ENQUÊTE – Après le meurtre d'une capitaine de police de 57 ans dans la région de Gap, qui aurait été tuée par son fils de 16 ans en octobre dernier, Sept à Huit rediffuse ce dimanche cette étrange affaire qui accable tout un village et toute une famille.
C'est un drame que personne n'aurait pu imaginer dans ce petit village tranquille de haute montagne où vivent 300 habitants. Dans le hameau de Lombardie, fief de la famille Bertrand depuis des générations, plus rien ne sera jamais comme avant. Celui que nous appellerons David, 16 ans, aurait tué sa mère Martine Bertrand, 57 ans, capitaine de police, une haute responsable locale. Elle a été retrouvée morte dans sa maison fin octobre. Et quelques heures après la découverte du corps, son fils unique, aurait avoué le crime.
Martine habitait à quelques mètres de ses parents, de sa sœur Yvette et de son frère Pascal. Depuis sa mort, Pascal vient chaque matin chez elle nourrir ses douze chiens. Il est le dernier à avoir vu Martine en vie. "Je n'avais pas eu de coups de fil de toute la semaine, mais vu qu'on s'était un peu attrapé le matin avec ma sœur, je me suis dit qu'elle me faisait la gueule, ça ne m'inquiétait pas plus que ça. En revanche, ma mère était inquiète. On est venu à 18 heures, il y avait toujours la voiture garée, la porte était fermée, les chiens étaient dans la maison", se souvient-il.
Un meurtre sordide
Pascal prévient les gendarmes qui rentrent dans la maison, mais rien, aucune trace de Martine. Une enquête pour disparition inquiétante est ouverte. Le lendemain, d'importants moyens de recherche ont été déployés : quarante hommes, un hélicoptère, des plongeurs et une équipe cynophile. C'est finalement dans sa maison qu'une gendarme découvre le corps dissimulé de Martine, en apparence victime d'un meurtre sordide comme le précise le procureur de Gap, Florent Grouhy : "Elle va retrouver le corps qui était parfaitement bien caché puisqu'il est entre des volets fermés, une porte fenêtre fermée, recouvert de coussins avec un sac sur la tête, une laisse de chien autour du cou et des câbles électriques autour du cou. En tant que procureur, on est habitué à se déplacer sur des scènes de crime, mais lorsqu'on a affaire à une commandante de police avec qui on a travaillé, forcément on est assez choqué de la trouver dans cet état-là", dit-il.
C'est au rez-de-chaussée de sa maison que le corps de Martine est retrouvé le 27 octobre, plus d'une semaine après sa disparition. Hasard ou coïncidence, David est en garde à vue depuis la veille à Briançon, à 80 km de là, pour une tout autre affaire. Il a été interpellé avec 30 grammes de cannabis sur lui. Il est interrogé par la police qui ignore tout de la disparition de sa mère. "Les policiers sont quand même surpris parce que quand on lui demande pourquoi sa mère n'est pas joignable, il donne des explications un peu alambiquées et parfois variables, parlant de voyage ou d'hospitalisation. Et surtout la seule chose que l'on note dans la garde à vue liée aux stupéfiants, c'est qu'on trouve dans sa fouille la carte bancaire de sa mère", poursuit le procureur de Gap. David était aussi en possession du téléphone portable de sa mère.
J'imagine que j'ai fait quelque chose de mal, mais je ne comprends pas du tout ce qui est arrivé. Mais je crois bien que j'ai tué ma mère.
David, 16 ans
Au deuxième jour de sa garde à vue, les policiers apprennent que le corps de Martine Bertrand a été découvert chez elle. Son fils devient le suspect numéro un et il passe aux aveux. Des aveux qu'il avait réitérés à son avocat. "Je ne sais plus ce qui est arrivé", lui dit-il, ajoutant : "J'imagine que j'ai fait quelque chose de mal, mais je ne comprends pas du tout ce qui est arrivé. Mais je crois bien que j'ai tué ma mère", lui assène-t-il.
Comment cet adolescent qui venait tout juste d'avoir 16 ans, sans casier judiciaire, décrit comme non-violent, a-t-il pu en arriver à une telle extrémité ? Pourquoi ses amis les plus proches, des membres de sa famille, s'interrogent aujourd'hui sur son état mental ? Abdel, le voisin de Martine, avait par exemple mis en garde les grands-parents du jeune homme. "Il a deux visages ; vous le prenez pour un ange, mais il y a l'ange et le démon. J'avais dit la même chose à Martine, mais je n’aurais jamais pu penser qu'il passerait à l'acte", admet-il.
Et pourtant, en garde à vue, l'adolescent explique qu'à la suite d'une dispute avec sa mère, il a serré son bras autour de son cou pour qu'elle se taise. Mais son avocat reconnaît : "Il a un trou noir total. Il ne se rappelle plus exactement comment ça s'est passé et, me dit-il, 'ce que je sais c'est que quand je l'ai vu allongée, j’ai pris son pouls et il était absolument inerte", raconte-t-il. David explique ensuite qu'il se serait servi de la laisse du chien pour tirer le corps de sa mère au rez-de-chaussée. Elle aurait alors été prise de convulsions. David, terrifié, aurait attrapé un câble pour lui enserrer le cou. Il aurait ensuite dissimulé le corps entre le volet et la fenêtre.
Pour son avocat, il ne s'agit pas d'une mise en scène. "Il cherche à dissimuler le corps hors de sa propre vue, pas pour le cacher ; il ne voulait plus la voir", souligne-t-il. Ce qui pose question aussi, c'est l'attitude de David toute la semaine qui a suivi le drame. Il aurait utilisé le portable de sa mère pour envoyer des SMS en se faisant passer pour elle et aurait inventé n'importe quoi pour justifier l'absence de Martine. Son frère, Pascal, va également se rendre compte qu'avant son arrestation David aurait continué à vivre comme si de rien n'était pendant près d'une semaine. Il aurait même reçu des amis chez lui à quelques mètres du cadavre de sa mère. "C'est pour ça que c'est juste pas possible, toute son attitude à côté, son comportement et cette fête-là on ne peut pas lui pardonner. Il était habité, c'est pas possible", se lamente-t-il.
Son avocat reconnaît la dérive de David, mais explique autrement ses mensonges. "Il est déjà entré dans le déni. Les faits ne se sont pas produits, ça n'existe pas", analyse-t-il. Pour la famille de David, pour les amis, il n'y a plus qu'un espoir : que David soit atteint d'une maladie psychiatrique pouvant expliquer son geste. "Dans sa famille, il y a des problèmes neurologiques, donc j'espère que les médecins vont pouvoir étudier cette piste-là très sérieusement. On se raccroche tous à cet espoir sinon c'est pas acceptable", avance une amie de Martine.
Incarcéré dans le quartier des mineurs de la maison d'arrêt de Grenoble-Varces, il devrait être expertisé par un psychiatre. S'il est reconnu responsable de ses actes, parce qu'il est mineur, David risque trente ans de prison et non la perpétuité.
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