Surpopulation carcérale : en France, 48 prisons sont occupées à plus de 150%

M.L (avec AFP)
Publié le 3 octobre 2022 à 12h32

Source : TF1 Info

D'après les dernières statistiques du ministère de la Justice, les établissements pénitentiaires sont occupés à 118%, soit 5% de plus en un an.
La densité grimpe même à plus de 150% dans 48 des 188 prisons françaises.
Mais un reflux du nombre de prisonniers cet été, celui-ci reste en augmentation de 4,7% par rapport à l'an passé.

Malgré une légère embellie, un système toujours sous pression : si le nombre de détenus n'augmente pas ce mois-ci, il progresse tout de même sur un an et les prisons restent largement surpeuplées en France. Le nombre de détenus restait stable au 1er septembre avec 71.669 personnes incarcérées contre 71.819 le mois précédent, en augmentation toutefois de 4,7% en un an, selon les statistiques du ministère de la Justice consultées lundi par l'AFP. Avec 60.715 places opérationnelles, le taux d'occupation des 188 établissements pénitentiaires français s'établit désormais à 118% contre 113,4% il y a un an.

Cette densité carcérale est de 139,7% dans les maisons d'arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement - et donc présumés innocents - et ceux condamnés à de courtes peines. Quarante-huit prisons affichent une densité supérieure à 150%. Ce taux d'occupation dépasse même 200% dans quatre établissements  - 215,6% à Carcassonne, 205,5% à Nîmes, 201,5% à Foix et 200,3% à Bordeaux-Gradignan. En raison de cette surpopulation, 1830 prisonniers sont contraints en France de dormir sur des matelas posés à même le sol. 

Plus d'un quart des détenus sont incarcérés dans l'attente de leur jugement

Le mois dernier, un coup de projecteur avait été braqué sur ces conditions de détention au gré d'une polémique, alimentée en particulier par l'extrême droite et la droite, sur l'organisation d'un jeu dénommé "Kohlantess", et notamment une course de kart, à la maison d'arrêt de Fresnes (Val-de-Marne). "Le vrai scandale, ce n'est pas le karting, mais l'état lamentable de nos prisons", s'était émue dans une tribune la contrôleuse générale des prisons Dominique Simonnot. La France a été condamnée par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) en 2020 pour les conditions indignes de détention dans certaines de ses prisons, notamment en Polynésie. 

Le nombre de personnes incarcérées a légèrement décru ces dernières semaines, puisque les prisons comptaient au 1er juillet 72.067 détenus. Mais cette légère baisse depuis deux mois est récurrente en période estivale, du fait d'une activité judiciaire traditionnellement ralentie et ainsi de moindres entrées en détention. 

Parmi les détenus, 18.986 sont des prévenus, incarcérés dans l'attente de leur jugement. Ils représentent 26,5% de la population carcérale. Dans une récente circulaire, le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti a demandé aux procureurs de "veiller à la stricte nécessité de la détention provisoire" en privilégiant des mesures alternatives à l'incarcération, telles que l'assignation à résidence avec surveillance électronique. 

Au total, 86.243 personnes étaient placées sous écrou au 1er septembre. Parmi elles, on compte 14.574 personnes non détenues faisant l'objet d'un placement sous bracelet électronique (13.867) ou d'un placement à l'extérieur (707), des chiffres en baisse. Par ailleurs, le nombre de femmes écrouées (3,5% de la population carcérale totale) et celui de mineurs (0,8%) sont stables. 

En 2018, Emmanuel Macron s'était engagé à construire 15.000 places supplémentaires de prison d'ici 2027, dont 7000 qui doivent être "livrées ou à un stade avancé de construction" avant la fin de cette année 2022. Le programme immobilier pénitentiaire "le plus important de ces trente dernières années", selon le ministère de la Justice. Mais pour l'heure, sur ce premier volet, seules "près de 2000 places nettes ont déjà été mises en service" en 2021, plusieurs centaines de places devant être livrées entre 2023 et 2025. 


M.L (avec AFP)

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