Strasbourg : un juif orthodoxe porte plainte après avoir été agressé

Publié le 6 septembre 2022 à 14h12, mis à jour le 6 septembre 2022 à 15h34
Voiture de police (illustration).
Voiture de police (illustration). - Source : Bertrand GUAY / AFP

Une enquête de flagrance a été ouverte dimanche par le parquet de Strasbourg après qu'une plainte a été déposée dimanche pour "violences avec arme aggravée".
Selon Me Nisand, son client, juif orthodoxe, a été agressé le même jour dans la matinée du fait de sa religion.
Le parquet précise à TF1info qu'à ce stade, "a question de la nature exacte des faits reste entière."

Un "mauvais regard", "une course-poursuite", un "geste violent", puis "la chute et les séquelles qui en ont découlé". Voici les étapes d'une agression rapportée par Me Raphaël Nisand et qui s'est déroulée selon son client dimanche matin un peu avant 11 heures à Strasbourg (Bas-Rhin). 

"Mon client, âgé de 44 ans, était à vélo sur la piste cyclable de la rue du Faubourg-de-Pierre. Il allait faire ses courses. Arrivé à un feu rouge ou un stop, un homme circulant aussi à bicyclette s'est arrêté à son niveau et lui a jeté un regard très méchant, alors qu'il n'y avait rien eu avant et que les deux ne se connaissent pas", détaille l'avocat. "Mon client, dont on ne peut ignorer la qualité de juif orthodoxe puisqu'il portait une chemise blanche à manches longues, un pantalon noir et long dont les "tsitsit" - franges portées au coin des vêtements par les Juifs religieux - étaient visibles s'est dit 'Aïe''. Il s'est mis à rouler à toute vitesse. Ce monsieur le pourchassait en roulant à sa hauteur sur le trottoir piéton. À deux reprises, en faisant des embardées, il a tenté de le faire chuter. À la troisième tentative, il s'est couché sur lui avec son vélo et est parvenu à le faire tomber. L'agresseur s'est ensuite relevé, et a pris la fuite". 

L'avocat rapporte que son client au sol "hurlait de douleur". "Une passante, chirurgien de profession, lui a porté secours et a décelé une première fracture au poignet. C'est elle qui a alerté les secours", explique-t-il à TF1info.

"Fracture de l'orbite de l'œil, une fracture du radius..."

Les pompiers arrivés sur place ont transporté la victime à l'hôpital."Les médecins ont décelé en plus une fracture du nez, une fracture de l'orbite de l'œil, une fracture du radius et plusieurs fractures des côtes", rapporte Me Raphaël Nisand. 

Dès sa sortie de l'hôpital dans la soirée, la victime a déposé une plainte avec son avocat au commissariat pour "violences avec arme (le vélo, ndlr) avec la circonstance aggravante que l'agression a été commise pour une appartenance à une religion". "Je lui ai demandé de remettre les vêtements qu'il avait au moment de l'accident, pour que les policiers voient qu'il s'agissait bien d'une agression antisémite. Car si la kippa de mon client était bien sous son casque au moment des faits, sa tenue vestimentaire, comme sa barbe fournie, ne laissaient aucun doute sur le fait qu'il était juif", insiste-t-il. 

La victime a eu un "arrêt initial de travail de six semaines", informe Me Nisand. 

Un homme de type "maghrébin" en "doudoune"

Quant à l'agresseur, il n'avait toujours pas été identifié ou localisé ce mardi. Me Nisand précise qu'"une photo le montrant a été extraite à 10h51 d'un système de surveillance d'une école proche" des lieux de l'accident,, mais qu'il n'y a "pas de vidéo montrant la succession des événements". "Sur la photo, on voit clairement le visage de l'agresseur sur son vélo : froid et déterminé. C'est un homme de type maghrébin, d'une vingtaine d'année, avec une petite barbe. Il portait une doudoune rouge et noir ou rouge et bleu foncé", détaille-t-il.

L'avocat indique également que depuis la médiatisation de l'affaire lundi, un professeur à l'université l'a contacté pour lui signifier une autre agression qui serait survenue un peu plus tôt dimanche matin rue Monge, dans le secteur des Universités. "D'après cet enseignant, un homme dont le signalement pourrait correspondre au suspect a agressé verbalement un étudiant noir de peau. Je ne sais pas précisément ce qu'il lui a dit. Tout ceci reste à confirmer", indique Me Nisand. 

"La question de la nature exacte des faits reste entière"

Une enquête de flagrance a été ouverte par le parquet de Strasbourg et confiée à la sûreté départementale. "L'enquête est toujours en cours car contrairement à ce que j’ai pu lire, le mis en cause n’est pas aisément identifiable", déclare à TF1info Yolande Renzi, procureure de Strasbourg. 

"La question de la nature exacte des faits reste entière puisque si la victime portait effectivement une tenue juive orthodoxe, le mode opératoire pose toujours question : les faits ne se sont accompagnés d’aucune menace, outrage ou prise à partie verbale, l’auteur n’ayant pas dit un mot et il serait tombé avec son vélo sur la victime, ajoute la magistrate. Il apparait donc prématuré de tirer quelque conséquence que ce soit des éléments portés à notre connaissance."


Aurélie SARROT

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