PROCÈS - Trois ans de prison ferme et une interdiction définitive d'exercer ont été requis ce vendredi contre une anesthésiste qui avait officié à la maternité d'Orthez. En 2014, elle avait commit une série d'erreurs, alors qu'elle était alcoolisée, qui avaient entraîné la mort d'une jeune maman.
Le silence de la prévenue durant les deux jours d'audience n'aura pas apaisé les foudres de la procureure du tribunal de Pau. Cette dernière a requis ce vendredi contre l'anesthésiste belge Helga Wauters trois ans de prison ferme, soit la peine maximale pour le délit d'"homicide involontaire". Le 26 septembre 2014, la médecin était entré alcoolisée au bloc de la maternité d'Orthez (Pyrénées-Atlantiques) après avoir été appelée pour une césarienne. L'opération avait viré au drame après de nombreuses erreurs puis la mort de la patiente quatre jours plus tard.
"Je n'ai trouvé aucun texte légal pour dire : 'On ne rentre pas alcoolisé dans un bloc', il n'y a pas de texte car on fait confiance au bon sens", a justifié la magistrate. En plus de cette peine, elle a réclamé "une interdiction d'exercer" la médecine "à titre définitif" : l'anesthésiste, toujours dépendante à l'alcool, a "piétiné le serment d'Hippocrate, le serment de soigner", a-t-elle asséné. La décision sera rendue le 12 novembre.
La patiente, intubée par les voies digestives
Helga Wauters était jugée pour une série d'erreurs médicales alors qu'elle intervenait, sous l'emprise de l'alcool, sur l'accouchement sous césarienne de Xynthia Hawke, 28 ans. D'après l'enquête, le médecin, en poste depuis une dizaine de jours, avait intubé les voies digestives, au lieu des respiratoires, sans s'en apercevoir. Puis elle avait utilisé un ballon manuel au lieu du respirateur du bloc, qu'elle ne savait pas faire fonctionner, selon des témoins. "Un carnage", selon la procureure. La Britannique installée en France avait, dans la nuit, fait un arrêt cardiaque. Plongée dans le coma, elle était décédée des suites d'un défaut d'oxygène le mardi 30 septembre, soit quatre jours après sa césarienne. Elle n'avait pas pu voir son bébé.
Une anesthésiste dépressive et alcoolique
Devant les enquêteurs, l'anesthésiste reconnaîtra avoir commencé sa journée, "comme tous les jours", par un mélange d'eau et de vodka, et avoir de nouveau bu dans la soirée. "Je n'étais pas ivre, j'étais à 70% de mes capacités", avait-elle estimé. Trois jours après le décès de la patiente, Helga Wauters s'était présentée à la gendarmerie, suite à une convocation, avec un taux d’alcool de 2,40 g/l de sang. ''Elle a reconnu qu’en raison d’un état dépressif, elle était depuis plusieurs mois confrontée à un problème d’addiction à l’alcool'', avait fait savoir le procureur de la République de Pau Jean-Christophe Muller à l'issue de la garde à vue de l'anesthésiste. Le médecin aurait également reconnu qu'elle se rendait souvent à l’hôpital avec une bouteille d’eau en fait remplie de vodka. Chez elle, les gendarmes avaient retrouvé 14 bouteilles de vodka.
Déjà licenciées deux fois en Belgique
Après une rupture sentimentale en 2005, Helga Wauters, avait entamé un parcours d'"alcoolisation excessive et quotidienne", qui lui avait valu deux licenciements pour faute grave en Belgique, en 2013 et 2014, en dépit de plusieurs tentatives de désintoxication, a rappelé la procureure. Alors embauchée depuis seulement une dizaine de jours en France, en septembre 2014, parce que "grillée" dans son pays, elle "a cumulé les négligences, imprudences et maladresses" au bloc, a insisté le ministère public. Ni l'Ordre des médecins belge, ni les établissements hospitaliers d'Orthez n'étaient au courant de son addiction et de ses licenciements en Belgique. Ces derniers ont bénéficié d'un non-lieu au cours de l'enquête. C'est "la seule responsable", a asséné la procureure. Pour son avocat Me Antoine Vey, sa responsabilité est d'ailleurs "pleinement assumée et intégrée". Pour autant, considère-t-elle, "je ne mérite pas la prison".
Adressant ses excuses le dernier jour de son procès et souhaitant s'expliquer auprès de la famille de la victime, Helga Wauters a été éconduite. "C'est trop tard" pour Iris, la soeur de Xynthia. "Ma femme et moi, nous sommes venus ici pour apprendre les faits, la vérité, ce qui s'est passé ce soir-là (...) Maintenant nous savons ... et ce n'est pas beau. Nous avons dû attendre six ans avec la douleur tout ce temps", a déclaré à l'AFP Fraser Hawke, père de la victime.
La maternité d'Orthez, elle, a baissé le rideau peu de temps après cet accident. L'agence régionale de santé Aquitaine a décidé de fermer l'établissement en raison d'un nombre insuffisant de gynécologues obstétriciens pour assurer la qualité et la sécurité des accouchements.
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