Le 24 août, deux hommes se faisant passer pour des livreurs ont enlevé le père de l'influenceur Killian Desnos, alias TeufeurS, bien connu des réseaux sociaux.Identifiés et interpellés après avoir réclamé une rançon, les deux suspects ont été mis en examen pour "enlèvement et séquestration".La victime, elle, s'en est sortie indemne.
Une camionnette, de faux livreurs, un homme kidnappé, bâillonné et séquestré, une demande de rançon... Cette ébauche de scénario n'a pas rien à voir avec un quelconque projet de long-métrage mais bien avec des faits survenus la semaine dernière à Cures, commune Sarthoise de quelque 500 habitants.
C'est là que, jeudi 24 août au matin, un individu se présente au domicile d'un couple en tant que livreur Amazon. Seul au moment de cette pseudo-livraison, l'un des occupants est alors contraint de monter à bord d'un véhicule au volant duquel se trouve un complice. L'homme est enlevé, ses deux ravisseurs s'évaporent dans la nature.
Les kidnappeurs savaient alors pertinemment à qui ils s'adressaient
Parquet du Mans
Peu après, le fils de la victime, qui se trouve en vacances, reçoit une vidéo dans laquelle son père apparait "attaché, la bouche scotchée, une arme automatique braquée sur la tête", selon les détails donnés ce jeudi par le parquet du Mans.
"Les kidnappeurs, qui lui demandaient ensuite une rançon, savaient pertinemment alors à qui ils s'adressaient", poursuit le parquet. "Leur interlocuteur en effet n'était autre que l'influenceur, Killian Desnos alias Teufeur, bien connu des réseaux sociaux, de Twitch ou encore Youtube et dont la fortune est connue."
La rançon versée "en dépit des recommandations"
Le fils de la victime ne tarde pas à alerter la gendarmerie. Très rapidement, des moyens sont engagés pour porter secours à la victime et tenter de retrouver les deux malfaiteurs. La Brigade de recherches de la gendarmerie du Mans, la Section de recherches de la gendarmerie d’Angers et le GIGN sont mobilisés sur cette étrange affaire.
L'enquête progresse vite et la camionnette des suspects est identifiée comme un véhicule volé. Le faux livreur Amazon est lui aussi identifié grâce aux techniques numériques d’investigation. Connu des services de police et de gendarmerie et de la justice, il est interpellé et placé en garde à vue.
"En dépit des recommandations faites par les enquêteurs, le fils versait la rançon demandée pour la libération de son père.
Le 25 août, celui-ci était libéré dans la Sarthe et était recueilli par des automobilistes qui allaient alerter la gendarmerie. Il n’avait subi aucune violence ni maltraitance", précise Delphine Dewailly, procureure de la République du Mans.
Par la suite, un deuxième individu, très défavorablement connu pour des faits de vol avec arme, vol avec arme en bande organisée et association de malfaiteurs, est interpellé à son tour.
Peu d'explications face aux enquêteurs
Face aux enquêteurs, les deux hommes en état de récidive légale ne sont pas prolixes. Le premier individu interpellé apporte quelques explications tandis que le second fait usage de son droit au silence, ne répondant à aucune question.
Déférés et conduits devant un juge d’instruction à l'issue de leur garde à vue, ils ont été mis en examen mardi 29 août pour "extorsion en bande organisée avec arme, arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire d’otages pour obtenir l’exécution d’un ordre ou d’une condition, commis en bande organisée et participation à une association de malfaiteurs". Tous deux ont été placés en détention provisoire.
Je me sens fautif
TeufeurS
Le fils de la victime a quant à lui évoqué les faits lundi dans un message sur X (ex-Twitter). "Je voulais garder cette information privée, je ne sais pas comment les journaux et autres ont eu l'info, mais c'est comme ça", écrit TeufeurS. "Je me sens fautif, même si je sais qu'au fond de moi je ne suis pas responsable, c'est difficile. Ma famille va bien, nous allons prendre une pause avec toute mon équipe pour nous remettre de la situation, je pense que vous comprenez. Merci à vous pour les messages, prenez soin des vôtres."
Les investigations se poursuivent sur commission rogatoire du juge d’instruction. Les auteurs encourent pour ces faits la réclusion criminelle à perpétuité.