Roissy : une collision entre deux avions évitée de peu après un lapsus

Publié le 21 juillet 2021 à 6h25
L'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, en région parisienne.

L'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, en région parisienne.

Source : Thomas COEX / AFP

FAITS-DIVERS - Il y a un an, la confusion d'une contrôleuse aérienne a failli provoquer un terrible accident sur une piste de l’aéroport de Roissy. Publié ce lundi, un rapport nous révèle les circonstances d'une erreur qui aurait pu coûter cher.

Les mots ont leur importance et, dans ce cas précis, ils peuvent s'avérer vitaux. Dans un rapport publié ce lundi, le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) raconte comment deux avions ont failli entrer en collision sur la piste de l'aéroport de Roissy. Dans le rôle principal de ce qui aurait pu être un drame : une contrôleuse aérienne qui a fait un lapsus alors qu'elle devait indiquer aux engins aériens l'endroit précis où ils étaient censés atterrir et décoller. 

Nous sommes le 20 juillet 2020. Sur la piste de l'aéroport de Roissy, le Boeing 717 d’United Airlines - en provenance de Newark aux Etats-Unis - se prépare à atterrir. A son bord : 61 passagers. En se rapprochant de la terre ferme, le pilote aperçoit sur la piste, un autre appareil- un Airbus A320 - qui est, lui, sur le point de décoller. En une fraction de seconde, le Boeing 717 reprend de l'altitude afin d'éviter d'entrer en collision avec l'autre avion. Que sait-il passé ?

La collision évitée de moins de 100 mètres

Dans un aéroport, le rôle des contrôleurs aériens est le suivant : orienter les avions. Par exemple, leur mission consiste à indiquer aux pilotes les pistes qu'ils peuvent utiliser - que ce soit pour décoller ou atterrir. Le 20 juillet 2020, la contrôleuse confirme donc au Boeing 717 qu'il peut se poser sur la voie 09R. Mais l'erreur est commise quelques secondes plus tard, lorsque cette même personne donne l'ordre à l'Airbus A380 de se placer pour décoller… sur la piste 09R.

Les deux vols sont donc orientés vers la même piste. L'Airbus A380 s'engage dans les airs. Au loin, l'équipage aperçoit le Newark-Paris, mais il pense qu'il vise la piste 09L. Cependant, l'avion fonce droit sur eux. Ils préviennent la tour de contrôle, leur disant qu'une erreur a été produite. En une fraction de seconde, le Boeing comprend la faute et évite le drame en remontant dans le ciel. La collision est évitée de moins de 100 mètres. 

Comment a-t-on pu frôler un tel drame ? Selon le rapport rendu par la BEA, la contrôleuse a été perturbée quelques minutes avant l'atterrissage du Boeing 717. En effet, un autre vol de la compagnie Air France lui avait demandé s'il pouvait atterrir sur la piste 09R, plus longue que la piste 09L. Une modification de dernière minute qui perturbe la contrôleuse qui explique que "sa langue a fourché". 

En d'autres termes, lorsqu'elle dit "09R", elle pense en réalité dire "09L". A cette confusion, s'ajoute aussi les conditions liées à la situation sanitaire. Depuis l'épidémie, le trafic aérien tourne au ralenti entraînant "un manque de pratique" selon la professionnelle "qui a entraîné une diminution des automatismes nécessaires à son travail".

Lire aussi

Si les dégâts auraient pu être importants, ce type d'erreur n'est pas rare. Dans les colonnes du Parisien, il est rapporté qu’1,4 événement de confusion verbale et opérationnelle est enregistré pour 10 000 vols, selon une étude d’Eurocontrol. "Le lapsus est une erreur inhérente au dispositif actuel dans lequel l’humain occupe une grande place, vue l’alternance entre les pistes droite (left) et gauche (right)", rapporte auprès du BEA la commission locale de sécurité (CLS) du service de la navigation aérienne de l’aérodrome Paris-Charles-de-Gaulle. Après l’incident, un groupe de travail a été créé avec afin de sécuriser davantage des communications entre le sol et l’air. 


La rédaction de TF1info

Tout
TF1 Info