ENQUÊTE - Neuf plaintes pour "viol et/ou agression sexuelles" ont été déposées par des parents de jeunes handicapés, au cours de l’année 2015, à l’encontre de trois éducateurs d’un établissement spécialisé dans l’Isère. Pour l’heure, aucun juge d’instruction n’a été nommé dans cette affaire.
Des enfants handicapés ont-ils été victimes d’agissements pédophiles dans un établissement spécialisé ? C’est en tout cas ce que dénoncent neuf parents de la région Auvergne-Rhône-Alpes qui ont déposé plainte pour "viol et/ou agressions sexuelles" au printemps dernier, contre trois membres de cet institut médico-éducatif (IME) du pays Voironnais.
La machine judiciaire s’est emballée il y a un an, presque jour pour jour. Ce 15 avril 2015, les services de la gendarmerie locale informent le centre d’accueil qu’un salarié, alors embauché en contrat aidé, est soupçonné de "détention d’images pédopornographiques" à son domicile. L’accompagnateur, mis en examen depuis, est aussitôt remercié. Hasard malencontreux ou libération de la parole ? Au même moment, plusieurs parents font état de soupçons d’attouchements sexuels et de viol sur leurs enfants, de la part de cet homme et de deux autres éducateurs. Les plaintes pleuvent, les employés sont suspendus à titre conservatoire.
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"Ils miment ce qu'ils ont vécu"
Mais l’enquête n’aboutit pas. "Les enquêteurs ont estimé que les agressions présumées n’étaient pas caractérisées", indique Yves Moneries, avocat de l’IME, à metronews. "La gendarmerie a indiqué aux familles et à la direction de l’établissement que ces deux éducateurs ne seraient pas poursuivis." Nous voilà au cœur de l’été. Les deux salariés, un temps soupçonnés, sont donc réintégrés. "Leur travail est reconnu par les familles" se réjouit d’ailleurs l’association familiale de l’Isère pour enfants et adultes handicapés intellectuels (AFIPaeim), qui gère l’établissement, et se défend par voie de communiqué d’avoir toujours "encouragé les parents qui avaient des soupçons à porter plainte".
L'affaire pourrait en rester là. Sauf que les neuf parents, soutenus dans leurs démarches par les associations "Envol Isère Autisme" et "Innocence en danger", ne sont pas prêts de baisser les bras. Avocat de cinq d’entre eux, Bertrant Sayn se confie à metronews : "Parmi les jeunes qui seraient concernés, deux sont autistes. Or, on sait que les enfants autistes ne peuvent pas imaginer des faits. Ils répètent, ils miment ce qu’ils ont vécu. C’est d’ailleurs ce qui a permis à leurs parents de comprendre ce qui se serait passé. Pour nous, dans cette affaire, trois salariés sont encore visés pour l’instant" explique-t-il. L'avocat réclame donc qu'un juge d'instruction soit nommé dans cette affaire, et s'étonne qu'en un an, cela n'ait pas déjà été fait. Sollicité par nos soins, le procureur de Grenoble n'a pas encore donné suite.
"C’est très étonnant que le dossier ne soit pas déjà entre les mains d’un juge d’instruction" poursuit maître Bertrand Sayn. "Je suis attaché à la présomption d’innocence. Mes clients veulent simplement que des explications arrivent vite et en toute transparence." Des parents qui, pour accélérer le processus, envisagent dorénavant de se constituer parties civiles.
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