Refus d’obtempérer : quel entrainement aux armes suivent les policiers ?

Publié le 11 juin 2022 à 19h06, mis à jour le 11 juin 2022 à 19h12

Source : 24H PUJADAS, L'info en questions

Le refus d'obtempérer qui s'est soldé le 4 juin par la mort d'une des passagères soulève aussi la question de la formation des policiers à l'usage des armes.
L’apprentissage des "techniques et sécurité en intervention" est obligatoire pour les agents tout au long de leur carrière.
Il est récemment passé de 12 à 15 heures annuelles, mais n’est encore que peu suivi.

La polémique autour de la mort d’une jeune femme, après un refus d’obtempérer le week-end dernier à Paris, ravive aussi le débat sur la formation des forces de l’ordre, et particulièrement leur maniement des armes. Celui-ci fait partie prenante de la formation initiale dont bénéficient les policiers. Aujourd'hui, ils sont formés à l'utilisation d'armes de poing en école de police. 

Les "techniques de sécurité en intervention" sont inculquées aux futurs commissaires durant leur première période d'apprentissage de 22 mois. Chez les officiers, 18% de l'enseignement est consacré à l'armement et au tir, selon des données reprises par la Cour des comptes. Et puisque l'essai régulier des armes est obligatoire dans les rangs de la police, les diplômés doivent continuer à s’entrainer tout au long de leur carrière.

3 séances de tirs obligatoires

La formation continue, intitulée "techniques et sécurité en intervention", a été rallongée de trois heures en début d’année : désormais, 15 heures sont donc à effectuer par an et par chaque policier. Elle doit servir à "garantir la maitrise de l’emploi de la force publique : usage des armes, techniques d’intervention, technique de défense et d’interpellation, premiers secours en intervention", d’après la Cour des comptes. Cet usage des armes se manie au moins par chaque policier pendant trois séances réglementaires, "permettant le tir de 90 cartouches". 

En 2018, le ministère de l’Intérieur soulignait, à l'adresse d'un sénateur, que la formation comprenait également le maniement de "nouvelles armes d’épaule en dotation depuis fin 2016", à savoir le pistolet mitrailleur et le fusil d’assaut, afin de mieux préparer les policiers "à faire face aux situations les plus meurtrières".

Mais ces trois séances annuelles sont insuffisantes aux yeux de certains syndicats de la profession. Linda Kebbab, d’Unité-SGP, l'a par exemple souligné à l’AFP : "personne ne peut prétendre être un bon tireur avec trois séances de tirs par an". Et si ces remises à niveau sont obligatoires, elles ne sont pas suivies par tous. 

Dans son rapport sur la formation des policiers, remis début 2022, la Cour des comptes, relève qu’"en 2019, le pourcentage de personnels actifs ayant réalisé trois séances de tirs à l’arme individuelle s’élevait à 62 % au niveau national et le taux de réalisation complet des douze heures d’entraînement annuel réglementaires n’était que de 24 % pour la DGPN et de 14 % pour la préfecture de police". En 2017, la moitié des policiers n’avait pas bénéficié de ces trois séances de tirs (51%).  

Taux de réalisation des trois tirs annuels par type de personnel, de 2015 à 2019
Taux de réalisation des trois tirs annuels par type de personnel, de 2015 à 2019 - Cour des comptes, d’après données DCRFPN

Ainsi, en 2019, les commissaires étaient très peu assidus à s’entrainer aux tirs (33% respectaient les trois séances). En revanche, les gardiens de la paix étaient deux fois plus nombreux à y assister (64%). Cependant, la Cour des comptes estime qu’il est "impossible d’établir avec certitude" le nombre d’agents n'ayant fait aucune formation continue, ni séances de tirs. 

Contre ces écarts, la Cour des comptes incite notamment "les chefs de services à rendre compte" du suivi des formations et demande à "ne pas se focaliser sur les tirs, mais de revenir à des mises en situation complètes, faisant appel à la maîtrise des armes, aux techniques d’intervention et à l’enseignement du cadre juridique et déontologique associé".


Caroline QUEVRAIN

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