Dans un courrier envoyé en mai dernier, le rectorat de Versailles avait répondu aux parents de Nicolas, 15 ans, harcelé.Face aux critiques des parents, l'administration avait menacé les parents du dépôt d'une plainte.Leur enfant s'est donné la mort au début du mois de septembre, dans sa chambre.
C'est une réponse lunaire que les parents de Nicolas, un adolescent de 15 ans harcelé dans son lycée de Poissy (Yvelines), ont reçu de la part du rectorat. En mai dernier, l'administration leur aurait demandé "d'adopter une attitude constructive et respectueuse". Quatre mois plus tard, le 5 septembre, leur enfant s'est suicidé au domicile familial par pendaison. Ce samedi 16 septembre, Élisabeth Borne fustige une réponse "décalée" et évoque une "inspection" contre les acteurs concernés par le dossier.
Selon nos confrères de BFMTV, qui révèlent l'existence de ce document, le rectorat de l'académie de Versailles menaçait même les parents d'une plainte. Quelques semaines plus tard, c'est le rectorat de l'académie de Versailles qui a répondu aux parents du jeune homme. Dans un long texte, ils critiquaient "l'immobilisme de l'administration et de celui [des] professeurs". Deux jours plus tard, le proviseur du lycée avait évoqué "un incident unique" dont aurait été victime Nicolas. Ce dernier remettait, par ailleurs, en cause l'existence même de faits de harcèlement. "Il a été établi qu'il n'y avait pas dans une temporalité proche, de caractère répétitif et régulier dans la nature des incidents que [avez signalé]", ajoutait-il.
"Je vous enjoins d'adopter (...) une attitude constructive et respectueuse"
Puis, quelques semaines plus tard, c'est le rectorat de l'académie de Versailles qui a répondu aux parents du jeune homme. "Les propos que vous avez tenus et le comportement que vous avez eu (...) sont inacceptables", écrivait le rectorat. Quelques lignes plus bas, l'administration évoque même un article du Code pénal au sujet de la "dénonciation calomnieuse".
"Je vous enjoins d'adopter (...) une attitude constructive et respectueuse", exhortait le rectorat dans cette lettre datée du 4 mai 2023. Et celui-ci de menacer : "Je serais contrainte, le cas échéant, de prendre toutes les mesures nécessaires [quant] à la protection et la sécurité des personnels qui y concourent". Dans cette phrase, les parents devaient alors comprendre que le rectorat était prêt à porter plainte à leur encontre.
"Ce courrier est une honte"
Ce samedi, la Première ministre s'est montrée très critique vis-à-vis de cette lettre et a dénoncé d'une "défaillance" de la part du rectorat. "Il faut être plus attentifs à la parole des enfants pour bien comprendre la difficulté et la douleur. L’objectif est que cela ne se reproduise plus", a-t-elle déclaré à nos confrères de BFMTV. La cheffe du gouvernement juge que ce message est "choquant".
"L’inspection permettra de comprendre pourquoi un courrier aussi décalé a pu être envoyé", a-t-elle assuré. "Ce courrier est une honte. Une honte", a-t-il martelé devant la presse. "Il faut se mettre à la place des parents qui saisissent l'institution scolaire pour aborder la détresse vécue par leur enfant et qui reçoivent ce type de réponse. C'est inacceptable", a ajouté le ministre auprès de TF1. "Je tirerai toutes les conclusions en matière de sanctions", a-t-il promis. Le membre du gouvernement n'ouvre pas de nouvelle inspection. En effet, il avait décidé de lancer une enquête administrative pour faire la lumière sur la qualité de la réponse apportée par l'Éducation nationale au jeune homme. Le ministre annonce, en outre, un audit de tous les rectorats.
Pour rappel, plusieurs numéros existent en cas de harcèlement ou de cyberharcèlement. Le 3020 est joignable de 9h à 20h du lundi au vendredi (sauf jours fériés) et de 9h à 18h le samedi. Il peut recevoir tout signalement d'un cas de harcèlement. En cas de cyberharcèlement, vous pouvez contacter le 3018. La plateforme est disponible 7j/7, entre 9h et 23h. Les appels sont 100% anonymes, gratuits et confidentiels.
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