Trafic d'antiquités : l'ancien patron du Louvre mis en examen pour blanchiment

Aurélie Loek avec AFP
Publié le 26 mai 2022 à 11h47

Source : JT 20h WE

L'ancien président-directeur du musée du Louvre a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire.
Il est mis en cause dans une enquête sur un trafic d'antiquités du Proche et Moyen-Orient.
Jean-Luc Martinez n'aurait pas alerté sur les faux certificats d'origine de pièces acquises par le Louvre Abu Dhabi.

L'annonce d'une enquête sur un trafic d'antiquités du Proche et Moyen-Orient avait troublé le milieu du marché de l'art et des antiquaires de Paris. Mais celle-ci progresse. Placé en garde à vue depuis lundi, l'ancien président-directeur du musée du Louvre, Jean-Luc Martinez, a finalement été mis en examen mercredi. Il est soupçonné de "blanchiment et complicité d'escroquerie en bande organisée" et a été placé sous contrôle judiciaire.

Des acquisitions malgré des doutes sur l'origine des œuvres

Deux éminents égyptologues français avaient également été placés en garde à vue dans les locaux de l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) lundi. Ils ont été libérés sans poursuites à ce stade.

Jean-Luc Martinez a dirigé le Louvre de 2013 à l'été 2021. Selon le Canard enchaîné, qui a annoncé les gardes à vue, les enquêteurs cherchent à savoir s'il a "fermé les yeux" sur de faux certificats d'origine de cinq pièces d'antiquité égyptiennes acquises par le Louvre Abu Dhabi "pour plusieurs dizaines de millions d'euros". Parmi ces œuvres, une stèle en granit rose de Toutankhamon. Toujours d'après l'hebdomadaire, au moins un signalement a été porté à la connaissance de Jean-Luc Martinez concernant l'origine douteuse des œuvres, sans que celui-ci s'en émeuve.

L'enquête préliminaire remonte à juillet 2018 et porte sur des soupçons de trafic d'antiquités provenant de pays instables du Proche et Moyen-Orient. Ce trafic concernerait des centaines de pièces et porterait sur plusieurs dizaines de millions d'euros, selon des sources proches à l'époque.

Dans cette affaire, au moins trois autres personnes sont poursuivies pour "escroqueries en bande organisée, association de malfaiteurs et blanchiment en bande organisée". Un expert en archéologie méditerranéenne et son mari avaient été mis en examen en juin 2020 et placés sous contrôle judiciaire. Ils sont soupçonnés d'avoir "blanchi" des objets archéologiques pillés en Égypte, en Libye, au Yémen ou en Syrie, pays en proie à l'instabilité depuis le début des années 2010 et l'émergence des Printemps arabes.

Un galeriste germano-libanais a aussi été placé en détention provisoire en mars dernier. L'OCBC cherche à déterminer les conditions d'acquisition par le Louvre Abu Dhabi, via ce galeriste, des cinq antiquités sorties illégalement d'Égypte, d'après le Canard enchaîné


Aurélie Loek avec AFP

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