseau aurait empoché au moins cinq millions d'euros par an, mais c'est "une fourchette basse" selon la cheffe de l'Ocrteh dont les enquêteurs pensent qu'elle peut atteindre "20 à 30 millions d'euros". La commissaire souligne "la coopération internationale inédite" entre la France, la Colombie et l'Espagne, qui montre que "face à une criminalité organisée sans frontières, les forces de police peuvent s'allier, y compris au-delà des océans".


S.M avec AFP

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