Meurtre d'Alexia : Jonathann Daval condamné

"Quelqu’un d’autre savait" : les parents d'Alexia prêts au "combat" face à Jonathann Daval

par Audrey PARMENTIER
Publié le 12 novembre 2020 à 20h10, mis à jour le 13 novembre 2020 à 9h57
JT Perso

Source : TF1 Info

INTERVIEW - Jonathann Daval sera jugé à partir de lundi devant la cour d’assises de Haute-Saône pour le meurtre de sa femme Alexia en octobre 2017. Les parents de la victime, Isabelle et Jean-Pierre Fouillot, se sont confiés face aux caméras de TF1 avant cette semaine d'audience qui, espèrent-ils, permettra enfin de faire éclater la vérité.

"La douleur augmente", "on ne fait que penser à elle"... Installée à la table de son salon avec son mari Jean-Pierre, Isabelle Fouillot, la mère d’Alexia Daval, confie "le manque, le vide" laissé par la disparition de leur fille depuis son meurtre en octobre 2017. Dans quelques jours, les parents assisteront au procès de Jonathann Daval. Une audience qu'Isabelle Fouillot envisage comme "un combat" : elle veut "qu’on mette le mot coupable" sur le visage de son ex-gendre, et surtout prouver que sa fille était "une bonne personne" face aux accusations de la défense. 

"Il est encore capable du pire"

La mère d'Alexia à propos de Jonathann Daval

Fin octobre 2017. Le corps d’Alexia Daval, 29 ans, est retrouvé partiellement calciné, dissimulé par des branchages, dans un bois Esmoulins, village de Haute-Saône. Dans les médias, les Français découvrent le visage des parents de la victime au côté de leur beau-fils en larmes, Jonathann Daval. D'abord perçu comme le gendre idéal, il avouera le meurtre de sa femme trois mois après. Mais l’affaire est loin d'être réglée pour autant. 

À travers ce procès, Isabelle Fouillot espère "sortir" des "machinations" et des "mensonges" de l'accusé qui, selon son avocat maître Randall Schwerdorffer, aurait "encore des choses à dire". "Tant mieux, peut-être qu’il va mûrir et nous dire la vérité. Ou alors c’est juste un effet d’annonce. Il est encore capable du pire", réagit la mère d’Alexia. 

"L'horreur dans l'horreur"

Le pire, Jonathann Daval les y a habitués. Pendant les trois mois qui ont suivi le meurtre, les parents de la victime ont été "aux petits soins" avec celui qu’ils considéraient comme leur fils. "On lui préparait à manger, on le cajolait", se souvient Isabelle Fouillot. Son mari acquiesce : "On lui a donné tout notre amour, on lui a apporté tout ce qu’on pouvait. Lui, il nous a tout pris." 

Quand ils apprennent les premiers aveux de Jonathann Daval, c’est le choc. "On était complètement abasourdis", raconte Isabelle Fouillot. "En plus de cela, on l’entend alors accuser Alexia d’avoir une personnalité écrasante. C’est l’horreur dans l’horreur." Une "aberration" aux yeux des parents. "Elle savait ce quelle voulait, ça ne veut pas dire qu’elle était autoritaire ou méchante, loin de là", explique la mère, selon qui Jonathann Daval, lui, est capable de tout. Au point, dans les premières semaines, d'avoir tenté d'orienter les soupçons vers l'un de ses meilleurs amis d'enfance.

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Après être revenu sur ses aveux, il accuse même son beau-frère, Gregory Gay, d’avoir étranglé sa femme, et soutient que sa belle-famille aurait dissimulé sa mort. "À ce moment-là, on se prend encore des coups de poignard dans le cœur", soupire la mère de la victime. "Pendant six mois, on a traité notre fils, Grégory, d’assassin. La rumeur, c’est quelque chose de dévastateur, notamment avec les réseaux sociaux. Ça vous ronge." 

Lors de la confrontation organisée après ces accusations, Jonathann Daval craque et avoue de nouveau le meurtre. "J’avais apporté une photo d’Alexia et de leur chat Happy. Je voulais lui parler au cœur, avec émotion", raconte Isabelle Fouillot. Et ça fonctionne. "Son avocat lui a chuchoté dans l’oreille et Jonathann s’est jeté à mes genoux en me disant qu’il était le meurtrier. (...) Quand je l'ai relevé, je l’ai pris dans mes bras et on a pleuré ensemble. J’étais soulagée qu'il arrête ses mensonges", se souvient-elle. 

S’il reconnaît avoir tué, Jonathann Daval mettra du temps avant d’avouer la carbonisation du corps. Il faut attendre la reconstitution du meurtre en juin 2019 pour obtenir l’une des pièces manquantes de cette affaire. "À ce moment-là, Jonathann Daval reconstitue la soirée du meurtre, mais c'est sa reconstitution à lui." "Il reconnaît le fait de l’avoir tuée mais il n’a pas coopéré sur la question du pourquoi et du comment. Le vrai déroulement, il n'y a que lui qui l'a", déplore Jean-Pierre Fouillot. 

"Ce n'était pas un pétage de plomb"

Jean-Pierre Fouillot, père d'Alexia Daval

Car des zones d’ombre demeurent, à commencer par le motif du meurtre. "Ce n’était pas un pétage de plomb", martèle Jean-Pierre Fouillot. Pour les parents, la version des faits énoncée par Jonathann Daval ne colle pas avec les différents témoignages et expertises. L’informaticien affirme avoir tué sa compagne à la suite d’une dispute. À l’origine du conflit : un rapport sexuel réclamé par sa compagne, qui voulait un enfant, que Jonathann Daval aurait refusé. 

"Scientifiquement, ce n’est pas la vérité, car elle avait dans son sang un Stilnox (un hypnotique pour dormir, ndlr). Elle n’était pas en état de demander un acte sexuel. La mort est arrivée une fois que le calmant avait fait effet", assure la mère d’Alexia, qui rapporte que sa fille a reçu "10 à 15 coups de poing sur la figure".

Jonathann Daval a-t-il agi seul ? L’idée d’une possible complicité a longtemps plané au-dessus de cette affaire. Selon les parents, le gendre n’aurait pas eu besoin d'aide pour porter le corps. "Il ne l’a pas portée, il l’a traînée par les pieds jusqu’à l’entrée du bois. C’est une vision qu’on a du mal à accepter. Il faut ne pas avoir aimé pour faire cela", se désole la mère. 

Mais Isabelle et Jean-Pierre Fouillot soupçonnent que d'autres personnes aient été mises dans la confidence. "Bien sûr que quelqu’un d’autre savait, ce n'est pas possible autrement", assurent-ils. En espérant que les cinq jours d'audience devant la cour d’assises de Haute-Saône, du 16 au 20 novembre, feront enfin éclater toute la vérité.


Audrey PARMENTIER

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