Viol dans un palace parisien : le chanteur marocain Saad Lamjarred devant les assises

par Benoît LEROY avec AFP
Publié le 18 février 2023 à 15h37, mis à jour le 20 février 2023 à 9h39

Source : Sujet TF1 Info

Saad Lamjarred accusé d'avoir violé et frappé une femme de 20 ans à Paris en 2016, est jugé à partir de ce lundi 20 février.
Depuis le début de l'instruction, plusieurs autres accusations ont visé le chanteur marocain, star du monde arabe.
Poursuivi pour "viol aggravé", l'accusé encourt jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle.

L'heure du procès. Le procès du chanteur marocain Saad Lamjarred, accusé d'avoir violé et frappé une jeune femme dans une chambre d'hôtel en 2016 en marge d'un concert prévu à Paris, s'ouvre lundi 20 février devant la cour d'assises de la capitale, pour cinq jours. La pop-star, âgée aujourd'hui de 37 ans, est extrêmement populaire dans le monde arabe.

Les faits que dénonce, la plaignante,  Laura P., remontent à octobre 2016. À l'époque âgée de 20 ans, elle avait suivi le chanteur et un couple de ses amis à un "after", après avoir fait leur connaissance dans une boîte de nuit. Après une soirée chargée en alcool et cocaïne, elle avait accompagné Saad Lamjarred à son hôtel, situé sur l'avenue des Champs Élysées. 

Sur place, ils avaient alors bu du champagne, dansé et s'étaient embrassés. Selon le récit de Laura, Saad Lamjarred est devenu plus entreprenant, avant qu'elle ne tente de se dérober. Il l'aurait alors saisie par les cheveux, avant de s'allonger sur elle pour l'empêcher de le repousser. Il aurait ensuite déboutonné son pantalon et léché son corps. 

"Égo surdimensionné"

La plaignante avait également précisé s'être débattue contre cette agression. En réponse, Saad Lamjarred lui avait asséné un coup de poing, avait-elle indiqué aux policiers. Il l'aurait ensuite pénétrée brièvement avec son sexe alors qu'elle le repoussait, le mordant et le griffant, avant de la frapper encore.

Après avoir réussi à s'échapper, Laura P. racontait lui avoir dit qu'elle porterait plainte : il lui a alors offert de l'argent et un bracelet, selon elle. Avant de la renverser sur le lit et de l'agresser à nouveau, avait-elle ajouté. Lors de l'enquête, des employés de l'hôtel avaient expliqué avoir recueilli la jeune femme - alors qu'elle portait un t-shirt déchiré - "en pleurs", "terrorisée", et stoppé l'homme vraisemblablement ivre qui la poursuivait. Un agent de sécurité avait rapporté une petite phrase de Saad Lamjarred : "No proof" ("Pas de preuve"), que le chanteur marocain aurait lâché avec un sourire arrogant.

Face à ces accusations, la star de la chanson du monde arabe avait martelé n'avoir fait que se défendre, par "réflexe". Il avait contesté toute pénétration, se disant "incapable" de frapper une femme. Incarcéré dans la foulée, il avait été libéré sous bracelet électronique en 2017, avant d'être à nouveau brièvement placé en détention en 2018 suite à sa mise en examen pour le viol d'une autre jeune femme à Saint-Tropez (Var).

Initialement renvoyé pour "agression sexuelle" et "violences aggravées", Saad Lamjarred l'est finalement pour "viol aggravé" après une décision en ce sens de la cour d'appel. Sa défense, composée de Me Jean-Marc Fedida et Me Thierry Herzog, a avancé que Laura P. s'était rendue volontairement dans la chambre de l'artiste, qu'elle n'avait pas clairement manifesté son absence de consentement et qu'aucun élément ne prouvait qu'il y avait eu pénétration. Il encourt jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle.

Au cours de l'instruction, il avait été mis en examen pour une autre affaire, jointe au dossier. Il était accusé d'avoir violé et frappé une jeune Franco-Marocaine à Casablanca en 2015, dans des circonstances similaires. La plaignante s'est ensuite mise en retrait de la procédure en évoquant de lourdes pressions familiales, et le juge a ordonné un non-lieu pour ce volet. Saad Lamjarred a aussi été mis en cause pour viol aux États-Unis en 2010. Les poursuites ont finalement été abandonnées après une transaction financière. 

L'expert psychiatrique qui a examiné la star pendant l'enquête a décrit un homme au comportement "immature", doté d'un "ego surdimensionné qui limite sa tolérance aux frustrations". Les accusations de viols à l'encontre de celui qui cumule des centaines de millions de vues sur YouTube ont relancé au Maroc le débat sur les violences faites aux femmes. Pour autant, Saad Lamjarred a gardé le soutien de ses fans, le roi Mohammed VI a même participé à ses frais d'avocats. 


Benoît LEROY avec AFP

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