MÉDECINE - En déposant plainte contre X, la famille d'un Isérois décédé en avril 2020 après un mauvais diagnostic lors d'une téléconsultation veut lancer le débat sur cette pratique, qui ne serait pas adaptée à toutes les pathologies.
La famille de Jean-Christophe Allemand, décédé en avril 2020 en Isère, une semaine après une téléconsultation qui n'aurait pas établi le bon diagnostic, a porté plainte lundi pour homicide involontaire, et souhaite ouvrir le débat sur la télémédecine et ses dangers.
"Une erreur médicale grave"
L'avocat de la famille, Me Hervé Gerbi, dénonce une "erreur médicale grave" après un "interrogatoire (à distance) incomplet" de la médecin vis-à-vis du patient, âgé de 40 ans, atteint d'un cancer et d'une importante obésité. Le 20 avril 2020, alors que la France traverse son premier confinement à cause de la pandémie de Covid-19, Jean-Christophe Allemand souffre d’"une soif abondante, une langue blanche et une fatigue depuis plusieurs jours", a expliqué lundi l'avocat à la presse.
À distance, la docteure diagnostique un banal "champignon sur la langue". Problème, les symptômes ne cessent pas et une semaine plus tard, sa compagne Élise David le trouve presque inconscient chez lui. Il décèdera d’une "décompensation diabétique" le lendemain à l'hôpital de Grenoble. Une pathologie détectable par "une simple prise de sang", selon Me Gerbi.
"Se saisir de la question"
Le jour même du décès, le père de Jean-Christophe - décédé depuis - écrit au président de la République Emmanuel Macron pour signaler la mort de son fils, conséquence d’"un mauvais diagnostic" lié à la téléconsultation. Pour la famille, les choses se seraient passées différemment en présentiel. Les questions de la praticienne, qui n'était pas son médecin traitant, étaient "très centrées sur [le] Covid-19", se souvient sa compagne, qui était là lors de la téléconsultation.
Pour Me Gerbi, il s'agit d'"un décès stupide" car les symptômes d'un diabète, qui n'avait pas été diagnostiqué auparavant, étaient selon lui facilement identifiables. D’où la plainte qu’il a déposé lundi pour homicide involontaire contre X au nom de la famille, car la crise sanitaire "ne peut pas être un parapluie juridique pour une erreur médicale".
"Au-delà de ce décès se pose la question de l'usage de cette téléconsultation", généralisé en raison du Covid-19. Car son usage n’est "pas valable pour tous les patients", poursuit-il. L’avocat espère que la plainte permettra "aux médecins de se saisir de la question". Me Gerbi appelle le Conseil de l'ordre à ouvrir le débat sur la pertinence de cette pratique.