Le maire du village de Montjoi, dans le Tarn-et-Garonne, subit depuis début mai un déferlement de haine après une vidéo du YouTubeur Papacito.Le vidéaste d'extrême droite l'accuse d'avoir favorisé un habitant britannique de la commune, au détriment d'un éleveur porcin, et le compare à une "fouine" qu'il appelle à traquer.Face à la multiplication des menaces, l'édile a été placé sous protection.
Des menaces de mort et des pressions quotidiennes. Alors que les violences à l'égard des maires se trouvent au cœur des débats depuis la démission du maire de Saint-Brévin-les-Pins Yannick Morez, ciblé par des intimidations, l'édile de la commune de Montjoi se retrouve lui aussi dans la tourmente et a été placé sous protection. Dans ce petit village du Tarn-et-Garonne, de quelque 170 habitants, Christian Eurgal subit depuis des semaines une vague d'intimidations, après avoir été mis en cause dans une vidéo du YouTubeur d'extrême-droite Papacito, sous le titre "Infestation de fouines à Montjoi".
Mise en ligne le 11 mai dernier et réalisée en collaboration avec le média d'extrême droite Valeurs Actuelles, elle accuse directement le maire d'avoir lésé un éleveur porcin de la commune, Pierre-Guillaume Mercadal, impliqué dans un contentieux sur un chemin rural qui l'oppose à son voisin, un ressortissant britannique, explique La Dépêche du Midi. Taxé de "corruption", Christian Eurgal aurait permis à ce voisin de bénéficier d'un passe-droit, selon le vidéaste toulousain.
Dans cette longue vidéo de 42 minutes à l'esthétique léchée, visionnée plus de 470.000 fois, Papacito, de son vrai nom Ugo Gil Jimenez, se met notamment en scène aux côtés d'hommes armés, le visage masqué. Ce chantre du virilisme et de l'antirépublicanisme y exhorte à chasser la "fouine", sous-entendu l'édile, comparé à un "animal" qui aurait "infesté" le village, le tout enchâssé dans un discours aux relents homophobes. Il va jusqu'à scénariser la traque d'un homme déguisé en fouine, sur fond de musique épique. "C'est abject, ils appellent à m'attraper, à me passer à tabac et au viol", a fustigé Christian Eurgal auprès du quotidien local.
Des tags indiquant la maison du maire "à 15 kilomètres à la ronde"
Ce n'est pas la première fois que le vidéaste cible personnellement l'élu municipal : il avait déjà mis en ligne l'an passé une précédente vidéo intitulée "Le paysan, le maire et le Lord" sur la plateforme Odysee, prisée des complotistes. Il y renvoyait notamment vers une cagnotte en ligne ouverte par l'éleveur porcin pour venir en aide à son exploitation prétendument "au bord de la ruine", aujourd'hui clôturée après avoir rassemblé près de 277.000 euros.
Cette nouvelle offensive du YouTubeur aux 211.000 abonnés ne s'en est pas tenue au numérique : des tags signalant où est située la maison du maire ont été dessinés sur les routes de la commune, "à 15 kilomètres à la ronde" autour du village selon l'édile. Deux jeunes militants proches de l'extrême droite, originaires du département, ont aussi volé le drapeau français érigé sur le fronton de la mairie, ce qui leur a valu trois de mois de prison avec sursis. Le domicile du ressortissant britannique mis en cause a par ailleurs été zébré de peinture rouge.
Le maire a quant à lui été placé sous protection, et le procureur de la République de Montauban Bruno Sauvage a initié une enquête pour injure publique contre une personne dépositaire de l'autorité publique, qui a été confiée à la section de recherches de Toulouse. Il a aussi été reçu à Paris par la ministre des Collectivités territoriales et de la Ruralité, Dominique Faure. "Mon téléphone est placé en alerte : lorsque j'appelle la gendarmerie, je suis prioritaire", a-t-il assuré à La Dépêche du Midi. Les habitants de sa commune, eux, lui ont apporté son soutien lors d'un rassemblement.
Le YouTubeur Papacito avait déjà été confronté à la justice par le passé : il avait fait l'objet d'une enquête pour "provocation" au meurtre après la diffusion d'une vidéo en 2021 simulant l'exécution d'un électeur de la France insoumise. Elle avait été classée sans suite l'an passé, mais le parti avait décidé de déposer une nouvelle plainte. Pendant la campagne présidentielle de 2022, il avait prêté allégeance au candidat d'extrême droite Eric Zemmour, patron de Reconquête!.
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