SEPT A HUIT - Après son passage aux aveux, Ludovic B. a été écroué jeudi 15 octobre pour meurtre précédé d'une tentative de viol. Parmi ses amis d'enfance, c'est la consternation. Certains d'entre eux le décrivent comme quelqu'un de gentil et qui n'avait rien d'une personne violente.
Il aura fallu attendre pas moins de 21 jours avant que le masque tombe. Ludovic B., 25 ans, a été mis en examen jeudi 15 octobre pour meurtre précédé d'une tentative de viol, après avoir reconnu une partie des faits. Un homme au double visage dont le profil ne correspond pas a priori à celui d'un tueur. Père de famille et chef d’entreprise, il était cependant connu des services de police pour des faits de petite délinquance, allant du délit routier au trafic de stupéfiants, mais sans passer par la case prison.
Habitant à environ 800 mètres du domicile de la famille Dartois, le jeune homme avait été interpellé par le GIGN grâce au signalement d'un proche à qui il se serait confié. Selon ses dires, lors de sa garde à vue, le suspect aurait croisé vers 19h par hasard Victorine alors qu'il faisait un footing, le samedi 26 septembre, jour de disparition de la jeune femme de 18 ans. Selon ses déclarations, il y aurait eu dispute après une bousculade involontaire, il aurait paniqué, lui aurait serré le cou et aurait ensuite déposé le corps inanimé dans le torrent.
On n’arrive pas à comprendre ce qui a pu lui passer par la tête pour faire ça.
Un ami d'enfance de Ludovic B.
Selon les amis du témoin qui l’a dénoncé aux gendarmes, Ludovic B. n'aurait pas livré la même version des faits lorsqu'il s'était confié à lui. "Il a raconté qu’il avait fait une connerie et qu’à ce moment-là, il venait de prendre de la cocaïne", raconte un groupe de jeunes qui habitent le quartier. Certains d’entre eux le connaissent depuis l’enfance et sont encore sous le choc de ses aveux. "A l’époque, on allait dans les boums en bas de la barre où il a grandi et on s’amusait. C’était quelqu’un de gentil. Il n’a jamais été violent. On n’arrive pas à comprendre ce qui a pu lui passer par la tête pour faire ça", poursuit l’un d’eux.
Une semaine après le meurtre, Ludovic B. aurait même fait preuve d’un aplomb déroutant lors d’une discussion sur la mort de Victorine. "Je lui ai dit : 'Tu as vu ce qu’il s’est passé ?'. En me regardant dans le blanc des yeux, il a répondu : 'Ouais, c’est choquant. J’espère qu’ils vont l'attraper'". Alors, qui était vraiment leur ami d’enfance ? Au travail, Ludovic B. donnait l’image d’un employé sérieux. Avant de monter son entreprise, il était chauffeur-livreur. Un ancien collègue avec qui il travaillait le décrit comme "quelqu’un qui bossait", "plutôt calme" en apparence.
Lire aussi
Mort de Victorine en Isère : les zones d'ombre de l'enquête
Lire aussi
Mort de Victorine : "On se dit que l’on n’est à l’abri de rien", l'effroi d’une voisine du suspect
Ludovic B. habitait dans le quartier des Fougères, un ensemble de HLM, avec sa compagne et leur enfant de 6 mois. En façade, un père de famille volontaire mais qui laisserait échapper ses démons dans le huis-clos de son appartement. Une voisine raconte avoir appelé la police à deux reprises pour mettre fin à de violentes disputes au sein du couple. "Beaucoup de bagarres, beaucoup de cris, beaucoup d’insultes. Quand les engueulades commençaient, ils ne savaient pas s’arrêter ni l’un ni l’autre", relate-t-elle.
D'importants moyens ont été déployés dans le cadre de l'enquête, dont une cellule de dix enquêteurs exclusivement dédiés à l'enquête au sein de la gendarmerie de l'Isère et les renforts techniques du service central de renseignement criminel. "L'enquête est loin d'être terminée, a souligné le procureur-adjoint de la République de Grenoble Boris Duffau, car la mise en examen comporte aussi les chefs d'"'enlèvement et séquestration'". Le 15 octobre, le suspect a été placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du parquet. S'il reste présumé innocent jusqu'à sa condamnation, les faits pour lesquels il est poursuivi lui font encourir la réclusion criminelle à perpétuité.