Trois Anonymous jugés pour avoir divulgué les données personnelles de 541 policiers

Publié le 23 février 2016 à 7h00
Trois Anonymous jugés pour avoir divulgué les données personnelles de 541 policiers

JUSTICE – Trois hommes âgés entre 22 ans et 27 ans comparaissent mardi devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir récupéré et mis en ligne les coordonnées de 541 policiers du syndicat SGP-FO. Ils encourent jusqu'à cinq ans de prison et 300 000 euros d'amende.

C'est sous le nom de "Sunki", "Dump" et "Calin" qu'ils avaient sévi. Début 2012, après la coupure de serveurs d'échanges de fichiers Megaupload suite à une opération de la justice américaine, et à l'interpellation de trois internautes en France pour l'opération "Greenrights" (attaque notamment sur le site internet d'EDF après la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon), plusieurs Anonymous ont mené une série d'attaques informatiques.

Quentin, alias Sunki, 22 ans, Florent, alias "Dump" ou "Robert69" et Lucas, alias "Calin", 27 ans comparaissent mardi devant le tribunal correctionnel pour avoir notamment récupéré et mis en ligne les données personnelles de 541 policiers du syndicat de police SGP-FO . Noms, prénoms, adresses mail et numéros de téléphone des fonctionnaires avaient été diffusés sur Internet.

Annoncé sur Twitter

Les données personnelles des fonctionnaires avaient été récupérées après le piratage du site  www.unitesgppolice.com . Quentin a affirmé "avoir, dès l'été 2011 recherché et exploité les vulnérabilités du site internet du syndicat de police FO". Il indiquait par ailleurs "avoir alors copié l'intégralité de leur base de données mais ne s'en être pas servi par la suite". Pour autant ce dernier a indiqué à l'instruction qu'il n'avait pas récupéré les données lui-même. Il est poursuivi pour avoir participé à leur diffusion. Florent est poursuivi pour avoir capté et copié la base de données du site de SGP-FO. Lucas se voit reprocher d'avoir annoncé la mise en ligne des coordonnées des 541 fonctionnaires de police.

Le 27 janvier 2012, en effet, Lucas annonçait ainsi sur son compte twitter @CalinSecurity : "Cette nuit, le dox arrive... ! Amis #journalistes. Vous allez entendre parler de nos ennemis policiers:) correspondant à l'annonce de la mise en ligne ?". Le lendemain, il poursuivait : "#anonymous #dox #police #France #OpFrance dOx de 541 policiers (et plus encore)" suivi d'une adresse html et de "#freeanons - un mot-clé correspondant à la page revendication des "Anonymous". Quentin avait également diffusé des liens permettant d'accéder à des sites hébergeant les données collectées.

Des "conséquences très graves"

Sur les 541 policiers concernés, une centaine s'est constituée partie civile. Joint par metronews, Nicolas Comte, secrétaire général adjoint du syndicat Unité-SGP, a tenu à "féliciter le travail de la DGSI (Direction générale de la Sécurité intérieure ndlr) qui a permis de retrouver les hackers". "Cela montre que l'on ne peut pas faire n'importe quoi, notamment avec l'identité des policiers, ajoute-t-il. Leur geste aurait pu avoir des conséquences très graves, je ne sais pas s'ils s'en rendent compte !". Certains policiers ont depuis changé d'adresse mail et de numéro de téléphone, mais ils ont gardé la même adresse postale.

Me Daniel Merchat, qui défend les fonctionnaires, s'indigne devant cette "flicophobie". "On a vu ce qu'il s'est passé en janvier 2015 sur le boulevard Richard Lenoir. Ahmed Merabet a été abattu par des terroristes alors qu'il exerçait ses fonctions, rappelle l'avocat. On sait que les fonctionnaires, comme les militaires d'ailleurs, sont dans le viseur de ces gens. Depuis Charlie Hebdo, cette mise en ligne de données personnelles a pris un nouveau tournant. Le dossier a changé de nature. L'acte délibéré, imbécile et irresponsable de ces personnes qui ont profité de la faille d'un système était déjà en soi terrible à l'époque. Aujourd'hui, c'est encore pire". Estimant que l'on est ici "dans de la pure malveillance", il compte demander entre "150 à 200 euros par policier au titre de réparation pour le préjudice réel subi".

L'avocate de Lucas  : "Anonymous, c'était quelques mois de sa vie"

Les avocats de Quentin et de Florent, Me Matthieu Hy et Me Sébastien Garnier, n'ont pu être contactés. Me Anne-Sophie Laguens, qui défend Lucas, a indiqué elle que son client ne faisait "pas partie de l'attaque à proprement parler" et qu'il n'avait fait que "rediffuser l'information sur la faille du site Internet du syndicat de police". Selon elle, il est aujourd'hui "passé à autre chose". "Quatre ans sont passés depuis ces faits. Aujourd'hui, il a fini ses études, il est jeune travailleur. Anonymous, c'était quelques mois de sa vie".

Quentin et Florent sont également poursuivis pour le piratage des sites gouvernementaux modernisation.gouv.fr et immigration.gouv.fr, en ayant exploité des failles de la sécurité. Pour ces faits, les prévenus encourent jusqu'à cinq ans de prison et 300 000 euros d'amende.

A LIRE AUSSI
>> A
ttentats Paris - Anonymous croit bien faire mais sabote le travail des enquêteurs
>> Anonymous affirme avoir saboté 5500 comptes Twitter de l'Etat islamique
>> Les Anonymous appellent au signalement de comptes Twitter djihadistes
 


Aurélie SARROT

Tout
TF1 Info