JUSTICE - Le parquet de Paris enquête depuis le 1er décembre sur des soupçons de "détournement de biens publics" dans l'utilisation des subventions accordées à l'organisation Avenir lycéen.
Le parquet de Paris enquête depuis le 1er décembre sur des soupçons de "détournement de biens publics" dans l'utilisation des subventions accordées à l'organisation lycéenne Avenir lycéen, a indiqué mardi une source proche du dossier à l'AFP.
Ce syndicat a été accusé à l'automne, dans des enquêtes de Mediapart et Libération, ainsi que par l'opposition, d'avoir dilapidé des subventions publiques, mais aussi d'être téléguidé par le ministère de l’Éducation nationale pour soutenir les réformes du gouvernement.
Selon cette source proche du dossier, l'enquête se penche principalement sur le premier volet de ces accusations, c'est-à-dire l'usage fait des subventions accordées. L'enquête a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) de la Direction régionale de la police judiciaire.
Syndicat "chouchou de Blanquer"?
Libération avait publié à l'automne un article titré "Avenir lycéen, un syndicat modèle modelé pour Blanquer". Le journal y affirme que le syndicat, créé en 2018, avait "germé" au ministère avec l'idée de "servir la communication" de Jean-Michel Blanquer.
Dans un autre article, Mediapart avait révélé un peu plus tôt qu'Avenir lycéen avait reçu 65.000 euros de subventions en 2019 qu'il avait dilapidés en frais de bouche et hôtels de luxe.
Après ces parutions, Jean Castex avait défendu le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer. "Le ministre aurait constitué un syndicat de toutes pièces, affirmations totalement, je vous le dis, dénuées de tout fondement", avait déclaré le Premier ministre devant l'Assemblée nationale, ironisant sur "la grave affaire dont il s'agirait". "Peut-être, a-t-il existé une époque où des partis constituaient des syndicats, elle est révolue", avait encore lancé le Premier ministre. "Cette association a bénéficié de fonds publics, comme toutes les associations lycéennes", avait insisté Jean Castex, en affirmant que le ministère avait versé un total de 156.000 euros à ces structures en 2020, dont 38.000 euros pour Avenir lycéen. "Chacun appréciera s'il s'agit d'un montant excessif", avait-il ajouté.
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Une semaine plus tard, le 1er décembre 2020, les députés LFI avaient annoncé la saisine de la justice concernant les liens du ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, avec le syndicat. "Nous allons saisir le procureur sur le fondement de l'article 40" du Code de procédure pénale "pour ce comportement suspect du ministre" qui aurait piloté ce syndicat, avait indiqué le député insoumis Michel Larive lors d'une conférence de presse. Son groupe pointait alors un possible "abus d'autorité", une "mise en péril de mineurs" et il suspecte un "trafic d'influence" en raison de l'utilisation de fonds publics.
En janvier enfin, Jean-Michel Blanquer avait saisi l'Inspection générale sur demande de la Direction générale de l'enseignement scolaire (Dgesco), qui souhaitait que soit approfondie son enquête initiale sur l'utilisation des subventions publiques de l'ensemble des organisations lycéennes qui en bénéficient.