Fernand Mourao a été assassiné à son domicile dans le Cher en 2016.Depuis 2017, son voisin Gilles Tourny, qui clame son innocence, est mis en examen pour son assassinat.Sa femme demande que la justice reconnaisse son "erreur", et raconte son histoire à Sept à Huit.
"Ca fait trop longtemps que ça dure, il ne mérite pas ça". Simone Tourny espère que la "vérité" va éclater. Depuis six ans, son mari, Gilles Tourny, est mis en examen pour l'assassinat de son voisin, Fernando Mourao. L'homme a toujours clamé son innocence, mais les autres suspects potentiels ont été écartés de l'enquête, explique-t-elle dans le reportage de "Sept à Huit" à regarder ci-dessus.
Tout a commencé le 25 mars 2016, quand celui qui se faisait couramment appeler Fernand, 60 ans, est découvert mort à son domicile dans le Cher, de deux balles dans la tête. La veille, il avait bu un café chez Gilles, son voisin depuis 40 ans. Selon Simone, Fernand ne semblait alors pas du tout préoccupé et il avait convenu de revoir Gilles pour bricoler.
C'est la sœur de Fernand qui s'est inquiétée de ne pas voir son frère lui rendre visite le 25 mars comme à son habitude. Elle a alors appelé Gilles. "Il est venu tout de suite, il a frappé, il est entré, il est revenu pas longtemps. Après il a dit 'ne venez pas, il y a du sang partout'", se souvient-elle.
Un fils illégitime
Immédiatement, les sœurs de la victime désignent aux enquêteurs Eric S. et Sabrina M., un couple issu de la communauté des gens du voyage. Il s'agirait selon elles des seules personnes qui avaient un intérêt à éliminer Fernand.
Et pour cause : l'homme avait noué une relation amoureuse avec Sabrina, dans le dos d'Eric, son collègue devenu ami. Un an plus tard, la jeune femme a donné naissance à un garçon, et a confié à Fernand qu'il en était le père. Pendant trois ans, le retraité s'est occupé de l'enfant régulièrement, jusqu'au moment où en 2014, Sabrina M. décide de révéler la vérité à son mari.
"Il apprend qu'il n'est pas le père légitime du garçon, il pète un câble et annonce à Fernand qu'il va lui mettre un coup de fusil, il lui répond 'viens je t'attends'", se souvient Jean-Marie, le meilleur ami de Fernand. "Il n'y croyait pas", estime-t-il.
Des traces de poudre
Le couple coupe alors tout contact avec Fernand, et l'empêche de voir son fils. Il contacte une avocate et entame les démarches pour obtenir une garde partagée, qu'il aurait assurément obtenue selon elle. L'avocate assigne le couple en justice le 15 février 2016 et un mois plus tard, Fernand est abattu. Pour elle, pas de doute, les faits sont liés.
Quelques jours après l'assassinat, le couple est placé en garde à vue. Ils assurent être restés chez eux, à 25 minutes de chez Fernand, le soir du crime. Des analyses révèlent de légères traces de poudre sur la main de Sabrina et sur le jean d'Eric, mais ils les justifient en expliquant avoir tiré deux jours plus tôt sur un renard qui rodait dans leur jardin. Après leurs 48 heures de garde à vue, ils sont relâchés.
Une mise en examen, un an après les faits
Pendant plusieurs mois l'enquête patine, jusqu'à son basculement en juin 2016, quand une femme appelle la gendarmerie. Elle révèle qu'il y a 30 ans, Gilles a eu une relation sexuelle avec Florence, la femme de Fernand, et que pour se venger, Fernand a fait de même avec Simone Tourny.
Placée sur écoute, cette dernière confesse a sa fille qu'elle a peur d'être soupçonnée à cause de cette histoire de tromperie et que Gilles possède des armes du même calibre que celle qui a tué Fernand. Le 8 février 2017, Gilles est mis en examen pour assassinat et placé en détention.
À l'époque, TF1 avait déjà rencontré Simone, qui assurait que cette tromperie n'avait pas empêché le couple de rester très amoureux et évoquait "une erreur de jeunesse". Durant la perquisition de la maison, plusieurs armes ont bien été découvertes, mais pas celle du crime. Aucune preuve matérielle n'est trouvée à l'encontre de Gilles Tourny, mais il est tout de même resté quatre mois en détention, avant d'être remis en liberté. En bonne santé, il répétait alors qu'il était innocent.
Des traces d'ADN qui interrogent
Les deux filles du couple pointent du doigt le travail du gendarme qui dirige l'enquête, l'accusent de tout interpréter en défaveur de leur père et de "harcèlement et pression psychologique" au moment des interrogatoires. L'avocat de Gilles Tounry dénonce de son côté l'absurdité de la vingtaine d'éléments à charge retenus contre son client, mais ne parvient pas à obtenir l'annulation de sa mise en examen.
Début 2019, deux nouveaux éléments orientent à nouveau les soupçons vers Eric et Sabrina. La sœur de Fernand engage un expert spécialisé en analyse ADN. Il relit le dossier et révèle qu'un ADN très similaire à ceux du couple a été retrouvé au domicile de Fernand. Il est identifié comme étant celui de la fille aînée du couple, alors que ceux-ci assurent n'être jamais retourné chez l'homme depuis 2014, soit deux ans avant sa mort.
Par ailleurs, sur les photos prises par la gendarmerie le jour de la découverte du corps de Fernand, sa sœur identifie des éléments, comme un ballon, du chocolat et du sirop, qui laissent penser que le fils de Fernand est venu chez son père quelques heures avant sa mort. Le couple n'a jamais été réinterrogé à ce sujet.
Simone réclame la reconnaissance de "l'erreur" de la justice
Sept ans se sont écoulés depuis le meurtre, et cinq juges d'instruction se sont succédé. Gilles Tourny a désormais 73 ans et souffre d'une maladie neurodégénérative. Il n'est plus en état de se défendre. Selon les médecins, la progression rapide de sa maladie est la conséquence du choc psychologique lié à sa mise en cause et à son incarcération.
Simone Tourny réclame à la justice la démise en examen en urgence de son mari. Elle veut qu'on "reconnaisse l'erreur qui a été faite pour qu'il retrouve son honneur". "Je ne veux pas qu'il parte sans savoir qu'on sait que ce n'est pas lui", confie-t-elle. S'il venait à mourir, l'enquête sur la mort de Fernand Mourao pourrait être close.
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