REPLAY - "Ce procès servira pour l'histoire" : l'interview événement de François Molins sur LCI

Publié le 1 septembre 2020 à 21h00, mis à jour le 2 septembre 2020 à 11h08

Source : TF1 Info

INTERVIEW - François Molins était l'invité du "20H de Darius Rochebin" ce mardi 1er septembre sur LCI. Devenu le visage de l'antiterrorisme et de la justice lors de la vague d'attentats de l'année 2015, l'ex-procureur de la République est revenu sur l'ouverture du procès des attaques à Charlie Hebdo, Montrouge et l'Hyper Cacher.

Son visage autant que sa voix ont marqué à jamais le monde entier. Il y a cinq ans, en 2015, François Molins, alors procureur de la République de Paris, a pris la parole à plusieurs reprises pour détailler le déroulement des tragédies successives qui ont endeuillé la France. 

A l'occasion du procès des attentats de janvier 2015, celui qui est désormais et depuis deux ans maintenant procureur général de la cour de cassation est revenu, dans l'émission le "20 heures de Darius Rochebin" ce mardi 1er septembre sur ces événements terribles.

"L'odeur de poudre et de sang"

Ce 7 janvier 2015, entre 11h30 et midi, douze personnes ont été assassinées dans les locaux de Charlie Hebdo et sur le boulevard Richard Lenoir dans le 11e arrondissement par deux hommes cagoulés dont on ignore, alors, les noms. François Molins sera un de premiers à se rendre sur place. 

Le magistrat se souvient de "l'odeur de poudre et de sang" en pénétrant dans l'immeuble de la rue Nicolas Appert où s'était installée il y a peu la rédaction du journal satirique. "J'avoue que face à ce genre de scènes, je garde quelques instants pour moi. Et je reviens très vite à un moment professionnel. C'est ma façon à moi de gérer mes émotions", confie François Molins à Darius Rochebin.

Une fois sorti de l'immeuble, le procureur garde tout en lui. Comme paralysé par la scène qu'il vient de voir." Quand je suis redescendu, j'ai vu mes collègues. Je pense qu'aucun d'entre nous n'avait envie de parler", détaille le magistrat. Ces images terribles seront loin d'être les dernières pour lui en cette funeste année 2015.

"Un procès qui aura une valeur essentielle"

Et pour l'ancien procureur, le procès des attentats de janvier 2015 qui s'ouvre mercredi 2 septembre devant la cour d'assises de Paris et qui doit durer jusqu'au 10 novembre aura une 'valeur essentielle", "même si les trois terroristes principaux sont absents puisqu'ils ont été neutralisés".

"La justice a, je pense, un devoir élémentaire de vérité et de réparation à l'égard de l'ensemble des victimes qui ont souffert dans leur chair de ces attentats. Et ce procès doit justement servir, finalement, à répondre à ces questions légitimes de la part des victimes en essayant d'expliquer ce qui s'est passé, estime le magistrat. Pourquoi cela s'est-il passé? qui sont les auteurs ?  Quelles complicités ? Et je pense que cela rejoint d'ailleurs aussi le fait qu'il est filmé." 

Comme de très rares procès dans l'histoire de la justice française, celui qui s'ouvre ce lundi sera, en effet, entièrement enregistré. "Il servira pour l'histoire, estime François Molins. Il se double aussi d'un travail de participation à une forme de construction de la mémoire collective. Et je pense que sur un plan pédagogique, il peut avoir aussi une valeur plus profonde (...) celle de démontrer quelles sont, dans la société française, dans la République française, les valeurs d'humanité, de dignité et de liberté". 

Psychologue, Pink Floyd et escalade

Admiré bien au delà du seul milieu judiciaire, François Molins n'est pas pour autant surhumain. A Darius Rochebin, il explique avoir eu, comme d'autres magistrats, recours  à une psychologue pour échanger sur ces drames. "J'avais une équipe de magistrats qui travaillaient avec moi et qui travaillaient très bien d'ailleurs, très compétents et très engagés, et on voyait que certains avaient souffert. Donc, j'ai pris l'initiative après ces événements, de demander au ministère de nous mettre en place un dispositif psy pour avoir un débriefing avec chaque collègue individuellement. Or, comme il y a toujours une sorte de réticence à aller voir ce genre de personne parce que ça peut être vu comme l'aveu d'une faiblesse, je me suis dit c'est moi qui allais montrer l'exemple en allant voir une psychologue. Ca m'a fait beaucoup de bien, de pouvoir parler avec quelqu'un et de verbaliser tout ce que j'avais vu", explique-t-il.

Pour s'évader, François Molins a aussi des passions: l'escalade en est une qu'il pratique quand il le peut. Le magistrat a même grimpé jusqu'au 2e étage de la tour Eiffel avec les policiers de la BRI (Brigade de recherche et d'intervention) Il ne cache pas non plus écouter les Pink Floyd dans son bureau quand il travaille. Mais pas que, la musique classique fait elle aussi partie de ses goûts. 

Les attentats de janvier 2015 ont-ils changé à sa vie? Le magistrat répond, bien sûr, par l'affirmative. "Je pense qu'on ne sort pas indemne de ce genre d'événements".  Pour François Molins, ces événements ont été "l'occasion d'approfondir la réflexion sur le sens des choses, le sens de l'essentiel, sur l'intérêt de le respect de certaines valeurs"


La rédaction de TF1info

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