ENQUÊTES - Carlos Ghosn a fui le Japon la semaine dernière, où il était en attente de son procès pour malversations financières. En France aussi, l'ancien PDG de Renault-Nissan reste sous la menace de plusieurs enquêtes.
Carlos Ghosn a été arrêté fin 2018 au Japon, où il fait l'objet de quatre inculpations, deux pour des revenus différés non déclarés aux autorités boursières par Nissan, et deux autres pour abus de confiance aggravé. Pour fuir ce qu'il estime être de "l'injustice" et "de la persécution politique", il s'est réfugié au Liban. Mais en France aussi, l'ancien PDG de Renault-Nissan est inquiété par les affaires. Voici lesquelles.
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• Soirées à Versailles :
Une enquête préliminaire a été ouverte en mars 2019 par le parquet de Nanterre pour deux soirées organisées au château de Versailles en échange d'une convention de mécénat entre Renault et l'établissement qui gère le château. La première fête a eu lieu en mars 2014 pour fêter les quinze ans de l'alliance. Mais la liste des invités contenait essentiellement des noms des proches de Carlos Ghosn, dont c'était l'anniversaire. Ces festivités avaient coûté plus de 630.000 euros, payés par le groupe automobile.
Une seconde soirée a eu lieu en octobre 2016, organisée pour le mariage de Carlos Ghosn avec son épouse Carole. Le couple n'avait pas eu à débourser un centime pour la location des lieux, évaluée à 50.000 euros. Il en avait bénéficié en raison d'une convention signée entre Renault et le Château de Versailles, d'un montant de 2,3 millions d'euros, qui autorisait la marque automobile à recevoir une contrepartie à hauteur de 25% de son mécénat.
Après la fuite de Carlos Ghosn au Liban, la procureure de la République de Nanterre, Catherine Denis, a assuré à l'AFP que cela "ne devrait pas avoir de conséquence" sur l'enquête.
• Contrats de conseil :
A l'été 2019, le parquet national financier (PNF) a ouvert une information judiciaire pour "abus de biens sociaux" et "corruption" concernant des contrats de conseil conclus par la filiale néerlandaise de l'alliance Renault-Nissan, RNBV. Deux contrats les intéressent particulièrement : ceux que Carlos Ghosn aurait passé avec la maire du 7e arrondissement de Paris Rachida Dati, en sa qualité d'avocate, et avec le criminologue Alain Bauer.
L'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy aurait touché 900.000 euros d'honoraires de RNBV entre 2010 et 2012, et Alain Bauer un million d'euros entre 2012 et 2016. La réalité du travail effectué est mise en cause. Les deux intéressés nient les accusations.
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• Dépenses suspectes :
Début juin, le conseil d'administration de Renault a annoncé que 11 millions d'euros de dépenses suspectes engagées par Carlos Ghosn ont été identifiées par un audit interne, menée au sein de RNBV. L'audit "a confirmé des déficiences" sur le plan "de la transparence financière et des procédures de contrôle des dépenses", a précisé le conseil, évoquant des "surcoûts de déplacement de M. Ghosn par avion" et "des dons ayant bénéficié à des organisations à but non lucratif".
Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, avait assuré qu'une plainte serait déposée par Renault, dont l'Etat détient 15%. A ce stade, le groupe n'a toujours pas porté plainte. "Renault travaille avec Nissan pour identifier les actions judiciaires disponibles", a assuré jeudi à l'AFP un porte-parole du groupe, évoquant une possible action "aux Pays-Bas", où est basée la filiale de Renault-Nissan.